Réduction des émissions de gaz anesthésiques dans les hôpitaux canadiens

Olivia Carter
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Les salles d’opération silencieuses des hôpitaux canadiens deviennent des champs de bataille inattendus dans la lutte contre le changement climatique. Dans un virage novateur qui associe soins médicaux et gérance environnementale, des dizaines d’établissements de santé à travers le pays ont commencé à éliminer progressivement certains gaz anesthésiques qui contribuent de façon significative aux émissions de gaz à effet de serre—prouvant que l’action climatique peut survenir dans les endroits les plus inattendus.

L’Hôpital général de Toronto mène la charge, où les anesthésistes ont réduit leur utilisation du desflurane, un anesthésique courant avec un potentiel de réchauffement global 2 500 fois supérieur au dioxyde de carbone, de plus de 80% depuis 2019. “Nous avons essentiellement éliminé une menace climatique dont la plupart des Canadiens n’étaient même pas conscients,” explique Dre Maya Richardson, chef de l’anesthésiologie à l’hôpital. “L’impact environnemental équivaut à retirer environ 300 voitures des routes de Toronto chaque année.”

Cette transition a été adoptée par la communauté médicale canadienne sans compromettre les soins aux patients. Le mouvement a commencé après que des recherches publiées dans le Journal de l’Association médicale canadienne ont révélé que les activités de soins de santé représentent près de 5% de l’empreinte carbone totale du Canada, les pratiques en salle d’opération étant des contributeurs importants. Les gaz anesthésiques à eux seuls étaient responsables d’émissions équivalentes à celles produites par 200 000 véhicules de tourisme chaque année.

L’Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME) a documenté des initiatives similaires dans plus de 40 hôpitaux de Vancouver à Halifax, créant un mouvement national au sein du secteur de la santé. Les établissements passent à des anesthésiques alternatifs ayant des impacts environnementaux moindres, comme le sévoflurane et le propofol, qui offrent des résultats cliniques comparables avec une fraction de l’empreinte carbone.

C’est un exemple parfait du principe médical ‘primum non nocere’ (d’abord, ne pas nuire) étendu à la santé environnementale,” déclare Dr Aaron Bernstein, spécialiste en médecine environnementale à l’Université McGill. “Nous reconnaissons que la santé planétaire et la santé humaine sont inséparables.”

Les implications financières de ce changement sont tout aussi impressionnantes. Le Réseau universitaire de santé de Toronto rapporte des économies annuelles dépassant 200 000 $ depuis la mise en œuvre de leur programme de réduction des gaz anesthésiques en 2020. Ces fonds ont été réorientés vers l’expansion d’initiatives vertes au sein du système hospitalier, créant un cycle vertueux d’amélioration environnementale.

Le mouvement a attiré l’attention des autorités sanitaires fédérales, Santé Canada élaborant maintenant des lignes directrices pour aider à standardiser les pratiques d’anesthésie à faibles émissions à l’échelle nationale. L’agence estime que si tous les hôpitaux canadiens adoptaient des mesures similaires, la réduction des gaz à effet de serre équivaudrait à retirer plus de 30 000 véhicules des routes canadiennes.

Les organisations médicales internationales l’ont également remarqué. L’initiative du Canada a été soulignée lors de la récente conférence de l’Organisation mondiale de la santé sur le changement climatique et la santé, où des représentants de vingt pays ont exprimé leur intérêt à mettre en œuvre des programmes similaires.

Les critiques s’inquiétaient initialement que la transition des anesthésiques traditionnels puisse compromettre les soins aux patients, particulièrement pour les chirurgies complexes. Cependant, les données recueillies auprès des hôpitaux participants au cours des trois dernières années n’ont montré aucun impact négatif sur les résultats des patients, les temps de récupération ou l’efficacité chirurgicale.

Alors que cette révolution médicale progresse silencieusement dans les salles d’opération à travers le pays, une question profonde émerge: si notre système de santé peut réussir à traiter son impact environnemental tout en maintenant l’excellence des soins aux patients, quels autres secteurs de la société canadienne pourraient réaliser des transformations similaires avec des approches tout aussi réfléchies de la durabilité?

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