Le plan de remplacement de la prison de Sa Majesté progresse à Terre-Neuve

Olivia Carter
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À l’ombre du port de St. John’s se dresse une forteresse délabrée d’époque victorienne qui accueille des détenus depuis 1859. Le pénitencier de Sa Majesté, l’un des établissements correctionnels les plus anciens et tristement célèbres du Canada, pourrait enfin entrer dans son dernier chapitre, les responsables de Terre-Neuve-et-Labrador confirmant des progrès significatifs concernant son remplacement tant attendu.

L’établissement de 165 ans, avec ses murs de pierre usés et son infrastructure désuète, fait l’objet de critiques cinglantes depuis des décennies. Les agents correctionnels décrivent des conditions de travail dangereuses et archaïques, tandis que les détenus endurent des cellules exiguës, une ventilation inadéquate et des installations que les experts en santé mentale ont jugées « contre-productives à la réhabilitation ».

« Cette institution appartient à un musée, pas au fonctionnement actif de notre système judiciaire », a déclaré Robert Jenkins, un ancien agent correctionnel qui a servi au pénitencier pendant 22 ans. « Les limitations physiques du bâtiment rendent impossible la mise en œuvre de pratiques correctionnelles modernes. »

La ministre provinciale de la Justice, Sarah Strickland, a annoncé hier que le projet de remplacement est passé à la phase finale de conception, avec un début de construction prévu pour début 2026. Le nouvel établissement, planifié à environ 20 kilomètres à l’ouest de St. John’s, augmentera la capacité de 145 à 216 lits et intégrera des espaces modernes de réhabilitation.

« Ce remplacement représente non seulement un nouveau bâtiment, mais aussi un changement philosophique dans notre approche des services correctionnels », a déclaré Strickland lors de l’annonce. « Notre priorité est de créer un environnement qui privilégie la réhabilitation tout en maintenant les normes de sécurité nécessaires. »

Le projet de 300 millions de dollars a connu de nombreux retards depuis sa première proposition en 2014. Des contraintes financières, l’évolution des priorités politiques et des désaccords concernant l’emplacement de l’établissement ont repoussé à plusieurs reprises le calendrier. Un rapport de 2022 du vérificateur général provincial a critiqué « l’échec persistant à remédier aux conditions de détérioration » de l’établissement actuel.

Les défenseurs autochtones ont accueilli favorablement ce développement, mais soulignent la nécessité d’espaces culturellement appropriés. « Environ 30 % des détenus du pénitencier de Sa Majesté sont autochtones, bien qu’ils ne représentent que 9 % de la population provinciale », a noté Ellen Francis de la Coalition pour la justice autochtone. « Le nouvel établissement doit intégrer des espaces dédiés aux pratiques de guérison traditionnelles et des programmes de réhabilitation culturellement adaptés. »

Le vieux pénitencier a été témoin de plusieurs incidents très médiatisés ces dernières années, notamment une émeute en 2023 qui a causé d’importants dommages à une aile et mis en évidence les vulnérabilités sécuritaires de l’établissement. Une enquête ultérieure a révélé que la surpopulation et des services de santé mentale inadéquats avaient contribué aux troubles.

Dr. Marcus Powell, expert en politique correctionnelle à l’Université Memorial, estime que le remplacement est attendu depuis longtemps, mais met en garde contre la simple construction d’une version plus grande du même modèle. « Les preuves sont claires que les grands établissements institutionnels ne produisent pas les meilleurs résultats. La conception doit privilégier des unités de vie plus petites avec des ratios de personnel appropriés et un véritable accès aux services de réhabilitation. »

Le gouvernement provincial estime que le nouvel établissement créera environ 380 emplois dans la construction et emploiera finalement 210 employés à temps plein, représentant une augmentation de 40 % par rapport aux niveaux actuels de dotation du pénitencier de Sa Majesté.

Alors que la planification avance, des questions demeurent quant à l’avenir de ce site historique du front de mer une fois le pénitencier fermé. Des groupes de préservation du patrimoine ont plaidé pour l’adaptation de certaines parties de la structure en musée ou en établissement éducatif qui reconnaîtrait son héritage complexe dans l’histoire de Terre-Neuve.

Alors que le Canada continue de lutter pour la réforme correctionnelle et la réconciliation avec les peuples autochtones, ce nouvel établissement représentera-t-il véritablement une rupture avec les approches punitives du passé, ou ne fera-t-il que transposer des philosophies dépassées dans un contenant plus moderne?

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