Restrictions sur les importations d’acier au Canada en raison des tensions tarifaires avec les États-Unis

Olivia Carter
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Dans une décision qui témoigne du protectionnisme croissant dans les relations commerciales nord-américaines, Ottawa a annoncé hier d’importantes restrictions sur les importations d’acier étranger, établissant ce que les initiés de l’industrie appellent une approche “forteresse Canada” en matière de politique métallurgique. Ces mesures surviennent alors que les tensions bilatérales avec Washington atteignent un point critique en raison du régime tarifaire de plus en plus strict de l’administration Biden sur l’acier.

“Nous avons été acculés au pied du mur,” a déclaré le ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne lors d’une conférence de presse à l’usine ArcelorMittal Dofasco de Hamilton. “Ces mesures de sauvegarde ne sont pas simplement une posture défensive—elles représentent une nécessité stratégique pour protéger les travailleurs canadiens et notre souveraineté industrielle dans un environnement commercial mondial de plus en plus instable.”

Les nouvelles restrictions imposeront des quotas de volume et des tarifs élevés sur les produits d’acier spécialisés provenant de plusieurs producteurs asiatiques et européens, avec des mesures particulièrement strictes visant les importations chinoises. Selon l’analyse de Canada News, ce changement de politique représente la refonte la plus complète du régime d’importation d’acier du Canada depuis plus d’une décennie.

Les dirigeants de l’industrie sidérurgique ont applaudi l’intervention du gouvernement. Le président des Métallos du Canada, Marty Warren, a déclaré à CO24 que “des milliers d’emplois dans le cœur industriel de l’Ontario et du Québec étaient en jeu alors que l’acier étranger inondait notre marché à des prix artificiellement bas.”

Cependant, ces restrictions ont immédiatement suscité des inquiétudes chez les fabricants en aval qui dépendent des aciers spécialisés importés. L’Association canadienne des fabricants et exportateurs estime que ces mesures pourraient augmenter les coûts des intrants de 11 à 18 % pour les secteurs de l’automobile et de l’aérospatiale, compromettant potentiellement la compétitivité de ces industries d’exportation cruciales.

Les économistes spécialisés dans le commerce notent que ce changement de politique du Canada n’existe pas isolément. La Dre Eliza Montrose de l’École des affaires mondiales de l’Université de Toronto a expliqué à CO24 Business que “nous assistons à la fragmentation des marchés mondiaux de l’acier en blocs régionaux. Les États-Unis ont commencé ce cycle avec les tarifs de la Section 232, et maintenant le Canada suit avec ses propres mesures protectionnistes—une tendance qui remet fondamentalement en question le cadre de l’OMC.”

La réaction internationale a été rapide et largement négative. La Commission européenne a publié une déclaration exprimant sa “profonde déception” face au “recul du Canada par rapport aux principes du marché”, tandis que le ministère chinois du Commerce a dénoncé les mesures comme “manifestement discriminatoires” et a menacé de prendre des mesures de réciprocité contre les exportations canadiennes.

Pour Ottawa, la gestion de la délicate relation avec Washington est particulièrement préoccupante. Malgré les mesures canadiennes qui reflètent le protectionnisme américain, l’administration Biden a montré peu d’inclination à exempter l’acier canadien de ses propres restrictions. Un haut responsable commercial de la Maison Blanche, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a indiqué que “les producteurs canadiens continuent de bénéficier de subventions gouvernementales qui faussent la concurrence équitable”, suggérant que les tensions bilatérales pourraient s’aggraver.

Les enjeux économiques sont énormes. La production d’acier emploie directement plus de 23 000 Canadiens et soutient environ 100 000 emplois indirects. L’industrie génère approximativement 15 milliards de dollars d’activité économique annuelle, concentrée dans des communautés déjà aux prises avec le déclin manufacturier.

Les considérations climatiques ajoutent une autre couche de complexité. Les producteurs d’acier canadiens affirment que leurs opérations génèrent environ 35 % moins d’émissions de carbone par tonne que leurs concurrents mondiaux, particulièrement ceux en Chine et en Inde. Les experts en politique environnementale suggèrent que permettre à l’acier étranger à forte intensité de carbone de remplacer la production nationale pourrait compromettre les objectifs climatiques du Canada.

Alors que les chaînes d’approvisionnement s’adaptent à cette nouvelle réalité, les consommateurs canadiens feront probablement face à des prix plus élevés pour tout, des automobiles aux appareils électroménagers. L’Association canadienne de la construction prévoit que les projets d’infrastructure à forte intensité d’acier pourraient connaître des augmentations de coûts de 7 à 9 %, retardant potentiellement des travaux publics essentiels.

Bien que les implications économiques immédiates soient importantes, les conséquences géopolitiques à plus long terme pourraient s’avérer encore plus profondes. Comme l’a documenté CO24 World News, la fragmentation du commerce mondial en blocs régionaux menace des décennies d’intégration économique qui ont sous-tendu la stabilité mondiale.

Alors que ce bras de fer commercial s’intensifie, une question fondamentale se pose pour les décideurs politiques et les citoyens canadiens : dans une ère où le commerce mondial semble de plus en plus régi par la politique de puissance plutôt que par la coopération fondée sur des règles, des puissances moyennes comme le Canada peuvent-elles maintenir leur souveraineté économique sans sacrifier les avantages du commerce international?

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