Des professeurs juifs critiquent l’instrumentalisation de l’antisémitisme dans le milieu académique

Olivia Carter
5 Min Read
Disclosure: This website may contain affiliate links, which means I may earn a commission if you click on the link and make a purchase. I only recommend products or services that I personally use and believe will add value to my readers. Your support is appreciated!

<>

Dans une manifestation collective sans précédent, plus de 1 000 universitaires juifs à travers l’Amérique du Nord ont élevé leurs voix contre ce qu’ils décrivent comme une inquiétante utilisation abusive des accusations d’antisémitisme pour faire taire les critiques légitimes des politiques d’Israël. Ce mouvement grandissant met en évidence une fracture profonde au sein des communautés universitaires alors que le conflit israélo-gazaoui continue de se répercuter sur les campus.

Nous assistons à une dangereuse confusion entre l’antisémitisme véritable et la critique politique,” explique Dr. Sarah Bernstein, professeure d’études moyen-orientales à l’Université Columbia. “Quand le discours universitaire légitime sur les politiques du gouvernement israélien est qualifié de haine envers les Juifs, non seulement nous minons la liberté académique, mais nous diluons aussi le sens de l’antisémitisme réel.”

La coalition de professeurs juifs, couvrant des institutions de Harvard à Berkeley, a publié une lettre ouverte exprimant leur inquiétude face à la manière dont les allégations d’antisémitisme sont de plus en plus déployées pour faire taire les voix dissidentes dans les milieux universitaires. Leur déclaration souligne que la critique des actions militaires d’Israël à Gaza ne constitue pas intrinsèquement un préjugé contre le peuple juif—une distinction qui, selon eux, est délibérément brouillée à des fins politiques.

Cette évolution survient dans un contexte de tensions accrues sur les campus universitaires, où les manifestations concernant le conflit israélo-gazaoui ont conduit à des mesures disciplinaires, des menaces de retrait de financement et des audiences au Congrès. À l’Université de Pennsylvanie, des donateurs ont menacé de retirer leur soutien financier suite à un festival de littérature palestinienne, tandis que l’Université Columbia a fait l’objet d’un examen par une commission parlementaire concernant sa gestion des manifestations sur le campus.

L’instrumentalisation de l’antisémitisme a créé un effet paralysant dans l’enseignement supérieur,” remarque le professeur David Goldstein de l’Université de Chicago, signataire de la lettre. “De nombreux universitaires juifs qui critiquent les politiques israéliennes se retrouvent paradoxalement accusés de haine de soi ou de déloyauté—réduisant effectivement au silence les voix juives qui ne se conforment pas à certains points de vue politiques.”

Le phénomène s’étend au-delà des limites du campus jusque dans les sphères politiques, où la législation dans plusieurs États a cherché à définir l’antisémitisme d’une manière qui pourrait potentiellement restreindre la critique d’Israël. Les critiques soutiennent que ces définitions incluent souvent des exemples qui brouillent la ligne entre l’attaque contre les Juifs et la critique des actions de l’État israélien.

Pour la professeure Rachel Silverman de l’Université McGill au Canada, les implications sont profondément personnelles. “En tant que personne dont la famille a survécu à l’Holocauste, je comprends l’impact dévastateur de l’antisémitisme. Mais c’est précisément pourquoi je ne peux pas rester silencieuse quand le terme est utilisé à mauvais escient pour protéger un gouvernement de toute responsabilité. Cela ne protège pas les étudiants juifs—cela corrompt le concept même de protection des communautés vulnérables.”

La lettre souligne que la véritable liberté académique doit inclure la capacité de s’engager de manière critique avec tous les gouvernements et politiques, y compris ceux d’Israël, sans crainte de répercussions professionnelles ou de diffamation publique. Les signataires soutiennent que la critique savante des actions étatiques ne devrait jamais être assimilée à des préjugés contre un groupe ethnique ou religieux.

Alors que les universités luttent pour naviguer dans ces questions complexes, de nombreux administrateurs se retrouvent pris entre des demandes concurrentes de protection de la liberté d’expression et de garantie que les étudiants se sentent à l’abri de la discrimination. Les implications financières pour les institutions qui dépendent du soutien des donateurs ajoutent une autre couche de complexité à une situation déjà tendue.

Ce qui reste flou, c’est comment l’enseignement supérieur peut préserver son rôle d’espace d’enquête critique tout en abordant les préoccupations légitimes concernant l’antisémitisme. Alors que ce débat continue de se déployer, la question fondamentale émerge: pouvons-nous développer des approches nuancées qui protègent à la fois les communautés juives contre la haine et la liberté académique essentielle à la démocratie?

Partager cet article
Laisser un commentaire

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *