Répression de l’extorsion dans les bars de Montréal alors que la police cible un réseau croissant

Olivia Carter
6 Min Read
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Dans les recoins obscurs du quartier animé de la vie nocturne montréalaise, une réalité troublante émerge derrière les verres qui s’entrechoquent et la musique entraînante. Les propriétaires de bars et de restaurants à travers la ville font face à des tentatives d’extorsion organisées de plus en plus nombreuses, provoquant une réponse énergique des forces de l’ordre déterminées à démanteler ce qui semble être un réseau criminel sophistiqué.

“Ils sont entrés pendant notre heure la plus achalandée un vendredi soir,” raconte Michel Tremblay, propriétaire d’un bistro populaire dans le quartier du Plateau Mont-Royal, qui a demandé que son établissement reste anonyme. “Deux hommes en complets chics m’ont dit que j’avais besoin de ‘protection’ et exigeaient 5 000 $ par mois. Quand j’ai refusé, ils ont souri et dit qu’ils reviendraient. Trois jours plus tard, nos vitrines étaient fracassées.”

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a confirmé hier qu’au moins 27 établissements ont signalé des tactiques d’intimidation similaires depuis janvier, marquant une augmentation de 65 % par rapport à la même période l’année dernière. Les demandes d’extorsion varient généralement de 3 000 $ à 10 000 $ par mois, avec des menaces qui s’intensifient, allant des dommages matériels aux préjudices personnels lorsque les propriétaires résistent.

L’inspectrice Sophie Marchand, responsable de la nouvelle Escouade anti-extorsion, a révélé lors d’une conférence de presse que les preuves préliminaires suggèrent des liens avec des groupes du crime organisé établis. “Nous observons un niveau de coordination qui indique qu’il ne s’agit pas d’opportunisme aléatoire, mais plutôt d’une entreprise criminelle calculée avec une structure hiérarchique,” a expliqué Marchand.

L’enquête a déjà donné des résultats. La semaine dernière, les agents du SPVM ont arrêté quatre suspects prétendument liés à au moins huit cas d’extorsion ciblant des établissements du Vieux-Montréal et du Village gai. Les documents judiciaires indiquent que les suspects ont des liens avec des familles criminelles traditionnelles et des organisations criminelles plus récentes ayant des connexions internationales.

L’impact économique va au-delà des paiements directs d’extorsion. L’Association des restaurateurs du Canada estime que les entreprises touchées connaissent typiquement une baisse de revenus de 15 à 20 % après des incidents d’intimidation, car le personnel démissionne par peur et la clientèle diminue. Pour une industrie encore en convalescence des défis liés à la pandémie, cette pression supplémentaire menace la viabilité de nombreux établissements.

Les responsables municipaux ont réagi en allouant 2,3 millions de dollars pour des mesures de sécurité renforcées, incluant des caméras de surveillance supplémentaires dans les zones à haut risque et des agents en civil intégrés dans les quartiers de vie nocturne. La mairesse Valérie Plante a abordé la situation lors de la réunion du conseil municipal d’hier, la qualifiant “d’assaut contre le tissu culturel et économique de Montréal” qui exige “une action rapide et décisive.”

“Ce qui rend cette situation particulièrement préoccupante, c’est la sophistication,” explique la criminologue Marie Beaulieu de l’Université de Montréal. “Ces groupes utilisent la surveillance numérique pour identifier des cibles potentielles, surveillent les habitudes commerciales, et suivent même les routines personnelles des propriétaires avant d’établir un contact. C’est de l’extorsion améliorée par la technologie moderne.”

Pour les propriétaires d’entreprises comme Antoine Leclair, qui exploite un bar à cocktails à Saint-Henri, le coût psychologique est immense. “On regarde constamment par-dessus son épaule,” partage-t-il. “J’ai installé des caméras de sécurité supplémentaires, embauché des portiers, et je m’inquiète quand même pour la sécurité de mon personnel chaque soir. Certaines nuits, je ne dors pas du tout.”

Des sources policières s’exprimant sous couvert d’anonymité ont indiqué que l’enquête s’est élargie pour examiner les liens potentiels entre le réseau d’extorsion et les récentes opérations de blanchiment d’argent identifiées à travers le Québec. Les unités de renseignement financier scrutent maintenant les transactions suspectes qui pourraient relier les produits de l’extorsion à des entreprises légitimes.

La réponse communautaire a été tout aussi significative, avec l’Association des restaurateurs de Montréal qui a établi un système de signalement anonyme et un fonds d’urgence pour les établissements touchés. “La seule façon de lutter contre ça, c’est ensemble,” affirme le président de l’association, Jean-François Archambault. “Le silence et l’isolement ne font que renforcer ces criminels.”

À l’approche de l’été – généralement la saison la plus rentable pour l’industrie hôtelière montréalaise – les autorités et les propriétaires d’entreprises font face à une pression croissante pour contenir la menace. Cette réponse coordonnée sera-t-elle suffisante pour protéger la culture nocturne célèbre de Montréal, ou sommes-nous témoins du début d’une bataille prolongée pour l’âme des quartiers de divertissement de la ville?

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