Une opération classifiée de l’agence d’espionnage du Canada a été brusquement interrompue après que la haute direction a découvert qu’elle plaçait les agents du SCRS dans un danger inutile, selon un rapport de surveillance récemment publié qui soulève des questions alarmantes sur la gestion des risques au sein de notre appareil de renseignement national.
L’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement (OSSNR) a révélé que l’opération du Service canadien du renseignement de sécurité a été arrêtée en 2021 lorsque les dirigeants ont appris que les agents de terrain opéraient dans des conditions qui compromettaient potentiellement leur sécurité. L’enquête a établi que les risques opérationnels avaient été mal caractérisés dans les documents d’information présentés à la direction du SCRS.
“Quand on voit des opérations de renseignement interrompues pour des préoccupations de sécurité, cela signale une défaillance potentielle dans la chaîne d’évaluation des risques”, a déclaré Leah West, experte en droit de la sécurité nationale à l’Université Carleton. “La question est de savoir s’il s’agit d’un incident isolé ou d’un indicateur de problèmes systémiques plus larges au sein du SCRS.”
L’enquête de surveillance a déterminé que les dirigeants du SCRS n’avaient pas été pleinement informés des risques opérationnels avant d’approuver la mission. Cette révélation survient à un moment particulièrement délicat pour la communauté du renseignement canadienne, qui fait face à une pression croissante pour contrer l’ingérence étrangère tout en maintenant des protocoles opérationnels stricts.
Le rapport de l’OSSNR, bien que fortement caviardé pour protéger les informations classifiées, met en évidence un écart inquiétant entre les opérations de terrain et la supervision du quartier général. L’examen a révélé qu’une supervision inadéquate et une application incohérente des cadres d’évaluation des risques ont contribué à cette situation dangereuse.
“Les communications internes semblaient minimiser certains risques opérationnels”, indique le rapport, “entraînant l’approbation d’activités qui n’auraient peut-être pas répondu aux normes de sécurité de l’agence elle-même.”
Le directeur du SCRS, David Vigneault, a reconnu les conclusions dans une réponse écrite, déclarant que l’agence a mis en œuvre des “protocoles d’évaluation des risques améliorés” et des “points de contrôle de supervision supplémentaires” pour éviter des situations similaires. Cependant, les experts en sécurité se demandent si ces mesures vont assez loin.
L’incident se produit dans un contexte d’expansion des opérations du SCRS ciblant l’ingérence étrangère, l’espionnage et l’extrémisme, obligeant les agents de renseignement à opérer dans des environnements de plus en plus complexes. Jessica Davis, ancienne agente du SCRS, a déclaré que “l’équilibre entre l’efficacité opérationnelle et la sécurité des agents a toujours été difficile, mais devient encore plus crucial à mesure que les menaces évoluent.”
Le bureau du ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a refusé de commenter les détails opérationnels spécifiques, mais a souligné que “la sécurité de ceux qui protègent la sécurité nationale du Canada est primordiale.”
Ce n’est pas la première fois que le SCRS fait l’objet d’un examen minutieux concernant ses pratiques opérationnelles. En 2020, le juge de la Cour fédérale Patrick Gleeson a critiqué l’agence pour un modèle troublant de fourniture d’informations insuffisantes aux tribunaux lors des demandes de mandats.
L’organisme de surveillance a recommandé des changements complets aux cadres d’évaluation des risques du SCRS, y compris des définitions plus claires des seuils de risque acceptables et des canaux de communication améliorés entre les opérations de terrain et le quartier général. L’OSSNR a également appelé à une formation améliorée pour les gestionnaires opérationnels et à des mesures de responsabilisation accrues pour la haute direction.
Ces révélations soulèvent d’importantes questions pour la politique de sécurité canadienne : Comment pouvons-nous garantir que nos agences de renseignement maintiennent la flexibilité opérationnelle nécessaire tout en mettant en œuvre des protocoles robustes de gestion des risques? Et, peut-être plus fondamentalement, qui est ultimement responsable lorsque les opérations de renseignement placent les agents canadiens en danger?