Face au spectre des tarifs punitifs qui plane à nouveau sur la frontière canado-américaine, le premier ministre Justin Trudeau a adopté une position ferme, promettant qu’Ottawa défendra sans relâche les travailleurs et les entreprises canadiennes contre les menaces commerciales croissantes de Washington.
“Nous défendrons toujours les intérêts canadiens, les travailleurs canadiens et les entreprises canadiennes,” a déclaré Trudeau lors d’une conférence de presse à Vancouver, son ton résolu face aux récentes promesses de campagne de l’ancien président Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers généralisés s’il retourne au pouvoir en 2024.
Les enjeux économiques ne pourraient être plus élevés. Le tarif universel de 10 % sur les importations proposé par Trump – avec des taux potentiellement plus élevés spécifiquement pour le Canada – menace de bouleverser la relation commerciale soigneusement équilibrée entre les deux nations. Avec des échanges bilatéraux dépassant 1 billion de dollars annuellement et soutenant des millions d’emplois des deux côtés de la frontière, les analystes de CO24 Business notent que de telles mesures pourraient déclencher d’importantes perturbations économiques.
La vice-première ministre Chrystia Freeland a souligné la nature intégrée des deux économies, affirmant : “Nos chaînes d’approvisionnement sont profondément interconnectées. Tous tarifs nuiraient aux entreprises et consommateurs américains autant qu’aux canadiens.” Ses commentaires reflètent la réalité que les composants de nombreux produits traversent la frontière plusieurs fois pendant leur fabrication.
La mention spécifique du Canada par Trump comme cible potentielle marque un changement significatif de rhétorique. Lors d’un récent rassemblement de campagne, il a affirmé : “Le Canada profite des États-Unis depuis de nombreuses années,” ajoutant que les tarifs “leur donneraient une leçon.”
Les experts économiques interrogés par CO24 News avertissent que de tels tarifs pourraient déclencher une inflation importante dans les deux pays. Mark Thompson, économiste en chef du Groupe financier de Toronto, a expliqué : “Quand on augmente artificiellement le coût des marchandises, ce sont finalement les consommateurs qui paient. Ces tarifs fonctionneraient effectivement comme une taxe sur les consommateurs américains.”
Le moment de ces menaces coïncide avec les discussions en cours concernant l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), qui doit être révisé en 2026. Des sources au sein d’Affaires mondiales Canada indiquent que des préparatifs sont déjà en cours pour ce qui pourrait être des négociations difficiles si le paysage politique change à Washington.
Les dirigeants provinciaux ont également exprimé leurs inquiétudes. Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, dont le secteur manufacturier de la province est profondément intégré aux chaînes d’approvisionnement américaines, a appelé à une approche unifiée. “Ce n’est pas une question de politique—il s’agit de protéger les emplois et les moyens de subsistance des deux côtés de la frontière,” a déclaré Ford dans une usine de fabrication à Windsor.
Les perturbations commerciales potentielles s’étendent au-delà de la fabrication traditionnelle. Les entreprises technologiques, l’agriculture et les secteurs de l’énergie font tous face à une incertitude significative. Selon les données de Statistique Canada, environ 75 % des exportations canadiennes vont aux États-Unis, ce qui rend toute barrière commerciale particulièrement conséquente pour l’économie canadienne.
Les experts en commerce international soulignent que tous nouveaux tarifs feraient probablement face à des contestations en vertu des règles de l’Organisation mondiale du commerce et des dispositions de l’ACEUM. “Il existe des mécanismes juridiques spécifiquement conçus pour empêcher les barrières commerciales arbitraires,” a noté la Dre Eleanor Richards, professeure de droit commercial international à l’Université McGill.
Les responsables canadiens ont souligné que, bien qu’ils espèrent des relations positives continues, une planification d’urgence est en cours. “Nous avons déjà navigué à travers des défis commerciaux auparavant, et nous serons prêts à le faire à nouveau si nécessaire,” a déclaré la ministre du Commerce Mary Ng après des réunions avec des représentants de l’industrie à Ottawa.
Alors que les deux nations approchent des cycles électoraux avec des politiques économiques au premier plan, la question demeure : le partenariat économique profond entre le Canada et les États-Unis pourra-t-il résister aux chocs potentiels des politiques protectionnistes, ou sommes-nous témoins du début d’une restructuration fondamentale des relations commerciales nord-américaines?