Dans un revirement surprenant qui défie les vents contraires économiques, le marché du travail canadien a démontré une remarquable résilience en juin, ajoutant 59 900 emplois et faisant baisser le taux de chômage à 6,4 pour cent, contre 6,5 pour cent en mai. Le dernier rapport de Statistique Canada publié vendredi révèle un marché de l’emploi bien au-dessus des attentes des économistes, qui avaient prévu des gains modestes d’environ 20 000 postes.
Cette robuste croissance de l’emploi marque la plus forte performance mensuelle depuis janvier, offrant une lueur d’espoir au milieu des préoccupations persistantes concernant le ralentissement économique. Fait notable, le secteur privé a été le moteur de cette expansion, contribuant à 46 800 nouveaux postes, tandis que l’emploi dans le secteur public est resté relativement stable.
“Les chiffres de juin démontrent une force sous-jacente du marché du travail canadien que beaucoup n’avaient pas anticipée”, a déclaré Royce Mendes, directeur général et chef de la stratégie macro chez Desjardins. “Cependant, nous devrions aborder ces chiffres avec un optimisme prudent, car les indicateurs économiques plus larges suggèrent un refroidissement à venir.”
Malgré les chiffres positifs en première page, le marché du travail révèle des courants complexes sous la surface. L’emploi à temps plein a augmenté de façon impressionnante avec 63 100 postes, tandis que les rôles à temps partiel ont connu une légère baisse de 3 200 emplois. Ce virage vers l’emploi à temps plein signale généralement une confiance des employeurs dans la stabilité économique à long terme.
Le secteur des services a poursuivi sa domination dans la création d’emplois, particulièrement dans les services professionnels, scientifiques et techniques, qui ont ajouté 32 700 postes. Pendant ce temps, le secteur de la production de biens a connu une croissance modeste de 12 200 emplois, la construction représentant la majorité de ces gains.
Au niveau régional, le paysage de l’emploi a montré des variations considérables. L’Ontario a mené la croissance provinciale de l’emploi avec 38 200 nouveaux postes, suivi par la Colombie-Britannique avec 13 800. Le Québec, cependant, a subi une perte de 5 600 emplois malgré la tendance nationale à la hausse, soulignant les disparités économiques régionales à travers le Canada.
Le salaire horaire moyen, un indicateur critique de la santé du marché du travail, a augmenté de 5,2 pour cent sur un an pour atteindre 35,17 $. Bien que cela représente une légère décélération par rapport à l’augmentation de 5,3 pour cent de mai, la croissance des salaires continue de dépasser l’inflation, améliorant le pouvoir d’achat des travailleurs canadiens.
La Banque du Canada, qui a récemment réduit son taux d’intérêt de référence pour la première fois en quatre ans, examinera ces chiffres de près. La croissance de l’emploi plus forte que prévu pourrait potentiellement ralentir le rythme des futures baisses de taux si elle est interprétée comme un signe de force économique persistante.
“Ce rapport sur l’emploi complique le narratif pour la Banque du Canada”, a noté Benjamin Reitzes, directeur général des taux canadiens et stratège macro chez BMO Marchés des capitaux. “Bien que les préoccupations concernant l’inflation se soient quelque peu atténuées, une robuste croissance de l’emploi pourrait faire réfléchir les décideurs politiques quant à l’accélération de l’assouplissement monétaire.”
Le chômage des jeunes a montré une légère amélioration, diminuant à 11,7 pour cent contre 11,9 pour cent en mai, bien qu’il reste significativement plus élevé que la moyenne nationale. Cet écart persistant souligne les défis continus pour les jeunes Canadiens qui entrent sur le marché du travail au milieu de l’incertitude économique.
Le taux de participation à la population active est resté stable à 65,2 pour cent, suggérant que ni les sorties de la population active ni les nouveaux entrants n’ont significativement influencé la baisse du taux de chômage. C’est plutôt une véritable création d’emplois qui semble être le moteur de l’amélioration des chiffres du chômage.
Alors que la politique canadienne continue de se concentrer sur les préoccupations économiques, ces chiffres d’emploi fournissent des munitions tant aux défenseurs qu’aux critiques du gouvernement. Bien que les chiffres en première page suggèrent une résilience économique, des facteurs sous-jacents tels que les disparités régionales et le chômage des jeunes pointent vers des défis persistants.
Pour l’avenir, les économistes restent divisés sur la question de savoir si cette poussée d’emplois représente un tournant ou simplement un répit temporaire avant un refroidissement supplémentaire. Avec les incertitudes économiques mondiales et les problèmes d’accessibilité au logement qui continuent de faire pression sur les ménages canadiens, la question se pose : cette dynamique de l’emploi peut-elle se maintenir jusqu’à la fin de 2024, ou sommes-nous témoins de la dernière floraison avant qu’un ralentissement plus prononcé ne s’installe?