L’économie canadienne s’apprête à connaître une modeste reprise cette année, avec une croissance économique qui devrait atteindre 1,5 pour cent selon un rapport récemment publié par le Conference Board du Canada. Cette prévision est une nouvelle encourageante pour les investisseurs et les entreprises qui naviguent dans les séquelles des récents vents contraires économiques.
“Nous observons des signes encourageants de résilience dans plusieurs secteurs,” affirme Michael Burt, directeur exécutif au Conference Board. “Bien que 1,5 pour cent ne batte aucun record, cela représente une stabilité après une période d’incertitude significative tant sur les marchés nationaux qu’internationaux.”
La croissance projetée découle de plusieurs facteurs clés qui convergent en faveur du Canada. Les industries de services continuent de surpasser les attentes, ajoutant environ 27 000 emplois au deuxième trimestre seulement. Parallèlement, le refroidissement de l’inflation—qui se situe maintenant près de la cible de 2 pour cent de la Banque du Canada—a renforcé la confiance des consommateurs et leur pouvoir d’achat.
Les secteurs de l’extraction des ressources et de la fabrication présentent un tableau mitigé. Les opérations pétrolières et gazières en Alberta et en Saskatchewan connaissent une expansion prudente avec des volumes de production en hausse de 3,2 pour cent par rapport à l’année précédente. Cependant, la fabrication en Ontario et au Québec continue de faire face à des défis liés aux pénuries de main-d’œuvre et à la concurrence internationale.
Le logement demeure un moteur économique crucial malgré les préoccupations d’abordabilité. Les mises en chantier ont augmenté de 8,4 pour cent à l’échelle nationale au deuxième trimestre, avec une performance particulièrement forte dans les centres urbains de taille moyenne où la demande continue de dépasser l’offre.
“La dynamique du marché immobilier est complexe,” note l’économiste de la Banque TD Rishi Sondhi. “Bien que les taux d’intérêt élevés aient modéré la demande dans certains segments, la croissance démographique continue de créer des besoins fondamentaux en matière de logement qui soutiennent l’activité de construction et les industries connexes.”
La performance des exportations jouera probablement un rôle décisif dans la question de savoir si le Canada atteindra ou dépassera la projection de 1,5 pour cent. Les États-Unis demeurent le plus grand partenaire commercial du Canada, représentant plus de 75 pour cent de toutes les exportations. La santé de l’économie américaine continue donc d’avoir un impact significatif sur les perspectives de croissance canadiennes.
Ces prévisions ne sont pas sans risques. Les tensions commerciales mondiales, particulièrement entre les grandes économies comme les États-Unis et la Chine, pourraient perturber les chaînes d’approvisionnement et réduire la demande pour les exportations canadiennes. Sur le plan national, les niveaux élevés d’endettement des ménages demeurent une vulnérabilité si les taux d’intérêt devaient augmenter de façon inattendue.
Les décisions politiques façonneront également les résultats économiques tout au long de 2024. L’approche de la Banque du Canada en matière de politique monétaire, y compris les ajustements potentiels des taux d’intérêt, influencera les coûts d’emprunt pour les entreprises et les consommateurs. Pendant ce temps, les politiques fiscales fédérales et provinciales visant à répondre aux besoins en infrastructure et à l’abordabilité du logement pourraient fournir un stimulus économique supplémentaire.
Pour les Canadiens ordinaires, la projection de croissance de 1,5 pour cent suggère des améliorations modestes dans les opportunités d’emploi et la stabilité des revenus, bien que d’importants défis liés au coût de la vie persistent dans de nombreuses régions.
À mesure que nous avançons en 2024, cette projection de croissance modérée se traduira-t-elle par des améliorations significatives pour les ménages canadiens, ou les pressions externes continueront-elles à contraindre le potentiel économique du pays? Les trimestres à venir révéleront si l’économie canadienne peut prendre de l’élan au-delà de ces projections prudentes.