Restrictions sur l’importation d’acier au Canada pour protéger l’industrie des tarifs américains

Olivia Carter
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Dans une démarche décisive visant à protéger les aciéristes canadiens des effets des politiques commerciales américaines, la vice-première ministre Chrystia Freeland a annoncé lundi des restrictions d’importation qui pourraient considérablement remodeler le paysage commercial de l’acier en Amérique du Nord. Ces mesures, élaborées en réponse aux récentes hausses des tarifs sur l’acier par l’administration Biden, représentent l’action commerciale la plus agressive du Canada depuis des années et signalent des tensions économiques croissantes entre des voisins traditionnellement alignés.

“L’industrie canadienne de l’acier soutient plus de 125 000 emplois directs et indirects à travers notre pays,” a déclaré Freeland dans une aciérie de Hamilton, où des travailleurs acquiesçaient derrière elle. “Nous ne pouvons pas et ne permettrons pas que l’acier étranger détourné du marché américain inonde le Canada, menaçant ces emplois et les communautés qui en dépendent.”

Les restrictions ciblent sept catégories de produits d’acier, imposant des contingents tarifaires qui plafonneront effectivement les importations aux niveaux moyens récents. Une fois ces seuils atteints, les importations seront soumises à des tarifs substantiels de 25 % – reflétant exactement l’approche adoptée par les États-Unis dans leurs propres mesures protectionnistes.

Les analystes de RBC Marchés des Capitaux estiment que cette politique pourrait préserver jusqu’à 2,7 milliards de dollars de production d’acier nationale annuelle qui aurait pu être perdue au profit de concurrents étrangers. Les géants canadiens de l’acier comme Stelco Holdings et ArcelorMittal Dofasco, dont les valeurs boursières ont fluctué en raison de l’incertitude commerciale, ont connu des augmentations immédiates de leurs cours en bourse suite à l’annonce.

Ces mesures protectrices arrivent à un moment critique pour l’industrie sidérurgique nord-américaine. La décision du président Biden de quadrupler les tarifs sur l’acier et l’aluminium chinois tout en prolongeant les protections de l’ère Trump a créé ce que les économistes du commerce appellent un “effet de détournement” – où l’acier initialement destiné aux marchés américains cherche des destinations alternatives comme le Canada.

“Il ne s’agit pas seulement de protéger les aciéristes canadiens,” explique Dr. Heather McPherson, économiste spécialisée en commerce à l’Université de Toronto. “Il s’agit d’empêcher le Canada de devenir un dépotoir pour la production mondiale excédentaire d’acier qui ne peut plus accéder au marché américain.”

Tout le monde ne voit pas ces restrictions d’un bon œil. Les entreprises de construction et les fabricants qui dépendent de composants d’acier importés ont exprimé leurs inquiétudes concernant de potentielles hausses de prix. L’Association canadienne de la construction estime que ces mesures pourraient ajouter 3 à 5 % aux coûts des infrastructures majeures à un moment où le pays fait face à des pénuries aiguës de logements.

“Nous comprenons l’instinct protecteur du gouvernement envers la production primaire d’acier,” a déclaré Marco DiCarlo de l’Alliance canadienne des consommateurs d’acier. “Mais ces restrictions risquent de nuire aux industries en aval qui emploient beaucoup plus de Canadiens que les aciéries elles-mêmes.”

Cette politique représente un exercice d’équilibre délicat pour le gouvernement Trudeau, qui a historiquement défendu le libre-échange tout en faisant face à des pressions pour maintenir les emplois manufacturiers dans des régions politiquement cruciales comme le sud de l’Ontario. L’annonce intervient quelques mois avant une potentielle élection fédérale, la sécurité économique émergeant comme un thème central de campagne.

L’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, qui a contribué à façonner cette politique, a défendu l’approche comme étant pragmatique plutôt que protectionniste. “Dans un monde idéal, nous n’aurions pas besoin de ces mesures,” a reconnu Carney. “Mais nous répondons à la réalité d’un marché mondial de l’acier déformé par la surcapacité et les interventions gouvernementales dans de nombreux pays.”

Les restrictions incluent notamment des exemptions pour les importations d’acier en provenance de pays avec lesquels le Canada a des accords de libre-échange, notamment le Mexique, le Chili et les membres de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste.

Alors que les marchés mondiaux de l’acier s’adaptent à cette nouvelle réalité, la question clé demeure: ces mesures protégeront-elles efficacement les producteurs canadiens sans miner l’engagement plus large du pays envers les marchés ouverts, ou sommes-nous témoins du début d’un changement plus fondamental vers un nationalisme économique dans un monde post-pandémique?

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