La révolution numérique dans les soins de santé a atteint un tournant critique pour les survivants d’AVC partout au Canada. Une initiative novatrice menée par des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique à Okanagan (UBCO) remet en question les approches traditionnelles de réadaptation en amenant directement la récupération au domicile des patients grâce aux plateformes virtuelles.
“Nous assistons à un changement fondamental dans la façon dont la réadaptation après un AVC peut être dispensée,” explique la Dre Kathleen Martin Ginis, professeure à l’École des sciences de la santé et de l’exercice de l’UBCO et chercheuse principale du projet. “La pandémie nous a forcés à repenser l’accessibilité, et ce que nous avons découvert, c’est que la réadaptation virtuelle n’est pas seulement une solution temporaire—c’est potentiellement une option supérieure pour de nombreux patients.”
L’approche de l’équipe de recherche aborde une réalité troublante dans les soins de santé canadiens : environ 40 % des survivants d’AVC ne reçoivent pas les services de réadaptation recommandés après leur sortie de l’hôpital. Cette lacune dans les soins a un impact significatif sur les résultats de récupération, particulièrement pour ceux vivant dans des communautés rurales ou éloignées où les établissements de réadaptation spécialisés peuvent se trouver à des heures de distance.
Les programmes de réadaptation virtuelle utilisent la technologie de vidéoconférence, des appareils portables et des applications spécialisées pour offrir des séances de thérapie, surveiller les progrès et fournir des commentaires en temps réel. Les premiers résultats de l’étude de l’UBCO montrent des résultats prometteurs non seulement dans les mesures de récupération physique, mais aussi dans l’adhésion et la satisfaction des patients.
“Ce qui est particulièrement encourageant, c’est de voir les patients maintenir leurs régimes d’exercices au-delà de la période de thérapie formelle,” note la Dre Jenna Smith-Turchyn, spécialiste en réadaptation travaillant sur le projet. “Le facteur de commodité ne peut être surestimé—lorsque la thérapie s’intègre dans votre vie plutôt que de la perturber, la cohérence s’améliore considérablement.”
L’impact économique potentiel du programme est tout aussi important. Selon l’analyse de CO24 Business, les soins liés aux AVC coûtent environ 3,6 milliards de dollars par an au système de santé canadien, les services de réadaptation représentant une portion substantielle de ces dépenses. Les alternatives virtuelles pourraient réduire ces coûts tout en élargissant l’accès.
L’initiative a attiré l’attention des autorités sanitaires à travers le Canada, plusieurs provinces explorant maintenant comment intégrer des options de réadaptation virtuelle dans leurs protocoles standards de soins pour les AVC. Le moment coïncide avec des efforts plus larges de numérisation des soins de santé qui se sont accélérés depuis 2020.
“Nous ne suggérons pas que la réadaptation virtuelle devrait remplacer entièrement la thérapie en personne,” prévient la Dre Martin Ginis. “Nous préconisons plutôt un modèle hybride qui tire parti des forces des deux approches. Certaines évaluations et interventions nécessitent encore l’expertise clinique pratique.”
Les témoignages des patients soulignent les avantages pratiques du programme. Michael Chen, un résident de Vancouver âgé de 64 ans qui a subi un AVC il y a 18 mois, décrit le programme virtuel comme “transformateur”.
“Avant, je manquais des séances parce que l’organisation du transport était si compliquée,” explique Chen. “Maintenant, je fais de la thérapie cinq jours par semaine au lieu de deux. La différence dans ma récupération a été remarquable.”
L’équipe de l’UBCO élargit maintenant sa recherche pour inclure des modules spécialisés pour différents niveaux de gravité d’AVC et étapes de récupération. Ils développent également des ressources de soutien supplémentaires pour les membres de la famille qui servent souvent d’aidants informels et d’assistants en réadaptation.
Alors que les systèmes de santé du monde entier sont aux prises avec des contraintes de ressources et le vieillissement des populations, des innovations comme la réadaptation virtuelle après un AVC représentent une évolution cruciale dans la prestation des soins. La question qui se pose maintenant aux autorités sanitaires canadiennes n’est pas de savoir si les options virtuelles devraient être mises en œuvre, mais plutôt à quelle vitesse elles peuvent être étendues pour répondre au besoin croissant de réadaptation accessible et efficace après un AVC dans tout le pays.