Dans une démarche importante visant à moderniser l’infrastructure de santé du Canada, le médecin hygiéniste en chef de l’Ontario, Dr Kieran Moore, s’est joint aux appels croissants en faveur d’un registre national complet des vaccins. Ce système numérique transformerait fondamentalement la façon dont les dossiers de vaccination sont conservés au-delà des frontières provinciales, remplaçant l’approche fragmentée actuelle qui a maintes fois démontré ses limites lors des urgences de santé publique.
“Ce que nous préconisons, c’est une approche intégrée et fluide du suivi des vaccinations,” a expliqué le Dr Moore lors d’une conférence de presse à Queen’s Park hier. “Le système actuel de bases de données provinciales cloisonnées crée des obstacles inutiles à la prestation efficace des soins de santé et aux capacités d’intervention d’urgence.”
Cette initiative survient alors qu’on reconnaît de plus en plus que les systèmes décentralisés d’information sur la santé du Canada ont créé d’importants défis pendant la pandémie de COVID-19. Lorsque des millions de Canadiens ont eu besoin d’un accès rapide à leurs dossiers de vaccination pour voyager, vérifier leur emploi ou assister à des événements publics, l’absence d’un système unifié a entraîné des retards, de la confusion et des fardeaux administratifs qui auraient pu être évités.
Le plaidoyer du Dr Moore s’aligne sur les recommandations de l’Association médicale canadienne, qui a depuis longtemps identifié la fragmentation de l’information sanitaire comme une vulnérabilité critique dans l’infrastructure de santé du pays. “Lors des urgences de santé publique, nous avons besoin de données immédiates et précises pour prendre des décisions éclairées,” a souligné la présidente de l’AMC, Dre Kathleen Ross, dans une déclaration soutenant l’initiative.
Le registre proposé créerait une base de données centralisée et sécurisée, accessible aux prestataires de soins autorisés à travers les frontières provinciales et territoriales. Les experts en protection de la vie privée consultant sur le projet ont souligné que des protocoles de sécurité robustes seraient mis en œuvre pour protéger les informations sanitaires sensibles tout en permettant l’accès nécessaire aux professionnels de la santé.
Selon les analystes des politiques de santé de l’Université de Toronto, l’argument économique en faveur d’un registre national est convaincant. Les estimations actuelles suggèrent que les redondances administratives des systèmes provinciaux coûtent environ 87 millions de dollars par an aux contribuables – des fonds qui pourraient être réorientés vers les services de santé de première ligne.
“Il ne s’agit pas seulement de commodité,” a expliqué le Dr Moore. “C’est une question de sécurité de la santé publique. Lorsque la prochaine pandémie ou épidémie surviendra, avoir une visibilité immédiate sur la couverture vaccinale à travers le pays sauvera des vies et permettra des efforts de réponse plus ciblés et efficaces.”
Les ministres provinciaux de la Santé doivent discuter de cette proposition lors de la conférence fédérale-provinciale sur la santé le mois prochain à Ottawa. Bien que des questions de compétence demeurent concernant la mise en œuvre et les arrangements de partage des coûts, les réactions initiales de plusieurs provinces suggèrent un consensus croissant sur la nécessité d’une meilleure intégration.
Le registre proposé s’appuierait sur l’infrastructure de santé numérique existante tout en ajoutant de nouvelles capacités pour le partage de données interprovincial, l’accès mobile pour les citoyens et des analyses améliorées pour identifier les populations vulnérables lors d’épidémies.
Alors que le Canada continue de renforcer ses systèmes de santé publique suite aux leçons tirées pendant la pandémie, la question demeure: les autorités fédérales et provinciales pourront-elles surmonter les divisions juridictionnelles traditionnelles pour créer une approche véritablement intégrée du suivi de la vaccination, ou le Canada continuera-t-il avec un système fragmenté qui laisse des lacunes dans notre sécurité sanitaire collective?