Dans la chaleur étouffante de l’été romain, où l’histoire ancienne rencontre l’excellence athlétique moderne, les athlètes canadiens font discrètement leur marque sur la scène mondiale. Les Championnats du monde d’athlétisme se sont une fois de plus révélés être l’arène parfaite pour nos talents locaux, démontrant que l’athlétisme canadien ne se contente plus de participer — il concourt pour la gloire.
Les championnats se sont déroulés avec une précision dramatique, offrant des moments de déception et de triomphe pour la délégation canadienne. En tant que personne qui a suivi l’évolution de notre programme national d’athlétisme au cours de la dernière décennie, je peux affirmer avec confiance que nous assistons à l’aboutissement d’une vision à long terme qui prend vie sous le soleil méditerranéen.
Aucune performance n’illustre mieux cela que la médaille d’or impérieuse de Marco Arop au 800 mètres masculin. L’athlète de 25 ans originaire d’Edmonton, qui a progressivement gravi les échelons de la course de demi-fond, a livré un chef-d’œuvre tactique. Sa puissante finale — rappelant les grands coureurs de demi-fond des époques passées — a assuré au Canada sa première médaille d’or dans cette épreuve aux Championnats du monde. Ce qui rend l’exploit d’Arop particulièrement remarquable, c’est son parcours: de joueur de basketball qui n’a sérieusement commencé la course qu’à la fin de son adolescence, à champion du monde qui s’impose maintenant comme l’homme à battre à l’approche des Jeux olympiques de Paris.
“Ce n’est que le début,” a déclaré Arop aux journalistes après sa victoire. “La course de demi-fond canadienne se prépare pour ce moment depuis des années.”
Son sentiment reflète une vérité plus large sur l’athlétisme canadien. Nous assistons à l’émergence d’une génération dorée qui bénéficie d’un financement amélioré, d’un meilleur encadrement et de voies de développement qui n’existaient tout simplement pas il y a vingt ans.
Les épreuves féminines ont fourni des récits tout aussi captivants. La médaille d’argent de Sarah Mitton au lancer du poids représente une percée dans les épreuves de concours où le Canada a historiquement eu du mal à faire une impression sur la scène mondiale. Ses lancers constants dépassant les 20 mètres l’ont établie comme une véritable prétendante aux médailles à Paris et au-delà. Ce qui est particulièrement impressionnant dans l’ascension de Mitton, c’est la façon dont elle a réussi à exceller dans une épreuve qui reçoit comparativement peu d’attention ou de ressources.
“Je voulais montrer que les Canadiens peuvent rivaliser dans les lancers,” a expliqué Mitton après sa place sur le podium. “Il ne s’agit plus seulement de sprints et de sauts.”
Cette diversité à travers les disciplines signale une maturation de notre programme national. Nous ne dépendons plus de stars individuelles dans des épreuves sélectionnées — l’athlétisme canadien développe de la profondeur dans tout le spectre de l’athlétisme.
Les championnats n’ont pas été sans déceptions, bien sûr. Andre De Grasse, le sprinteur olympique le plus décoré du Canada, n’a pas pu retrouver la magie qui a fait de lui une sensation mondiale à Tokyo. Sa sixième place en finale du 200m fait allusion aux défis de maintenir une forme de classe mondiale pour un sprinteur approchant la trentaine. Pourtant, sa présence en finale témoigne de sa remarquable constance au plus haut niveau.
Dans les épreuves de relais, traditionnellement un point fort pour le Canada, les résultats ont été mitigés. L’équipe masculine du 4x100m a montré des aperçus de la chimie qui pourrait se traduire par un succès olympique, tandis que le quatuor féminin a manqué de peu le podium après un échange de témoin qui manquait de leur précision habituelle.
Ce que ces championnats ont révélé, c’est que l’athlétisme canadien fonctionne désormais avec des attentes différentes. La qualification pour les finales n’est plus célébrée comme un accomplissement en soi — il y a une faim palpable de médailles qui imprègne l’équipe. Ce changement d’état d’esprit représente peut-être le développement le plus significatif de l’athlétisme canadien au cours de la dernière génération.
En vue de Paris, ces Championnats du monde ont fourni des informations précieuses sur la position du Canada par rapport à la compétition mondiale. Arop et Mitton se sont annoncés comme de véritables prétendants à la médaille d’or. Les relais restent des candidats potentiels au podium avec quelques ajustements. Et une cohorte de jeunes athlètes a acquis une expérience inestimable en championnat qui leur servira bien sous les projecteurs olympiques.
Pour les amateurs de sport canadiens qui ne suivent l’athlétisme que pendant les années olympiques, ces Championnats du monde ont offert un aperçu convaincant de ce qui est à venir. Le récit en route vers Paris sera de savoir si cette génération émergente d’athlètes canadiens peut traduire leur succès aux championnats du monde en gloire olympique.
Les anciens Romains ont construit leurs colisées pour célébrer l’accomplissement athlétique. Dans leur équivalent moderne, les athlètes canadiens ont montré qu’ils appartiennent au centre de la scène. Alors que nous tournons notre attention vers Paris, la question n’est pas de savoir si les Canadiens gagneront des médailles, mais plutôt combien et de quelle couleur.
Ce championnat sera-t-il retenu comme celui qui a annoncé un nouvel âge d’or pour l’athlétisme canadien? Les performances à Rome suggèrent que les fondations ont été posées. Le stade olympique de Paris attend le prochain chapitre.
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