Dans le Travail d’un Portraitiste de la Police au Canada

Olivia Carter
6 Min Read
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Lorsqu’un témoin s’assoit avec la portraitiste judiciaire Samantha Chen dans son atelier de Toronto, l’ambiance est soigneusement calibrée—calme, rassurante et concentrée. “Mon premier travail n’est pas de dessiner,” explique Chen, en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille. “C’est d’aider quelqu’un à revisiter une rencontre potentiellement traumatisante tout en le maintenant suffisamment à l’aise pour se rappeler des détails précis.”

Dans les services de police partout au Canada, les portraitistes comme Chen représentent un outil d’enquête essentiel qui a persisté malgré les avancées technologiques. Bien que les logiciels de reconnaissance faciale et les caméras de surveillance dominent maintenant les manchettes sur la résolution des crimes, le lien humain entre un artiste qualifié et un témoin demeure irremplaçable dans les cas où les preuves numériques ne sont pas disponibles.

“La mémoire est incroyablement fragile,” explique Dr. Morgan Williams, psychologue cognitif à l’Université de la Colombie-Britannique, spécialisé dans les témoignages oculaires. “La façon dont nous interrogeons les témoins peut considérablement affecter ce dont ils se souviennent. Un bon portraitiste sait comment guider sans influencer, comment clarifier sans suggérer.”

Le processus commence généralement quelques heures ou parfois quelques jours après qu’un crime ait eu lieu. Plutôt que de demander aux témoins de décrire immédiatement les caractéristiques faciales, les artistes expérimentés comme Chen commencent par une conversation visant à établir un rapport. Ils discutent de sujets neutres, passant progressivement à l’incident en question tout en surveillant attentivement le niveau de confort du témoin.

“Nous ne commençons jamais avec une page blanche,” affirme le Sergent-chef Amrit Dhaliwal du Service de police de Calgary. “Cela peut être intimidant pour les témoins. Au lieu de cela, nous pouvons commencer avec un modèle de base d’un visage humain et le modifier selon leurs souvenirs.”

La plupart des portraitistes judiciaires professionnels au Canada utilisent maintenant des outils numériques en plus des méthodes de dessin traditionnelles. La Gendarmerie royale du Canada emploie un logiciel spécialisé qui permet aux artistes d’assembler des portraits-robots à partir de milliers de traits prédéfinis, qui peuvent ensuite être ajustés pour des détails précis comme l’emplacement d’une cicatrice ou des caractéristiques uniques.

L’efficacité des portraits-robots varie considérablement. Une étude de 2022 du Journal canadien de criminologie a révélé que les portraits ont mené à l’identification de suspects dans environ 18% des cas où ils ont été utilisés. Cependant, lorsqu’ils sont combinés à d’autres techniques d’enquête, leur contribution à la résolution des crimes augmente significativement.

“Un portrait n’a pas besoin d’être parfait pour être utile,” souligne la détective Lina Rousseau du Service de police de Montréal. “Même s’il n’est précis qu’à 70%, il peut générer des indices qui nous orientent dans la bonne direction ou aider à éliminer des suspects potentiels.”

Les critiques soulèvent des préoccupations concernant la fiabilité, particulièrement en ce qui concerne l’identification interraciale. La recherche montre constamment que les gens ont plus de difficulté à décrire précisément les traits faciaux de personnes d’origines ethniques différentes des leurs. Les services progressistes ont mis en œuvre des formations supplémentaires pour remédier à ces biais.

“Nous faisons constamment évoluer nos méthodes,” note Chen. “Aujourd’hui, je passe beaucoup plus de temps à discuter des biais cognitifs avec les témoins que les artistes ne le faisaient il y a une décennie. Nous parlons ouvertement de comment le stress affecte la mémoire et comment séparer ce qu’ils ont réellement vu des suppositions que leur cerveau pourrait avoir comblées.”

L’avenir du portrait judiciaire dans les forces de l’ordre canadiennes semble s’orienter vers une approche hybride. Plusieurs provinces ont investi dans des systèmes qui combinent les techniques artistiques traditionnelles avec la modélisation assistée par IA, bien que les artistes humains expérimentés restent au cœur du processus.

Pour des témoins comme Michael Cheung, résident de Toronto qui a travaillé avec un portraitiste après avoir été témoin d’un vol à main armée l’année dernière, l’expérience a été étonnamment thérapeutique. “Je pensais ne pas me souvenir de grand-chose,” raconte-t-il. “Mais l’artiste savait exactement quelles questions poser, comment revenir sur les détails. À la fin, nous avions créé quelque chose qui ressemblait vraiment à la personne que j’avais vue.”

Alors que les forces policières canadiennes continuent d’équilibrer les avancées technologiques avec des méthodes d’enquête éprouvées, une question demeure centrale quant à la pertinence continue des portraitistes dans la résolution moderne des crimes : à l’ère de la surveillance numérique omniprésente, quels aperçus uniques l’esprit humain—guidé par la main d’un artiste qualifié—peut-il encore apporter à notre quête de justice?

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