Dans une importante initiative pour accélérer la transition vers le transport écologique au Canada, le ministre de l’Environnement Steven Guilbeault a annoncé mardi qu’Ottawa développe un programme de rabais pour véhicules électriques remanié, visant spécifiquement à rendre les VÉ moins coûteux plus accessibles aux Canadiens ordinaires.
Cette annonce intervient alors que le programme d’incitation actuel du gouvernement fédéral fait l’objet de critiques croissantes pour avoir disproportionnellement bénéficié aux Canadiens à revenu élevé qui peuvent se permettre des modèles électriques haut de gamme. S’adressant aux journalistes après une réunion du cabinet, Guilbeault a souligné que le programme redessiné ciblerait “les véhicules électriques les plus abordables” pour assurer une adoption plus large à travers les différentes classes économiques.
“Nous voulons nous assurer que ces incitatifs vont aux personnes qui en ont le plus besoin,” a déclaré Guilbeault. “L’objectif est de rendre les véhicules électriques accessibles aux Canadiens de la classe moyenne et à ceux qui travaillent fort pour y accéder.”
Le programme iZEV actuel, introduit en 2019, offre des rabais allant jusqu’à 5 000 $ pour les véhicules électriques à batterie, à pile à combustible à hydrogène et les hybrides rechargeables à autonomie prolongée admissibles. Cependant, l’analyse des données a révélé que de nombreux rabais ont été accordés à des véhicules situés à l’extrémité supérieure du spectre des prix, incitant le gouvernement à reconsidérer son approche.
Le transport représente environ 25 % des émissions de gaz à effet de serre du Canada, ce qui rend l’électrification des véhicules essentielle pour atteindre les objectifs climatiques du pays. Le gouvernement fédéral a décrété que tous les nouveaux véhicules de passagers vendus au Canada doivent être à zéro émission d’ici 2035, créant ainsi un sentiment d’urgence quant à l’accessibilité financière de ces véhicules.
Les experts de l’industrie soulignent plusieurs défis sur le marché canadien des VÉ que le nouveau programme doit aborder. “L’offre de véhicules électriques abordables reste limitée au Canada par rapport à d’autres marchés,” a noté Marcus Williams, analyste du secteur automobile à l’Institut canadien de l’économie verte. “Toute nouvelle structure d’incitation doit envisager à la fois des subventions du côté de la demande et des mesures pour augmenter la disponibilité des modèles à prix plus bas.”
Le programme redessiné devrait établir des plafonds de prix plus stricts sur les véhicules admissibles tout en augmentant potentiellement les montants de rabais pour les modèles situés à l’extrémité inférieure du marché. Des sources familières avec les discussions suggèrent que le gouvernement envisage également une vérification des revenus pour s’assurer que les subventions atteignent ceux qui, autrement, ne pourraient pas se permettre la transition vers la mobilité électrique.
Les programmes provinciaux au Québec et en Colombie-Britannique ont déjà mis en œuvre de telles mesures, offrant des rabais supplémentaires qui peuvent s’ajouter aux incitatifs fédéraux. Le programme du Québec offre jusqu’à 7 000 $ pour les nouveaux véhicules électriques, tandis que la C.-B. offre jusqu’à 4 000 $.
Le moment de cette annonce coïncide avec les négociations en cours du Canada avec les grands constructeurs automobiles concernant les objectifs de réduction des émissions. Les parties prenantes de l’industrie ont plaidé pour des incitatifs améliorés pour les consommateurs dans le cadre d’une approche globale de l’électrification des véhicules.
“Le secteur automobile connaît sa transformation la plus importante depuis un siècle,” a déclaré Jennifer Morris, présidente de l’Association canadienne des constructeurs de véhicules. “Un soutien gouvernemental cohérent et robuste aux consommateurs est essentiel pour maintenir l’élan pendant cette période de transition.”
Les critiques, cependant, se demandent si les subventions pour VÉ représentent l’approche la plus rentable pour réduire les émissions. Une analyse récente du directeur parlementaire du budget a suggéré que le programme actuel coûte environ 275 $ par tonne d’émissions réduites, nettement plus que le prix fédéral du carbone.
Le gouvernement n’a pas encore fourni de détails spécifiques sur l’allocation de fonds pour le nouveau programme ou sur le moment de sa mise en œuvre, bien que Guilbeault ait indiqué que des annonces seraient à venir “dans les mois à venir.”
Alors que la concurrence mondiale pour la fabrication de VÉ s’intensifie, particulièrement suite aux incitatifs substantiels offerts dans le cadre de la loi américaine sur la réduction de l’inflation, le Canada fait face à la pression de maintenir un environnement compétitif tant pour la fabrication que pour l’adoption de véhicules à zéro émission.
Comment ce programme d’incitation redessiné équilibrera-t-il l’accessibilité des VÉ pour les Canadiens moyens tout en garantissant que les subventions contribuent efficacement à nos objectifs climatiques plutôt que de simplement subventionner des achats qui se seraient produits de toute façon?