Dans un tribunal de Halifax hier, d’anciens coéquipiers de cinq hommes accusés d’agression sexuelle ont fourni des témoignages dressant des portraits contradictoires du comportement de la plaignante lors d’un gala de hockey en 2018. Cette affaire très médiatisée, qui a secoué la communauté du hockey junior canadien, concerne des allégations découlant d’un incident survenu dans un hôtel après une cérémonie de remise de prix sportifs.
Trois témoins qui jouaient avec les accusés dans la même équipe de hockey junior ont déclaré avoir observé la plaignante au bar de l’hôtel ce soir-là, la décrivant comme “heureuse” et ne montrant aucun signe de détresse. Un ancien joueur a déclaré à la cour avoir vu la femme sourire et converser avec plusieurs personnes avant de partir avec l’un des défendeurs.
“Je ne m’inquiétais pas pour elle”, a témoigné un ex-coéquipier, qui ne peut être nommé en raison d’une interdiction de publication. “Elle semblait parfaitement bien, comme n’importe qui d’autre profitant de la soirée.”
Ce témoignage semble appuyer la position de la défense selon laquelle toute activité sexuelle était consensuelle. Les cinq anciens joueurs de hockey junior, maintenant dans la mi-vingtaine, font chacun face à des accusations d’agression sexuelle et d’agression sexuelle causant des lésions corporelles suite aux allégations selon lesquelles ils auraient participé à une agression sexuelle collective dans une chambre d’hôtel.
Cependant, les procureurs de la Couronne ont contesté ces caractérisations lors du contre-interrogatoire, remettant en question la capacité des témoins à évaluer correctement l’état de la plaignante étant donné le lieu bondé et la consommation d’alcool tout au long de la soirée. L’accusation a présenté des preuves suggérant que la plaignante avait reçu plusieurs verres avant l’agression présumée.
“Est-il possible que vos observations aient été limitées par votre propre état d’ébriété?” a demandé le procureur de la Couronne, soulignant les incohérences entre les témoignages actuels des témoins et leurs déclarations initiales à la police en 2018.
L’affaire a relancé les discussions sur le consentement et l’alcool dans les cas d’agression sexuelle, ainsi que l’examen de la culture sportive au Canada. Des défenseurs des victimes d’agression sexuelle se sont rassemblés quotidiennement devant le palais de justice, tandis que la communauté du hockey suit attentivement la procédure.
Plus tôt dans le procès, la plaignante a témoigné qu’elle avait peu de souvenirs de la soirée mais qu’elle n’avait pas consenti à des activités sexuelles avec plusieurs partenaires. Les preuves médicales présentées par l’accusation ont documenté des blessures compatibles avec une activité sexuelle forcée.
Cette affaire représente l’une des nombreuses allégations d’agression sexuelle très médiatisées qui ont émergé dans le sport canadien ces dernières années, suscitant des appels à une meilleure éducation et responsabilisation au sein des organisations sportives à travers le pays.
Les experts juridiques qui suivent l’affaire notent que l’accusation fait face à des défis dans les cas impliquant l’alcool et des problèmes de mémoire, mais soulignent que les tribunaux canadiens ont évolué dans leur compréhension du consentement ces dernières années. “La question clé n’est pas seulement de savoir si le consentement a été explicitement refusé, mais si un consentement affirmatif et continu a été clairement établi”, a déclaré un analyste juridique suivant la procédure.
Le procès se poursuivra la semaine prochaine avec des témoignages supplémentaires attendus de témoins de moralité et d’experts concernant les effets de l’alcool sur la mémoire et le consentement. Alors que cette affaire se déroule au sein de notre système judiciaire, les Canadiens sont amenés à se demander: quelle responsabilité les organisations sportives portent-elles dans la promotion de cultures qui respectent véritablement les limites et le consentement?
