Préparation des Banques Canadiennes à la Récession : Sont-elles Prêtes ?

Sarah Patel
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Les imposantes tours de verre du secteur bancaire canadien se dressent fièrement dans l’horizon de Toronto, projetant une image de stabilité inébranlable. Pourtant, derrière les portes closes des salles de conseil, les dirigeants effectuent des tests de résistance et bâtissent des forteresses financières alors que les murmures de récession s’intensifient à travers l’Amérique du Nord. Après avoir traversé plusieurs tempêtes économiques au fil des décennies, les banques canadiennes font désormais face à une convergence unique de défis : taux d’intérêt élevés, refroidissement des marchés immobiliers et affaiblissement du pouvoir d’achat des consommateurs.

“Nous sommes aussi prêts pour une récession que possible,” a déclaré Scott Thomson, PDG de la Banque Scotia, lors d’une récente conférence sur les résultats, un sentiment partagé par l’ensemble de l’établissement bancaire canadien. Mais être préparé ne signifie pas être immunisé, surtout alors que la Banque du Canada navigue sur le chemin précaire entre maîtriser l’inflation et éviter une contraction économique.

Les chiffres révèlent un secteur bancaire qui se prépare activement. Les six grandes banques ont collectivement augmenté leurs provisions pour pertes sur prêts de 38% sur un an, mettant de côté 2,7 milliards de dollars au troisième trimestre uniquement pour couvrir d’éventuels défauts. La TD a mené ce positionnement défensif avec une augmentation de 43% des provisions, tandis que BMO et RBC suivaient de près avec des augmentations de 40% et 39% respectivement.

Ce coussin financier arrive alors que l’endettement des ménages au Canada frôle des niveaux record, le Canadien moyen devant 1,76 $ pour chaque dollar de revenu disponible. Alors que les hypothèques à taux variable continuent d’être réajustées à des taux plus élevés, les banques prévoient que la pression financière sur les ménages s’intensifiera tout au long de 2024.

“La résilience que nous observons chez le consommateur canadien est encourageante, mais nous ne sommes pas naïfs quant aux pressions qui s’accumulent sur les budgets des ménages,” a déclaré Victor Dodig, PDG de la CIBC, lors de leur dernière présentation des résultats. “Nos modèles montrent que l’impact total des hausses de taux n’a pas encore été pleinement absorbé par le système.”

Les ratios de capital – mesure cruciale de la capacité d’une banque à résister aux pertes – demeurent solides dans l’ensemble du secteur. Les ratios de fonds propres de catégorie 1 sous forme d’actions ordinaires atteignent en moyenne 13,2% pour les principales banques canadiennes, bien au-dessus du minimum réglementaire de 9%, offrant une protection substantielle contre les défauts de prêts. Cette solidité financière offre une marge de manœuvre que les banques régionales américaines n’avaient pas lors de leur crise plus tôt cette année.

Le marché immobilier reste la carte joker dans le jeu de la stabilité économique du Canada. Les défauts de paiement hypothécaires, bien qu’encore historiquement bas à 0,17%, ont commencé à augmenter pour la première fois depuis le début de la pandémie. Les banques ont réagi en resserrant leurs normes de prêt et en augmentant la surveillance des ratios du service de la dette, particulièrement pour les investisseurs possédant plusieurs propriétés.

“Nous avons considérablement amélioré nos systèmes d’alerte précoce pour le stress hypothécaire,” a noté Dave McKay, président et chef de la direction de RBC. “La force historique du logement canadien ne devrait pas mener à la complaisance concernant les corrections potentielles dans les marchés surévalués.”

Tout en se préparant aux défis nationaux, les banques canadiennes ont également élargi leurs opérations américaines, BMO ayant finalisé son acquisition de Bank of the West pour 16,3 milliards de dollars et TD avançant ses plans de fusion avec First Horizon. Cette diversification géographique offre une certaine protection contre un ralentissement spécifique au Canada, bien qu’elle introduise également une exposition à différents risques régionaux.

Les perspectives ne sont pas uniformément prudentes. Les prêts commerciaux restent relativement solides, particulièrement dans les secteurs bénéficiant des dépenses gouvernementales en infrastructure et de la transition énergétique verte. Les réserves de trésorerie des entreprises constituées pendant la pandémie leur confèrent également une certaine résilience face à la récession.

Pour les investisseurs, les banques canadiennes présentent un tableau mitigé. Les rendements des dividendes, en moyenne supérieurs à 4,5%, semblent attrayants, mais une volatilité potentielle des cours des actions se profile si la récession se matérialise. Le secteur se négocie à environ 10 fois les bénéfices prévisionnels – en dessous des moyennes historiques, mais reflétant les incertitudes à court terme.

Alors que les vents contraires économiques mondiaux s’intensifient, les dirigeants bancaires canadiens affichent une confiance tempérée de vigilance. Leur message : ils ont construit l’équivalent financier de pneus toutes saisons – adaptés à la plupart des conditions, mais pas imperméables aux terrains extrêmes. Pour une nation dont l’identité économique est profondément liée à sa stabilité bancaire, les mois à venir mettront à l’épreuve si la préparation se traduit par une véritable résilience.

Ces mesures défensives s’avéreront-elles suffisantes si la récession arrive avec une sévérité inattendue? C’est la question à plusieurs milliards de dollars du secteur bancaire – celle qui déterminera si la forteresse financière du Canada tient bon ou révèle des vulnérabilités inattendues sous sa façade impressionnante.

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