L’économie mondiale fait face à un ralentissement significatif alors que les tensions commerciales s’intensifient et que la confiance des consommateurs s’affaiblit. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a réduit ses prévisions de croissance mondiale pour 2025 de 3,1% à 2,7%, marquant la révision à la baisse la plus importante depuis le début de la pandémie.
Au cœur de ce recalibrage économique se trouvent les frictions commerciales croissantes entre les États-Unis et leurs partenaires clés, particulièrement la Chine. La mise en œuvre de nouveaux tarifs douaniers a créé des effets en cascade sur les chaînes d’approvisionnement, l’OCDE réduisant spécifiquement les projections de croissance américaine de 2,2% à seulement 1,5% pour 2025.
“Nous assistons à un dangereux cercle vicieux où les restrictions commerciales créent des pressions inflationnistes, ce qui limite ensuite la capacité des banques centrales à stimuler la croissance,” a déclaré l’économiste en chef de l’OCDE, Clare Lombardelli, lors d’un point presse hier à Paris. “Les conséquences se feront sentir bien au-delà des pays directement impliqués dans ces différends.”
Les données révèlent une tendance inquiétante. Bien que la croissance mondiale soit restée relativement résiliente en 2024, les indicateurs prospectifs signalent une détérioration du sentiment des entreprises et un ralentissement des investissements. L’activité manufacturière s’est contractée dans 12 des économies du G20, les nouvelles commandes à l’exportation montrant une faiblesse particulière.
L’Europe fait face à ses propres défis, l’économie allemande, fortement axée sur la fabrication, devant croître d’à peine 0,9% en 2025, en baisse par rapport aux prévisions antérieures de 1,4%. Le Royaume-Uni affiche une résilience légèrement supérieure avec des perspectives de croissance de 1,2%, bien que toujours inférieures à son potentiel.
La Chine, quant à elle, continue de faire face à la crise de son secteur immobilier et à l’évolution de son modèle économique. L’OCDE prévoit que la croissance chinoise ralentira à 4,3% en 2025, marquant sa plus faible performance en décennies en dehors de la période pandémique.
“La combinaison de tarifs douaniers plus élevés et d’une incertitude persistante crée un environnement particulièrement difficile pour la planification des entreprises,” a noté Mathias Cormann, Secrétaire général de l’OCDE. “Lorsque les entreprises ne peuvent pas prévoir leurs structures de coûts ou leur accès aux marchés, elles retardent les investissements qui stimulent la productivité et la croissance.”
Pour le Canada, l’OCDE prévoit une croissance de 1,8% en 2025, une légère révision à la baisse par rapport à son estimation précédente de 2,0%. Les perspectives économiques du pays restent très sensibles aux décisions politiques américaines, notamment en ce qui concerne les réglementations commerciales transfrontalières.
Le rapport n’est pas entièrement pessimiste. L’inflation continue de se modérer à l’échelle mondiale, créant potentiellement un espace pour que les banques centrales assouplissent leur politique monétaire. L’OCDE prévoit que la plupart des grandes économies verront des baisses de taux directeurs tout au long de 2025, bien qu’à un rythme plus graduel que ce que les marchés avaient anticipé plus tôt cette année.
Les marchés du travail font également preuve d’une remarquable résilience, les taux de chômage dans les pays de l’OCDE se maintenant près des niveaux historiquement bas malgré les vents contraires économiques. Cela pourrait fournir un soutien crucial aux dépenses de consommation alors que d’autres moteurs de croissance s’affaiblissent.
La voie à suivre dépend largement des choix politiques. L’OCDE met explicitement en garde contre une nouvelle escalade des restrictions commerciales, estimant qu’un cycle supplémentaire d’augmentations tarifaires pourrait amputer la croissance mondiale de 0,5 point de pourcentage supplémentaire en 2025-2026.
L’organisation préconise plutôt des réformes fiscales et structurelles coordonnées pour stimuler la productivité et la résilience. Des investissements ciblés dans les infrastructures numériques, le développement des compétences et l’énergie propre pourraient compenser certains des vents contraires actuels tout en positionnant les économies pour une croissance plus durable.
Alors que nous naviguons dans ces courants économiques contraires, les mois à venir s’avéreront critiques. Les décideurs politiques privilégieront-ils les intérêts nationaux à court terme ou reconnaîtront-ils les avantages collectifs d’un système commercial mondial plus ouvert et prévisible? La réponse pourrait déterminer si 2025 marque un ralentissement temporaire ou le début d’une période plus prolongée de fragmentation économique.
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