La prochaine annonce de la Banque du Canada sur le taux d’intérêt le 5 juin tient les marchés financiers en haleine. Après avoir maintenu le taux de référence à 5 % depuis juillet dernier, les économistes et les investisseurs analysent chaque indicateur économique pour déceler des indices sur la prochaine décision du gouverneur Tiff Macklem.
“Nous entrons dans un moment charnière du cycle de politique monétaire du Canada,” affirme Avery Chen, économiste en chef chez Toronto Capital Markets. “La banque centrale a fait preuve d’une patience remarquable, mais la persistance tenace de l’inflation met cette résolution à l’épreuve.”
Les données économiques récentes présentent un tableau complexe. L’inflation d’avril a légèrement augmenté à 2,7%, s’éloignant de la cible de 2% de la Banque après des mois de baisse graduelle. Pendant ce temps, la croissance du PIB a ralenti à 1,2% au premier trimestre, suggérant que l’économie ressent le poids des coûts d’emprunt élevés.
Le marché immobilier reste particulièrement sensible aux mouvements des taux d’intérêt. Mira Singh, courtière immobilière à Vancouver, confie à CO24 : “Les acheteurs potentiels restent en marge, attendant des baisses de taux avant de faire des démarches. Une réduction d’un quart de point pourrait libérer une demande refoulée importante.”
La plupart des grandes institutions financières prévoient que la première baisse de taux arrivera en juillet plutôt qu’en juin. RBC Économie prévoit une approche prudente avec deux réductions de 25 points de base au second semestre 2024, tandis que la Banque TD suggère trois réductions possibles d’ici la fin de l’année.
“La Banque du Canada marche sur une corde raide,” explique James Wilson, gestionnaire de portefeuille chez Westshore Investments. “Si elle réduit trop tôt, l’inflation pourrait se raviver. Si elle attend trop longtemps, la croissance économique pourrait davantage ralentir.”
Les décisions de la banque centrale n’existent pas isolément. La position de la Réserve fédérale américaine continue d’influencer la politique monétaire canadienne, le président de la Fed, Jerome Powell, ayant récemment signalé une approche tout aussi prudente concernant les réductions de taux.
Pour les Canadiens ordinaires, ces décisions politiques se traduisent directement par des paiements hypothécaires, des intérêts sur les cartes de crédit et des rendements d’investissement. Une famille avec un prêt hypothécaire à taux variable de 500 000 $ pourrait voir ses mensualités diminuer d’environ 70 $ à chaque réduction d’un quart de point.
Le sentiment des entreprises est également en jeu. Un sondage CO24 Business auprès d’entreprises de taille moyenne révèle que 62 % ont retardé leurs plans d’expansion en raison des coûts d’emprunt élevés, créant un frein potentiel à la croissance économique future.
Le marché du travail, bien que relativement solide avec un taux de chômage à 6,1 %, a montré des signes de ralentissement—ajoutant un autre facteur à considérer pour la Banque. Les chiffres de l’emploi d’avril ont révélé le premier mois de croissance négative de l’emploi depuis fin 2022.
“Le gouverneur Macklem a souligné l’importance de se fier aux données,” note l’analyste financière Priya Sharma. “La réunion de juin maintiendra probablement les taux à 5 %, mais fournira des indications plus claires sur les conditions qui déclencheraient des baisses lors des réunions suivantes.”
Alors que les Canadiens naviguent dans cet environnement à taux d’intérêt élevé, les conseillers financiers recommandent de revoir les structures d’endettement et d’envisager des options à taux fixe pour ceux préoccupés par la volatilité continue. Le jeu d’attente continue, mais le premier mouvement d’un nouveau cycle monétaire semble de plus en plus imminent.
La Banque du Canada offrira-t-elle enfin le soulagement que de nombreux Canadiens attendent, ou les préoccupations liées à l’inflation maintiendront-elles les taux élevés plus longtemps que prévu? La réponse pourrait fondamentalement remodeler le paysage économique canadien pour le reste de 2024.