“Étaient-ils des hommes ou des garçons?” Cette question incisive a plané dans la salle d’audience bondée de l’Ontario mardi, alors que les avocats de la défense poursuivaient leur contre-interrogatoire de la femme au centre d’une affaire d’agression sexuelle très médiatisée impliquant d’anciens joueurs de hockey junior.
Le procès, qui a attiré l’attention nationale à travers le Canada, est entré dans sa deuxième semaine alors que l’équipe de défense a remis en question les souvenirs de la plaignante et son choix de mots pour décrire l’incident présumé de 2025 dans un hôtel après un gala sportif.
Lors des procédures de mardi, l’avocat de la défense Rick Eskins a demandé pourquoi la plaignante se référait alternativement aux accusés comme des “hommes” dans certains cas et des “garçons” dans d’autres lors de son témoignage antérieur et de ses déclarations à la police.
“J’essaie de comprendre pourquoi vous les appeliez garçons dans certains cas et hommes dans d’autres,” a demandé Eskins. “Y avait-il une raison à cela?”
La plaignante, dont l’identité est protégée par une interdiction de publication, a répondu qu’elle utilisait les termes de façon interchangeable sans intention spécifique, expliquant que les accusés étaient à la fin de leur adolescence au moment de l’agression présumée.
“Je ne réfléchissais pas aux mots précis que j’utilisais,” a-t-elle témoigné. “C’étaient de jeunes hommes, des joueurs de hockey junior. Je ne calculais pas mon choix de mots.”
Le contre-interrogatoire s’est avéré éprouvant, la plaignante revenant à la barre des témoins pour un troisième jour consécutif. La cour a entendu qu’elle avait consommé plusieurs boissons alcoolisées la nuit en question et a reconnu des lacunes dans sa mémoire—des points sur lesquels la défense s’est appuyée pour remettre en question la fiabilité de son récit.
Les experts juridiques observant le procès notent que de telles stratégies de défense sont courantes dans les affaires d’agression sexuelle mais demeurent controversées.
“Les incohérences de mémoire sont attendues dans les situations traumatisantes,” a déclaré Elaine Craig, professeure de droit à l’Université Dalhousie non liée à l’affaire. “La recherche montre que le traumatisme peut fragmenter la mémoire sans miner la vérité fondamentale d’une expérience.”
L’affaire a déclenché un débat renouvelé sur la façon dont les allégations d’agression sexuelle sont traitées dans le contexte de la culture du sport d’élite. Des défenseurs des survivantes d’agression sexuelle se sont rassemblés devant le palais de justice tout au long des procédures, tandis que d’autres ont questionné l’impact sur les carrières des joueurs accusés.
Les cinq anciens joueurs de hockey junior ont plaidé non coupable aux accusations d’agression sexuelle. S’ils sont reconnus coupables, ils risquent des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 14 ans.
Les documents judiciaires ont révélé que la plaignante a rencontré l’un des accusés lors d’un gala sportif avant de retourner dans une chambre d’hôtel. Elle allègue que quatre autres joueurs sont ensuite entrés dans la chambre, et qu’elle a été agressée sexuellement alors qu’elle était en état d’ébriété.