Une importante affaire juridique secoue le secteur industriel du Nord de l’Ontario alors qu’Algoma Steel a intenté une poursuite de 2 millions de dollars contre un sous-traitant suite à un tragique accident mortel survenu dans ses installations de Sault Ste. Marie. Le géant de la sidérurgie allègue négligence et rupture de contrat en lien avec l’incident qui a coûté la vie à un travailleur.
La poursuite, déposée la semaine dernière à la Cour supérieure de l’Ontario, désigne PSI Engineering comme défendeur, alléguant que l’entreprise sous-traitante n’a pas mis en œuvre les protocoles de sécurité appropriés lors des opérations de maintenance à l’usine. Les documents judiciaires révèlent que l’accident est survenu lorsqu’un équipement en cours d’entretien s’est mis en marche de façon inattendue, causant des blessures mortelles à un travailleur de maintenance âgé de 49 ans.
“Cette affaire souligne l’importance cruciale de normes de sécurité rigoureuses dans l’industrie lourde,” a déclaré Michael Reynolds, expert en sécurité au travail qui a examiné le dossier. “Lorsque des sous-traitants opèrent dans des environnements industriels établis, il ne doit absolument pas y avoir de place pour des erreurs de procédure ou des raccourcis en matière de sécurité.”
L’incident, survenu en février 2023, a immédiatement déclenché une enquête du ministère du Travail de l’Ontario, qui a émis plusieurs ordonnances de conformité à Algoma Steel et PSI Engineering. Ces conclusions réglementaires constituent maintenant une partie substantielle des preuves citées dans la poursuite civile d’Algoma.
Selon des sources familières avec le secteur industriel canadien, cette action en justice représente l’une des plus importantes affaires de responsabilité d’un sous-traitant dans l’industrie sidérurgique de la province ces dernières années. Les analystes du secteur notent que le résultat pourrait établir d’importants précédents sur la façon dont la responsabilité est attribuée dans des environnements industriels complexes où plusieurs entités partagent l’espace opérationnel.
L’équipe juridique d’Algoma Steel soutient que PSI Engineering a violé des dispositions spécifiques de leur accord de service qui exigeaient explicitement le respect des protocoles de sécurité complets de l’aciérie. La poursuite allègue en outre que PSI n’a pas correctement formé et supervisé son personnel travaillant dans l’environnement à haut risque de l’usine.
Les représentants de PSI Engineering ont refusé de commenter spécifiquement le litige, déclarant seulement que “la sécurité a toujours été notre plus haute priorité” et qu’ils “continuent de coopérer pleinement avec toutes les enquêtes liées à cet incident tragique.” Le sous-traitant dispose de 20 jours pour déposer une réponse formelle aux allégations.
Pour Algoma Steel, pilier de l’économie du Nord de l’Ontario, la poursuite survient pendant une période difficile. L’entreprise navigue dans des conditions de marché compliquées tout en entreprenant un important projet de transition écologique visant à réduire les émissions de carbone.
“Au-delà des questions juridiques immédiates, cette affaire nous force à examiner les problèmes plus larges de culture de sécurité au travail dans l’industrie lourde,” a déclaré Catherine Simmons, professeure de relations industrielles à l’Université Lakehead. “Lorsque des entreprises contractent des services spécialisés, où commence et où s’arrête précisément la responsabilité de la sécurité des travailleurs?”
La famille du travailleur décédé a également déposé une poursuite distincte pour mort injustifiée, réclamant des dommages-intérêts à Algoma Steel et PSI Engineering. Cette affaire en est encore aux étapes préliminaires alors que la communauté juridique observe comment ces procédures parallèles pourraient s’influencer mutuellement.
Les observateurs de l’industrie notent que cette bataille juridique se déroule dans le contexte des efforts continus de l’Ontario pour renforcer les réglementations en matière de sécurité au travail, particulièrement dans les secteurs à haut risque comme la fabrication d’acier. Les données provinciales indiquent que, bien que les décès en milieu de travail aient globalement diminué ces dernières années, les accidents industriels demeurent une préoccupation importante.
Alors que cette affaire progresse devant les tribunaux, la question fondamentale demeure: dans des environnements industriels complexes où plusieurs entités corporatives opèrent simultanément, comment la responsabilité de la sécurité des travailleurs peut-elle être clairement définie et appliquée? La réponse pourrait remodeler la façon dont le secteur industriel du Nord de l’Ontario aborde les relations avec les sous-traitants pour les années à venir.