Le froid dans les salles de conseil canadiennes est palpable. Alors que les tensions commerciales avec les États-Unis continuent de couver, les leaders d’entreprises canadiennes appuient de plus en plus sur le bouton pause concernant les décisions d’investissement majeures, créant un effet d’onde préoccupant à travers l’économie qui s’étend de Bay Street jusqu’au secteur sportif.
Une nouvelle enquête exhaustive menée par ABX, QSR et MGA révèle que 68% des dirigeants canadiens ont retardé ou réduit les investissements prévus au cours du dernier trimestre, citant des relations commerciales imprévisibles avec le plus grand partenaire commercial du Canada. Cela représente une augmentation de 14% par rapport à un sondage similaire réalisé il y a seulement six mois.
“Nous sommes dans un jeu d’attente à fort enjeu,” explique Morgan Davidson, PDG du fabricant de vêtements sportifs Athletic North basé à Vancouver. “Avec des tarifs potentiels qui planent sur les vêtements et articles de sport, s’engager dans notre expansion d’usine planifiée de 12 millions de dollars ressemble à un coup de dés dans l’obscurité.”
L’enquête souligne une préoccupation particulière dans les secteurs traditionnellement considérés comme des baromètres économiques. La confiance manufacturière a chuté de 22% sur un an, tandis que les intentions d’investissement technologique sont tombées à leur plus bas niveau depuis 2016.
Pour les franchises sportives et les entreprises associées, l’hésitation est tout aussi prononcée. L’organisation des Toronto Raptors, qui explorait un projet de modernisation de ses installations d’entraînement de 75 millions de dollars, a désormais reporté le projet indéfiniment. “Quand les fluctuations monétaires et les coûts transfrontaliers deviennent aussi imprévisibles, même les organisations avec de solides bilans doivent réévaluer leurs projets d’investissement,” note l’économiste sportive Dr. Leila Harrington.
Le ralentissement s’étend au-delà des grandes entreprises. Parmi les 500 dirigeants d’entreprises sondés, 41% représentant des petites et moyennes entreprises ont indiqué avoir réduit leurs plans d’embauche pour l’année à venir. Cela marque une tendance inquiétante pour un segment qui représente environ 70% de l’emploi dans le secteur privé.
Peut-être plus préoccupant pour les perspectives économiques canadiennes, 57% des répondants ont indiqué qu’ils exploraient activement le déplacement de portions de leurs opérations vers le marché américain – pas seulement pour éviter des tarifs potentiels, mais pour atténuer l’incertitude plus large.
“Il ne s’agit pas seulement de jouer en défense,” explique Ravi Patel, Directeur de la stratégie chez GameMetrics, une entreprise d’analytique sportive basée à Vancouver. “Pour des entreprises comme la nôtre qui servent des clients nord-américains, avoir des opérations des deux côtés de la frontière devient une nécessité stratégique dans cet environnement.”
La Banque du Canada en a pris note. Dans sa dernière déclaration de politique monétaire, elle a spécifiquement cité l’hésitation des investissements d’affaires comme facteur dans ses projections économiques, qui ont été révisées à la baisse de 0,3% pour l’année à venir.
Ce qui est particulièrement troublant pour les économistes, c’est que cette pause d’investissement survient alors que de nombreuses entreprises canadiennes rapportaient des bilans solides et des conditions d’emprunt favorables.