Dans l’ombre des annonces de tarifs douaniers du président Trump, le Canada se trouve dans une position précaire—avec une lacune importante dans son équipe dirigeante au moment même où la coordination économique est des plus cruciales. Le député conservateur Jamil Jivani a tiré la sonnette d’alarme concernant ce qu’il qualifie d’absence flagrante dans le cabinet du Premier ministre Trudeau : le poste de ministre du Travail qui reste vacant depuis la démission inattendue d’avril.
“En ce moment crucial où les travailleurs canadiens font face à l’incertitude causée par les perturbations commerciales transfrontalières, nous fonctionnons sans ministre du Travail dédié pour coordonner notre réponse nationale,” a confié Jivani à CO24 News lors d’une entrevue exclusive hier. “Ce n’est pas qu’une simple négligence administrative—c’est un échec à prioriser la protection des moyens de subsistance des Canadiens.”
Ces préoccupations surviennent alors que l’administration du président Trump avance dans la mise en œuvre d’un tarif de 25% sur toutes les exportations canadiennes entrant aux États-Unis, représentant l’action commerciale la plus significative contre le Canada depuis des décennies. Les analystes économiques de la Banque Royale du Canada prévoient des pertes d’emplois potentielles se chiffrant à des dizaines de milliers si les tarifs restent en place jusqu’au dernier trimestre de 2025.
Le bureau du Premier ministre a défendu son approche, la porte-parole Emma Richardson déclarant : “Les responsabilités du portefeuille du Travail sont gérées en collaboration par le ministre de l’Emploi et le ministre de l’Industrie. Notre gouvernement reste pleinement engagé auprès des syndicats, des leaders industriels et des homologues provinciaux pendant cette période difficile.”
Toutefois, les critiques des secteurs des affaires et du travail remettent en question l’efficacité de cette approche dispersée. La présidente du Congrès du travail du Canada, Bea McMillan, a exprimé sa frustration face à ce qu’elle décrit comme des “canaux de communication fragmentés” lors des réunions préliminaires d’évaluation d’impact.
“Quand nous parlons de fermetures potentielles d’usines à Windsor, de perturbations forestières en Colombie-Britannique et de contractions dans le secteur de l’aluminium au Québec, nous avons besoin d’un interlocuteur unique coordonnant la stratégie canadienne de protection des travailleurs,” a souligné McMillan.
Les données de l’analyse de CO24 Business indiquent que les secteurs de l’automobile, du bois d’œuvre et de l’énergie sont les plus vulnérables, Statistique Canada estimant que ces industries emploient plus de 745 000 Canadiens dont les emplois pourraient être directement ou indirectement affectés par les mesures tarifaires.
La situation semble particulièrement difficile en Ontario et au Québec, où les chaînes d’approvisionnement intégrées avec les fabricants américains ont prospéré sous les accords commerciaux précédents. Les dirigeants provinciaux ont appelé à des réunions immédiates de coordination fédérale, le premier ministre de l’Ontario, David Chen, demandant “un leadership fédéral clair sur la planification de la transition des travailleurs” si des mises à pied temporaires devenaient nécessaires.
Le ministre de l’Industrie, François Blanc, a défendu la structure actuelle du gouvernement au Parlement hier, déclarant : “Notre administration est pleinement engagée dans tous les départements. L’absence d’un titre unique de ministre du Travail ne reflète pas une absence d’attention à la protection des travailleurs canadiens.”
Pendant ce temps, Jivani a proposé l’approche alternative du Parti conservateur, suggérant un “Plan de protection des communautés frontalières” qui fournirait un soutien ciblé aux régions les plus touchées tandis que le Canada poursuit des recours diplomatiques et juridiques via les mécanismes de l’Organisation mondiale du commerce.
“Quand des communautés de Windsor à Fort Frances font face à l’incertitude économique, elles méritent une représentation au niveau du cabinet concentrée spécifiquement sur leurs défis,” a noté Jivani, faisant référence aux reportages de Canada News concernant des installations manufacturières qui suspendent déjà leurs plans d’expansion dans les régions frontalières.
Alors que les canaux diplomatiques restent ouverts entre Ottawa et Washington, la question persiste : dans cette confrontation commerciale sans précédent, la structure du cabinet canadien est-elle conçue de manière optimale pour protéger les intérêts des travailleurs pris dans le feu croisé de la politique commerciale internationale?