Après des mois de stagnation, les négociations commerciales entre le Canada et le Royaume-Uni ont retrouvé un nouvel élan suite à d’importants changements de leadership des deux côtés de l’Atlantique. La nomination de Mark Carney comme ministre des Finances du Canada et l’ascension de Keir Starmer au poste de Premier ministre britannique ont insufflé une nouvelle énergie aux discussions qui s’étaient auparavant enlisées sous différentes administrations.
La reprise des pourparlers survient à un moment crucial pour les deux nations qui cherchent à redéfinir leurs relations économiques dans un monde post-Brexit. Lors de sa récente visite à Londres, Carney a engagé ce que des sources ont décrit comme des “discussions productives” avec les responsables britanniques, signalant une percée potentielle dans des négociations qui traînent depuis 2021.
“Nous envisageons une réinitialisation de ces négociations avec des perspectives nouvelles et une volonté politique renouvelée,” a déclaré Carney lors d’une conférence de presse à la Maison du Canada à Londres. “Les deux nations reconnaissent les avantages mutuels du renforcement de notre partenariat commercial historique avec des cadres modernes qui répondent aux réalités économiques d’aujourd’hui.”
Les enjeux sont considérables pour les deux pays. Le Royaume-Uni représente le troisième partenaire commercial du Canada, avec des échanges bilatéraux dépassant 27 milliards de dollars annuellement. Pour la Grande-Bretagne, qui navigue encore dans son paysage économique post-UE, la conclusion d’accords commerciaux complets reste une priorité absolue pour démontrer que sa stratégie de “Grande-Bretagne mondiale” a du fond.
Les négociations précédentes ont fait face à des obstacles importants, particulièrement concernant les produits agricoles, les agriculteurs britanniques exprimant des inquiétudes quant à l’afflux potentiel de bœuf et de produits laitiers canadiens sur les marchés britanniques. Pendant ce temps, les négociateurs canadiens ont poussé pour un meilleur accès au secteur des services financiers britanniques et des arrangements de mobilité améliorés pour les professionnels.
Les analystes de l’industrie suggèrent que la connexion personnelle entre Carney et Starmer pourrait s’avérer cruciale. “La position unique de Carney en tant qu’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre lui confère une crédibilité et une compréhension des priorités économiques britanniques que peu d’autres responsables canadiens pourraient égaler,” a noté Patricia Reynolds, analyste principale des politiques commerciales à l’Institut économique canadien.
Le ministre britannique du Commerce, Jonathan Reynolds, a confirmé que les questions agricoles restent litigieuses mais a exprimé son optimisme quant à la possibilité de trouver un terrain d’entente. “Nous abordons ces discussions avec pragmatisme et détermination pour conclure un accord qui fonctionne pour les agriculteurs, les entreprises et les consommateurs des deux côtés,” a-t-il déclaré dans des remarques au Parlement la semaine dernière.
Pour les entreprises canadiennes, l’accord potentiel représente une opportunité de diversifier les marchés d’exportation au-delà des États-Unis, qui représentent actuellement environ 75% des exportations canadiennes. La Chambre de commerce de Toronto a exhorté les négociateurs à prioriser les dispositions sur le commerce numérique et l’alignement réglementaire pour créer des opportunités pour les entreprises technologiques et les prestataires de services canadiens.
Les deux parties semblent désireuses de conclure les négociations avant les prochaines élections fédérales au Canada, potentiellement dès le printemps 2025, ce qui ajoute de l’urgence aux discussions. Des sources proches des pourparlers suggèrent qu’un accord-cadre pourrait émerger d’ici début 2025 si l’élan actuel se maintient.
Les négociations revitalisées reflètent également des changements géopolitiques plus larges, les démocraties occidentales cherchant de plus en plus à renforcer les liens économiques entre elles dans un contexte de tensions croissantes avec la Chine et la Russie. “Ce ne sont pas seulement des pourparlers commerciaux—ils représentent un réalignement stratégique de nations partageant les mêmes idées dans une économie mondiale de plus en plus polarisée,” a expliqué l’experte en relations internationales, Dr Helena Worthington.
Alors que les deux pays naviguent dans des incertitudes économiques, y compris une inflation persistante et une croissance lente, comment cet accord commercial potentiel pourrait-il remodeler les avenirs économiques du Canada et du Royaume-Uni de manière à profiter aux citoyens des deux côtés de l’Atlantique plutôt qu’aux seuls intérêts des entreprises?