Dans une intensification énergique de sa plateforme sur la loi et l’ordre, le chef conservateur Pierre Poilievre a demandé lundi au gouvernement fédéral de désigner officiellement le gang Bishnoi comme organisation terroriste, associant le groupe à l’escalade de la violence dans les villes canadiennes et aux entreprises criminelles internationales.
“Ces gangs terrorisent nos quartiers, gèrent des réseaux d’extorsion contre les entreprises et commettent des assassinats en plein jour,” a déclaré Poilievre lors d’une conférence de presse à Brampton, une ville qui a été témoin de plusieurs incidents liés aux gangs ces derniers mois. “Il est temps de les appeler par leur nom – des terroristes – et de donner à nos forces de l’ordre tous les pouvoirs nécessaires pour démanteler leurs opérations.”
Le gang Bishnoi, originaire de la région du Punjab en Inde, a établi une présence croissante au Canada, particulièrement dans les centres urbains de la Colombie-Britannique et de l’Ontario. Les rapports de renseignement suggèrent que le groupe a élargi son portfolio criminel au-delà du trafic de drogue traditionnel pour inclure l’extorsion, le blanchiment d’argent et les assassinats ciblés contre des propriétaires d’entreprises et des membres de gangs rivaux.
Une désignation terroriste élargirait considérablement les pouvoirs de la police pour geler des actifs, criminaliser les activités de soutien et poursuivre les membres du gang en vertu de la législation antiterroriste du Canada. Actuellement, seulement 78 organisations détiennent cette désignation au Canada, principalement des groupes extrémistes religieux et des réseaux terroristes internationaux.
Le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a répondu avec prudence à la demande de Poilievre, déclarant que “de telles désignations nécessitent une évaluation approfondie du renseignement et des preuves qui répondent au seuil juridique.” Des sources au sein du ministère de la Sécurité publique ont indiqué que, bien que le gang Bishnoi fasse l’objet d’une enquête active, le processus de désignation formelle implique des considérations juridiques complexes.
Les experts en renseignement criminel suggèrent que le réseau Bishnoi représente une nouvelle race de crime organisé transnational. “Ce qui rend des groupes comme Bishnoi particulièrement dangereux, c’est leur portée internationale et leurs opérations sophistiquées,” a expliqué Dr. Helena Morgenstern, criminologue à l’Université Simon Fraser. “Ils opèrent à travers les frontières avec une relative facilité, déplaçant des personnes, des armes et de l’argent via des réseaux établis.”
Les statistiques de la GRC sur la criminalité indiquent une augmentation de 28% des homicides liés aux gangs dans les grandes villes canadiennes au cours des deux dernières années, avec environ 40% de ces incidents montrant des liens potentiels avec des organisations criminelles internationales.
La proposition du chef conservateur fait partie d’un programme plus large de “fermeté contre le crime” qu’il défend depuis qu’il a pris la direction du parti. Son plan de sécurité en six points comprend la révocation de la libération conditionnelle pour les récidivistes violents, l’établissement de peines minimales obligatoires pour certaines infractions liées aux armes à feu, et l’augmentation du financement pour les opérations de sécurité frontalière.
“Le gouvernement libéral a passé des années à dorloter les criminels pendant que les Canadiens ordinaires en paient le prix,” a affirmé Poilievre. “Nous avons besoin de vraies conséquences pour les membres de gangs qui pensent que les rues canadiennes sont leur terrain de jeu pour la violence.”
Les critiques, y compris les défenseurs des libertés civiles, avertissent que les désignations terroristes doivent être appliquées avec précaution pour éviter d’éventuelles violations des droits. “Le seuil pour la désignation terroriste doit rester élevé et fondé sur des preuves,” a mis en garde Amira Elghawaby, analyste juridique à l’Association canadienne des libertés civiles. “Bien que la lutte contre le crime organisé soit essentielle, nous devons nous assurer que notre approche maintient les protections constitutionnelles.”
De nombreux propriétaires d’entreprises indo-canadiennes ont signalé des tentatives croissantes d’extorsion de la part de membres de gangs exigeant de “l’argent de protection”. Les leaders communautaires à Brampton, Surrey et d’autres régions avec d’importantes populations sud-asiatiques ont exprimé une inquiétude croissante face aux tactiques d’intimidation ciblant leurs communautés.
Alors que le Canada navigue dans ce défi de sécurité complexe, la question fondamentale demeure: l’expansion des pouvoirs antiterroristes peut-elle efficacement combattre le crime organisé sans compromettre les libertés civiles, ou le Canada a-t-il besoin de développer de nouveaux cadres juridiques spécifiquement conçus pour faire face aux menaces uniques posées par les réseaux criminels transnationaux?