Les tensions s’intensifient chez le plus grand transporteur aérien du Canada alors que les négociations contractuelles entre Air Canada et le syndicat de ses agents de bord ont atteint une impasse critique, forçant les deux parties à demander l’intervention fédérale par le biais de la conciliation. Ce développement signale un mécontentement croissant du côté syndical à un moment où l’industrie de l’aviation continue de faire face aux défis de la reprise post-pandémique.
Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente environ 9 500 agents de bord d’Air Canada, a confirmé hier que les négociations sont au point mort sur des questions fondamentales, notamment les salaires, la flexibilité des horaires et l’équilibre travail-vie personnelle. Les responsables syndicaux qualifient les offres actuelles de la compagnie aérienne de “terriblement inadéquates” compte tenu de l’augmentation du coût de la vie et des exigences opérationnelles accrues imposées aux membres d’équipage de cabine.
“Les agents de bord ont subi le poids des mises à pied liées à la pandémie et sont revenus dans un milieu de travail avec des responsabilités accrues et des tensions plus élevées avec les passagers,” a déclaré Wesley Lesosky, président de la composante Air Canada du SCFP. “Pourtant, les offres de rémunération ne reconnaissent pas ces sacrifices et ne suivent pas les taux d’inflation qui ont érodé le pouvoir d’achat de nombreux de nos membres.”
La direction d’Air Canada maintient qu’elle a présenté un ensemble de rémunération “concurrentiel et équitable” qui équilibre les besoins des employés avec la stratégie de redressement financier de la compagnie aérienne. Le porte-parole de l’entreprise, Peter Fitzpatrick, a souligné dans une déclaration que la compagnie aérienne fait face à “d’importantes pressions sur les coûts dans un contexte de concurrence féroce dans l’industrie” tout en soulignant l’engagement du transporteur à parvenir à un accord qui soutient à la fois la stabilité opérationnelle et le bien-être des employés.
Les analystes de l’industrie qui suivent les développements notent que les relations de travail dans le secteur de l’aviation demeurent tendues. Selon les données du secteur, les compagnies aériennes ont vu leurs coûts d’exploitation augmenter d’environ 18 % depuis 2019, tout en étant sous pression pour maintenir des tarifs compétitifs afin de stimuler la demande de voyages.
Le recours à la conciliation, qui implique la nomination d’un médiateur fédéral pour faciliter les négociations, intervient après plusieurs mois de pourparlers directs qui n’ont pas produit de progrès significatifs. Bien que le processus ne garantisse pas une résolution, il représente une tentative structurée de combler les écarts importants entre les parties avant que des actions syndicales plus perturbatrices ne soient envisagées.
Pour les voyageurs canadiens, les impacts potentiels restent incertains. Bien qu’aucune perturbation immédiate du service ne soit anticipée, nous avons appris que les membres du syndicat ont autorisé leurs dirigeants à intensifier les actions si nécessaire. L’experte en industrie aéronautique Melanie Thompson de l’Institut canadien des transports suggère aux consommateurs de suivre de près les développements.
“Bien que la conciliation mène souvent à des accords, l’écart particulièrement large dans les attentes ici pourrait potentiellement conduire à d’autres actions syndicales si un compromis n’est pas atteint,” a expliqué Thompson. “La saison estivale des voyages représente une période particulièrement vulnérable où les perturbations auraient un impact maximal.”
Le processus de conciliation devrait commencer dans les 20 jours, les deux parties étant tenues de travailler avec le médiateur désigné pendant une période minimale avant que d’autres mesures puissent être prises. Le calendrier place les points de pression potentiels en plein pendant les mois de pointe des voyages d’été – une période où Air Canada connaît généralement ses volumes de passagers et ses revenus les plus élevés.
Alors que les Canadiens reprennent de plus en plus les voyages aériens, avec des chiffres de passagers domestiques approchant 90 % des niveaux d’avant la pandémie selon les données de Transports Canada, la stabilité des opérations aériennes prend une importance renouvelée pour la reprise économique et la connectivité.
La question fondamentale qui émerge de ce conflit de travail s’étend au-delà d’une seule compagnie aérienne : dans une ère de résurgence de la demande de voyages mais de pressions économiques persistantes, qui supportera finalement le coût de la nouvelle réalité opérationnelle de l’aviation – les entreprises, les travailleurs ou les passagers?