Politique commerciale du Canada 2024 : Naviguer dans les changements mondiaux

Sarah Patel
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Le port de Vancouver est inhabituellement calme ce mardi matin alors que je visite les installations avec le maître du port, James Chen. Les conteneurs d’expédition, normalement en mouvement constant, attendent en piles ordonnées tandis que les modèles commerciaux mondiaux subissent leur transformation la plus significative depuis des décennies. “Nous ressentons le changement,” me dit Chen, en pointant vers un navire de marchandises battant pavillon malaisien. “Ce qui se passe à Washington, Pékin ou Bruxelles nous affecte en quelques jours, pas en mois comme avant.”

Le Canada se trouve à ce que les économistes du commerce appellent un “moment charnière” en 2024—un point critique où les décisions prises maintenant détermineront la trajectoire économique du pays pour les décennies à venir. Avec le commerce mondial qui se fragmente selon des lignes géopolitiques et l’évolution rapide des partenariats traditionnels, les entreprises et les décideurs politiques canadiens font face à une pression sans précédent pour s’adapter.

“Le système commercial fondé sur des règles que le Canada a contribué à construire est soumis à de fortes tensions,” explique Dr. Eliza Montgomery, chercheuse principale à l’Institut de Vancouver pour la politique économique. “Nous voyons l’émergence du ‘friend-shoring’, du protectionnisme stratégique et de blocs commerciaux concurrents qui remettent fondamentalement en question nos approches traditionnelles.”

Les chiffres racontent une histoire convaincante. Le commerce du Canada avec les nations indo-pacifiques a augmenté de 11,7 % depuis 2021, tandis que les flux commerciaux traditionnels avec les États-Unis, bien que toujours dominants à 75 % des exportations, font face à de nouvelles complications sous l’effet des politiques industrielles américaines changeantes. Le ministère des Finances prévoit que d’ici 2030, jusqu’à 35 % des exportations canadiennes pourraient être soumises à une forme de mécanisme d’ajustement carbone aux frontières à l’échelle mondiale.

Ce nouveau paysage exige une clarté stratégique. Le Conseil canadien des affaires a récemment publié des résultats indiquant que 67 % des exportateurs canadiens signalent une augmentation des coûts de conformité et des charges administratives au cours de la seule dernière année. Les entreprises dans la fabrication avancée et les services sont particulièrement vulnérables à mesure que les chaînes d’approvisionnement se reconfigurent.

“Nous faisons face à un triple défi,” affirme Carlos Rodriguez, PDG de l’Alliance CanadaTrade. “Naviguer dans le protectionnisme américain, répondre au rôle changeant de la Chine et se positionner avantageusement sur les marchés émergents—tout en respectant des normes de durabilité de plus en plus strictes.”

Les enjeux pour les Canadiens ordinaires ne pourraient être plus élevés. Le commerce soutient un emploi canadien sur cinq, les secteurs dépendants du commerce offrant généralement des salaires supérieurs de 12 % à la moyenne nationale. Des communautés à travers la Colombie-Britannique, de Prince Rupert à Richmond, ont bâti leurs économies autour du statut de porte d’entrée du Pacifique du Canada.

Les experts en politique réclament une réponse globale. “Le Canada doit dépasser la politique commerciale réactive pour adopter une approche stratégique d’art économique d’État,” soutient l’ancienne négociatrice commerciale Melissa Chen. “Cela signifie aligner la stratégie industrielle nationale, la politique étrangère et les priorités commerciales d’une manière que nous n’avons jamais fait auparavant.”

Le gouvernement fédéral a signalé sa conscience de ces défis avec sa Stratégie indo-pacifique et sa nouvelle Initiative sur les minéraux critiques, mais les critiques suggèrent que ces mesures ne vont pas assez loin pour préparer le Canada à un environnement commercial fondamentalement modifié. Les investissements dans l’infrastructure commerciale, les ressources diplomatiques et le développement des exportations restent inférieurs à ceux des pays pairs en pourcentage du PIB.

Les entreprises n’attendent pas l’action du gouvernement. Chez Quantum Technologies à Burnaby, la PDG Sarah Williams me montre comment son entreprise diversifie les chaînes d’approvisionnement et les marchés d’exportation. “Nous intégrons de la redondance dans tout,” explique-t-elle tandis que des systèmes automatisés assemblent des composants de précision destinés aux marchés du Vietnam, de l’Inde et du Mexique. “Le coût de la résilience est élevé, mais le coût de la perturbation est plus élevé.”

Pour les travailleurs des industries dépendantes du commerce, la transformation apporte à la fois des opportunités et de l’anxiété. Au hall du Syndicat international des débardeurs et magasiniers à North Vancouver, je rencontre Diego Fernandez, un débardeur de troisième génération. “Mon grand-père déchargeait des navires d’Angleterre, mon père s’occupait des voitures japonaises, et maintenant je travaille avec des conteneurs de toute l’Asie,” réfléchit-il. “Nous nous sommes toujours adaptés, mais le rythme du changement semble maintenant différent.”

La politique commerciale peut sembler abstraite, mais ses effets se répercutent dans la vie canadienne de nombreuses façons—du prix des produits alimentaires aux opportunités d’emploi et à la sécurité de la retraite. Alors que le Canada navigue dans ce moment charnière, les décisions prises en 2024 détermineront si le pays émerge plus fort dans une économie mondiale reconfigurée ou se trouve de plus en plus marginalisé.

La voie à suivre nécessite une évaluation lucide des forces et des vulnérabilités du Canada. Avec des ressources naturelles abondantes, des capacités de fabrication avancées et une main-d’œuvre diversifiée et hautement qualifiée, les fondamentaux restent solides. Mais convertir ces avantages en prospérité dans un système commercial fracturé exige une nouvelle réflexion.

En quittant le port, Chen me montre un navire massif à l’horizon, en provenance de Singapour. “Ce navire transporte des composants fabriqués dans cinq pays différents, assemblés dans trois autres,” dit-il. “L’ancien monde du commerce bilatéral simple a disparu. La question pour le Canada est de savoir si nous aiderons à écrire les règles de ce qui vient ensuite.”

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