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Face aux défis nationaux de personnel de santé, l’Hôpital territorial Stanton de Yellowknife a dévoilé sa stratégie pour le service des urgences dans les mois à venir, offrant aux résidents une certaine assurance tout en reconnaissant les vulnérabilités persistantes du système.
L’Administration des services de santé et des services sociaux des Territoires du Nord-Ouest (ASSSSTNO) a annoncé cette semaine que les urgences maintiendront un service 24 heures sur 24 tout l’été, bien qu’avec des modèles de dotation modifiés qui reflètent la réalité des pénuries continues de personnel soignant qui ont mis à rude épreuve les établissements dans le Nord canadien.
“Nous avons développé une approche durable qui donne la priorité aux soins d’urgence tout en s’adaptant aux réalités actuelles en matière de personnel,” a déclaré Dre AnneMarie Pegg, directrice médicale territoriale de l’ASSSSTNO, lors de l’annonce de mardi. “Le plan s’appuie sur notre personnel permanent tout en intégrant stratégiquement des médecins suppléants pour assurer une couverture continue.”
Selon le plan détaillé de dotation, le service des urgences fonctionnera avec deux médecins en service pendant les heures de pointe, de 11h à 23h, pour passer à un seul médecin pendant la nuit. Cela représente une amélioration significative par rapport aux inquiétudes antérieures selon lesquelles des fermetures temporaires auraient pu être nécessaires.
L’administration a obtenu l’engagement de 26 médecins d’urgence suppléants pour compléter les six médecins d’urgence permanents de l’hôpital pendant la période estivale critique. Ces médecins temporaires, dont beaucoup reviennent après des affectations précédentes à Stanton, travailleront aux côtés du personnel permanent pour maintenir la continuité des services.
Les responsables de la santé ont souligné que les urgences maintiendront toutes leurs capacités de soins urgents, bien que les patients présentant des affections non urgentes puissent connaître des temps d’attente plus longs, particulièrement pendant les heures de nuit lorsque le personnel est réduit.
“Nous demandons aux résidents d’être conscients de ce qui constitue une véritable urgence,” a noté Kim Riles, PDG de l’ASSSSTNO. “Bien que nous nous engagions à traiter tous ceux qui franchissent nos portes, les personnes ayant des besoins moins urgents pourraient connaître des attentes plus longues car nous donnons la priorité aux cas critiques.”
Ce plan de dotation survient après des années de défis dans la prestation des soins de santé dans les territoires du Nord canadien, exacerbés par la pandémie et un marché national compétitif pour les professionnels de la santé. Yellowknife, comme de nombreuses communautés nordiques, a eu du mal à recruter et à retenir du personnel médical malgré des offres de rémunération concurrentielles.
Les données de l’administration de santé indiquent que les visites aux urgences ont augmenté d’environ 18 pour cent depuis les niveaux pré-pandémiques, créant une pression supplémentaire sur le système. Les responsables attribuent cette hausse tant à la croissance démographique qu’aux patients cherchant des soins pour des affections qui auraient pu être traitées auparavant dans des contextes de soins primaires.
L’annonce arrive au milieu de discussions plus larges sur la durabilité des soins de santé dans les territoires canadiens, où l’isolement géographique, les conditions météorologiques difficiles et une population plus restreinte créent des défis uniques pour la prestation de services.
La ministre territoriale de la Santé, Lesa Semmler, a reconnu ces défis persistants tout en exprimant sa confiance dans le plan estival. “Pendant que nous continuons à travailler vers des solutions à long terme, y compris un recrutement amélioré et des programmes de formation élargis pour les résidents du Nord, ce plan garantit que les résidents de Yellowknife auront accès à des soins d’urgence quand ils en auront le plus besoin,” a-t-elle déclaré.
Les défenseurs de la santé communautaire ont prudemment accueilli l’annonce tout en soulignant la nécessité de solutions durables à long terme. “Avoir une couverture d’urgence constante est essentiel, mais nous devons aborder les problèmes sous-jacents qui créent ces crises de personnel récurrentes,” a déclaré Jane Groenewegen, présidente du comité consultatif public de l’Administration des services de santé et des services sociaux de Yellowknife.
Alors que les communautés nordiques continuent de naviguer dans ces défis de soins de santé, la question demeure : les solutions temporaires en matière de personnel seront-elles suffisantes pour résoudre les problèmes systémiques auxquels est confronté le système de santé du Nord canadien, ou devons-nous repenser fondamentalement la façon dont les services médicaux sont fournis dans les régions éloignées?