Alors que la Régie de la santé de l’Intérieur annonce la réouverture progressive des services pédiatriques à l’hôpital général de Kelowna (KGH), une vague d’inquiétude déferle sur la communauté, révélant des anxiétés profondément ancrées concernant la stabilité des soins de santé dans la région.
L’annonce, qui survient après des mois d’interruption de services, a suscité des réactions mitigées de la part des parents, des défenseurs des soins de santé et des professionnels médicaux à travers la vallée de l’Okanagan. Bien que le rétablissement de ces services essentiels représente un pas en avant, de nombreux résidents demeurent sceptiques quant à la viabilité du plan.
“Nous avons déjà vécu ce cycle auparavant,” explique Sarah Winters, mère de trois enfants dont le plus jeune a eu besoin de soins d’urgence durant la fermeture précédente. “Les solutions temporaires et les promesses ne résolvent pas les problèmes fondamentaux de personnel qui ont causé la fermeture en premier lieu.”
Les responsables de la Régie de la santé de l’Intérieur ont présenté une approche graduelle pour rétablir les soins pédiatriques au KGH, en commençant par les services d’urgence pour éventuellement étendre aux capacités complètes d’hospitalisation. L’autorité sanitaire cite les récents succès de recrutement et les modèles de dotation révisés comme facteurs clés permettant la réouverture.
Dr. Michael Chen, pédiatre exerçant à Kelowna depuis plus de 15 ans, exprime un optimisme prudent. “La reprise de ces services est absolument essentielle pour les enfants de notre communauté, mais nous avons besoin de solutions à long terme pour éviter de futures perturbations. L’impact psychologique sur les familles qui craignent que les services puissent à nouveau disparaître ne doit pas être sous-estimé.”
La fermeture de l’unité pédiatrique a forcé de nombreuses familles de l’Okanagan à se rendre à Kamloops ou Vancouver pour des soins spécialisés, créant des difficultés financières et une tension émotionnelle durant des périodes déjà difficiles. Des défis similaires d’accès aux soins de santé ont émergé dans plusieurs régions à travers la Colombie-Britannique.
Lors d’un forum communautaire tenu la semaine dernière, les représentants de la Régie de la santé de l’Intérieur ont fait face à des questions pointues concernant les stratégies de rétention du personnel et les plans d’urgence en cas de nouvelles pénuries. De nombreux participants ont exprimé leur frustration face à ce qu’ils décrivent comme une planification réactive plutôt que proactive des soins de santé.
“L’annonce de la réouverture sonne creux sans aborder les problèmes systémiques de notre système de santé,” a commenté Robert Takeda, porte-parole de la Coalition pour la défense des soins de santé de l’Okanagan. “Nous avons besoin de transparence sur ce qui sera fait différemment cette fois pour garantir la durabilité.”
Les données provinciales de santé indiquent que les services pédiatriques dans toute la C.-B. ont fait face à une pression sans précédent ces dernières années, avec des pénuries de personnel exacerbées par l’épuisement lié à la pandémie, le recrutement compétitif d’autres provinces et le vieillissement du personnel de santé.
La réouverture progressive reflète des défis plus larges dans la prestation des soins de santé à travers le Canada, où les communautés rurales et de taille moyenne luttent souvent pour maintenir des services médicaux spécialisés malgré des populations croissantes.
Pour les résidents de Kelowna comme Jennifer Morris, dont le fils souffre d’une affection respiratoire chronique, l’annonce apporte un soulagement teinté d’incertitude. “Nous sommes reconnaissants que les services reviennent, mais vivre avec l’anxiété constante qu’ils pourraient à nouveau disparaître est épuisant. Nos enfants méritent mieux que cette instabilité.”
Alors que la Régie de la santé de l’Intérieur procède à son plan de réouverture, la question demeure : ce redémarrage des services pédiatriques au KGH représentera-t-il une solution durable, ou simplement un répit temporaire face à une crise de soins de santé qui continue de mettre au défi les communautés à travers la Colombie-Britannique?