Dans un geste historique vers le respect culturel et la réconciliation, l’Autorité de la santé de la Saskatchewan a officiellement mis en œuvre une nouvelle politique protégeant le droit des employés autochtones de porter des coiffures traditionnelles en milieu de travail. Cette initiative novatrice, annoncée en début de semaine, marque un changement significatif dans la façon dont les établissements de santé abordent les expressions culturelles et l’identité autochtones.
La politique, élaborée en étroite consultation avec des aînés et des leaders autochtones, interdit explicitement la discrimination envers les membres du personnel qui portent des tresses, des cheveux longs ou d’autres coiffures culturellement significatives. Pour de nombreux peuples autochtones, les cheveux revêtent une profonde signification spirituelle et culturelle—représentant souvent un lien avec les ancêtres, la communauté et l’identité personnelle.
“Nos cheveux sont notre force, notre esprit, notre lien avec qui nous sommes,” explique l’Aînée Mary Mosquito, qui a joué un rôle de conseillère clé pendant le processus d’élaboration de la politique. “Pendant des générations, les peuples autochtones ont été forcés de couper leurs cheveux dans les institutions. Cette politique reconnaît cette histoire douloureuse et dit ‘plus jamais’.”
La nécessité d’une telle protection découle du traitement historique troublant des peuples autochtones au Canada, particulièrement à travers le système des pensionnats où les enfants étaient systématiquement forcés de couper leurs cheveux à leur arrivée—une pratique visant l’assimilation et l’effacement culturel. Le traumatisme de ces expériences continue d’affecter les communautés aujourd’hui, ce qui rend cette politique particulièrement significative pour de nombreux travailleurs de la santé autochtones.
Dr. James Running, un médecin autochtone de l’Autorité de la santé de la Saskatchewan, a partagé sa perspective personnelle: “Tout au long de ma carrière, j’ai fait face à des pressions subtiles pour me conformer aux normes d’apparence non-autochtones. Cette politique offre une clarté et une protection qui nous permettent d’apporter notre être entier au travail tout en prenant soin des patients.”
La mise en œuvre de la politique comprend une formation complète pour les gestionnaires et le personnel, des procédures de plainte clairement définies et des mécanismes de responsabilisation pour assurer son application. Les responsables de l’autorité sanitaire confirment que les directives s’appliqueront à tous les établissements de la province, touchant des milliers de travailleurs de la santé.
L’approche de la Saskatchewan pourrait servir de modèle pour d’autres provinces et territoires. Actuellement, des politiques incohérentes à travers les systèmes de santé canadiens ont mené à des cas signalés de discrimination, y compris des situations où des travailleurs de la santé autochtones ont été réprimandés ou ont fait face à des limitations de carrière en raison de leurs coiffures traditionnelles.
“Il s’agit de plus que des cheveux—c’est une question de dignité, de respect et de création d’environnements de soins de santé où les connaissances et les pratiques autochtones sont valorisées,” note Sarah Cardinal, directrice des relations autochtones pour l’autorité sanitaire. “Quand notre personnel se sent respecté, les soins aux patients s’améliorent, particulièrement pour les communautés autochtones qui ont historiquement fait face à des obstacles dans les milieux de soins de santé.”
Cette initiative s’aligne avec les efforts de réconciliation plus larges suite aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation, qui abordent spécifiquement la nécessité de services de santé et de politiques de travail culturellement appropriés. Les experts en politique de santé suggèrent que des pratiques de travail inclusives contribuent significativement à résoudre la sous-représentation des professionnels autochtones dans les domaines de la santé.
Alors que cette politique entre en vigueur dans le système de santé de la Saskatchewan, une question demeure au premier plan: les autres provinces et fournisseurs de services essentiels suivront-ils l’exemple de la Saskatchewan en créant des milieux de travail qui honorent véritablement les expressions culturelles et l’identité autochtones?