Dans une démarche sans précédent vers la réconciliation, les dirigeants provinciaux et territoriaux du Canada se sont réunis aujourd’hui avec des organisations autochtones au lac Rosseau, dans la pittoresque région de Muskoka en Ontario, marquant le premier jour d’un sommet crucial de trois jours. Cette rencontre représente un changement significatif d’approche, les premiers ministres consacrant une journée entière aux préoccupations autochtones avant d’aborder leur agenda habituel du Conseil de la fédération.
La première ministre de l’Ontario, Andrea Horwath, qui accueille sa première réunion du Conseil de la fédération depuis son entrée en fonction, a souligné l’importance de commencer par les voix autochtones. “Nous ne pouvons pas discuter de manière significative de l’avenir du Canada sans d’abord reconnaître et aborder notre relation avec les peuples des Premières Nations, Inuits et Métis,” a déclaré Horwath lors de son discours d’ouverture.
La session d’une journée comprenait des représentants de cinq organisations autochtones nationales : l’Assemblée des Premières Nations, l’Inuit Tapiriit Kanatami, le Ralliement national des Métis, le Congrès des peuples autochtones et l’Association des femmes autochtones du Canada. Ces organisations ont présenté des priorités spécifiques, notamment l’infrastructure de logement, l’accès à l’eau potable et la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
La chef nationale de l’APN, Cindy Woodhouse Nepinak, a qualifié cette session dédiée de “pas dans la bonne direction”, tout en avertissant que “la véritable réconciliation exige plus que des réunions—elle demande des actions concrètes et des investissements substantiels dans les communautés autochtones.”
La réunion se déroule dans un contexte de tensions croissantes concernant les projets de développement des ressources sur les territoires traditionnels et les défis continus dans la mise en œuvre des 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation. Selon le dernier rapport de responsabilisation de l’Institut Yellowhead, seulement 13 appels à l’action ont été pleinement mis en œuvre depuis 2015—un rythme que de nombreux leaders autochtones jugent inacceptablement lent.
Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a souligné la complexité des discussions. “Ce ne sont pas des conversations faciles, mais elles sont essentielles. Chaque province fait face à des défis uniques pour faire avancer la réconciliation tout en équilibrant le développement économique et la protection de l’environnement,” a-t-il déclaré aux journalistes lors de la pause de l’après-midi.
La ministre fédérale des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, était visiblement absente des pourparlers, un point de discorde pour plusieurs leaders autochtones qui ont exprimé leur frustration face à ce qu’ils perçoivent comme un engagement fédéral décroissant sur les questions de réconciliation. Le gouvernement fédéral a maintenu que les relations entre les Autochtones et la Couronne relèvent principalement de la compétence provinciale pour de nombreuses questions pratiques.
Le développement économique a figuré en bonne place dans les discussions, plusieurs premiers ministres soulignant les partenariats réussis entre les gouvernements provinciaux, les entités du secteur privé et les communautés autochtones. Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a souligné les accords de partage des revenus des ressources qui ont généré plus de 20 millions de dollars pour les Premières Nations participantes dans sa province depuis 2019.
Pour la suite, les premiers ministres se concentreront sur le financement des soins de santé, l’inflation et les barrières commerciales interprovinciales pendant les deux jours restants des réunions. Cependant, de nombreux participants ont reconnu que les progrès sur ces questions dépendent d’une avancée significative des efforts de réconciliation.
Alors que ce dialogue crucial se déroule dans la région des chalets de l’Ontario, les Canadiens à travers le pays se demandent : cet engagement dédié avec les leaders autochtones se traduira-t-il par des politiques transformatrices et un véritable partenariat, ou rejoindra-t-il une longue histoire de discussions bien intentionnées qui n’ont pas abouti à des changements significatifs pour les communautés autochtones?
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