Alors que les leaders économiques mondiaux se réunissent en Italie cette semaine, l’ombre du régime tarifaire promis par Donald Trump et la pression financière continue pour soutenir l’Ukraine ont dominé les discussions entre les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G7. La réunion à Stresa marque un moment critique pour la coopération économique internationale face à des incertitudes croissantes.
“Nous naviguons en eaux inconnues,” a remarqué la ministre canadienne des Finances Chrystia Freeland lors des déclarations d’ouverture. “La menace de tarifs généralisés risque de saper des décennies de libéralisation commerciale qui ont alimenté la prospérité mondiale.”
La promesse électorale de Trump d’imposer des tarifs douaniers de 10% sur les importations en provenance des alliés et jusqu’à 60% sur les produits chinois a provoqué des secousses sur les marchés financiers et dans les cercles politiques. Les responsables européens se sont montrés particulièrement inquiets des effets déstabilisateurs que de telles mesures pourraient avoir sur la fragile reprise économique post-pandémique.
Pendant ce temps, les besoins financiers de l’Ukraine continuent de croître alors que la guerre avec la Russie entre dans sa troisième année. Le ministre ukrainien des Finances Serhiy Marchenko a présenté une évaluation sobre de la situation fiscale de son pays, soulignant que sans le soutien continu du G7, les services gouvernementaux essentiels pourraient s’effondrer d’ici la fin de l’année.
Les implications pour l’économie mondiale sont considérables, car les nations du G7 représentent collectivement plus de 30% de la production économique mondiale. Leurs décisions concernant la politique commerciale et le soutien financier à l’Ukraine auront des répercussions bien au-delà de leurs frontières.
Le ministre japonais des Finances Shunichi Suzuki a souligné que “tout retour au protectionnisme menacerait les chaînes d’approvisionnement mondiales qui commencent à peine à se stabiliser.” Ce sentiment a été repris par ses homologues français et allemand, qui ont appelé au maintien du système commercial international fondé sur des règles qui sous-tend le commerce mondial depuis des décennies.
Les hôtes italiens ont tenté d’adopter une approche équilibrée, reconnaissant les préoccupations légitimes concernant la compétitivité des entreprises tout en mettant en garde contre des mesures qui pourraient déclencher des tarifs de représailles et une potentielle guerre commerciale.
À huis clos, les responsables financiers ont exploré des mécanismes pour assurer la stabilité financière de l’Ukraine sans alourdir davantage leurs propres positions fiscales. Les options comprennent l’utilisation d’avoirs russes gelés, la coordination des garanties de prêts et la rationalisation des systèmes d’aide pour maximiser l’impact.
“Les coûts du soutien à l’Ukraine sont minimes par rapport aux coûts que représenterait une agression russe victorieuse,” a noté la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, dont les remarques ont souligné les enjeux géopolitiques au-delà des simples considérations budgétaires.
La dimension politique de ces décisions financières ne peut être négligée. Le soutien public au financement continu de l’Ukraine montre des signes d’essoufflement dans plusieurs nations du G7, particulièrement alors que les préoccupations économiques nationales prennent le dessus pour de nombreux électeurs.
Le ministre italien des Finances Giancarlo Giorgetti a souligné que trouver un terrain d’entente reste possible malgré les différences : “Même avec des pressions intérieures variées, nous partageons des valeurs fondamentales concernant la stabilité économique et la sécurité internationale qui transcendent les divisions politiques.”
Les discussions ont révélé une reconnaissance croissante que la gouvernance économique mondiale doit être mise à jour pour relever les défis du 21e siècle, y compris les monnaies numériques, le financement climatique et des modèles de développement plus équitables. Cependant, les préoccupations immédiates liées aux perturbations commerciales potentielles et aux besoins de financement de l’Ukraine ont dominé l’ordre du jour.
Alors que les ministres des Finances préparent leur communiqué, les observateurs scruteront attentivement les signaux indiquant comment les économies les plus avancées du monde prévoient de naviguer dans ces eaux troubles. Trouveront-ils une voie qui équilibre les préoccupations légitimes concernant le commerce équitable tout en évitant un cycle destructeur de protectionnisme et de représailles qui pourrait nuire aux marchés canadiens et mondiaux?