Dans le paysage de l’histoire du rock canadien, peu de collaborations ont été aussi influentes — ou aussi compliquées — que celle de Randy Bachman et Burton Cummings. Après plus de deux décennies de parcours musicaux séparés, ces musiciens emblématiques se réunissent enfin sous la bannière qui a tout déclenché : The Guess Who.
L’annonce de leur tournée de réunion en 2025 a suscité des vagues d’enthousiasme chez plusieurs générations d’amateurs de musique, représentant bien plus qu’une simple curiosité nostalgique. Elle marque la réconciliation de deux géants musicaux dont la chimie créative a produit certains des classiques rock les plus durables issus du sol canadien.
“Nous avons eu nos différends au fil des ans — ce n’est pas un secret,” aurait déclaré Cummings lors de l’annonce à la presse. “Mais il arrive un moment où on regarde ce que nous avons créé ensemble et on réalise que cela mérite un autre moment sous les projecteurs.”
L’histoire entre ces deux musiciens se lit comme un récit classique du rock and roll. Leur partenariat au sein de The Guess Who à la fin des années 1960 et au début des années 1970 a produit des succès internationaux comme “American Woman“, “These Eyes” et “No Sugar Tonight“. Mais comme dans de nombreuses collaborations créatives, des tensions ont émergé, menant au départ de Bachman en 1970. Il formera ensuite Bachman-Turner Overdrive, tandis que Cummings continuera avec The Guess Who avant de lancer une carrière solo.
Leur relation au cours des décennies suivantes pourrait être charitablement décrite comme “tendue”. Des tentatives précédentes de réunion ont eu lieu par à-coups — notamment leurs tournées “Jukebox” entre 2009 et 2010 — mais jamais avec la résurrection complète du nom et de l’héritage de The Guess Who.
Ce qui rend cette réunion particulièrement significative, c’est le moment choisi. À une époque où le streaming a fragmenté les audiences musicales et où les groupes légendaires retrouvent une nouvelle pertinence grâce à la redécouverte numérique, le répertoire de The Guess Who témoigne d’une ère où la musique rock était à la fois commercialement réussie et culturellement significative. Selon des statistiques récentes de streaming, le rock classique continue de trouver de nouveaux publics parmi les jeunes auditeurs en quête d’authenticité dans un paysage musical souvent surproduit.
L’analyste de l’industrie musicale Marie Desjardins suggère que cette réunion représente plus qu’une simple opération nostalgique lucrative. “Quand des artistes de cette importance historique se reconnectent, cela crée une rare opportunité d’appréciation musicale intergénérationnelle,” note-t-elle. “De nombreux jeunes fans qui connaissent ces chansons via des playlists ou les collections de leurs parents n’ont jamais eu la chance de les entendre interprétées par leurs créateurs originaux.”
La tournée, prévue pour débuter en mai 2025, couvrira les grandes villes canadiennes avant de potentiellement s’étendre aux États-Unis. Les premiers rapports indiquent que le répertoire se concentrera fortement sur le catalogue classique de The Guess Who, incluant possiblement quelques morceaux des carrières solo des deux artistes.
Pour l’histoire musicale canadienne, cette réunion revêt une importance particulière. The Guess Who a contribué à établir le Canada comme une source légitime d’innovation rock à une époque où les contributions musicales du pays étaient souvent négligées à l’international. Leur succès a ouvert la voie aux générations suivantes d’artistes canadiens pour trouver des publics mondiaux.
“Ces chansons font partie de notre ADN national,” affirme l’historien de la musique Paul Bartlett. “Quand Bachman et Cummings jouent ‘Running Back to Saskatoon‘, ce n’est pas juste du divertissement — c’est un repère culturel qui se connecte à notre identité commune.”
Reste à voir si cette réunion s’étendra au-delà de la tournée vers un nouveau territoire créatif. Alors que de nombreuses réunions d’actes légendaires se concentrent exclusivement sur l’interprétation de succès établis, des spéculations discrètes circulent sur la possibilité de nouveau matériel. Bachman et Cummings sont tous deux restés créativement actifs ces dernières années, suggérant le potentiel pour plus qu’une simple célébration rétrospective.
Alors que nous anticipons cette réunion historique, il convient de considérer ce que des réconciliations comme celle-ci représentent dans un contexte culturel plus large. Dans un monde de plus en plus divisé, voir d’anciens partenaires créatifs mettre de côté des décennies de différends nous rappelle que l’histoire partagée et l’héritage artistique peuvent parfois transcender les conflits personnels.
Pour les fans qui ont attendu plus de vingt ans pour voir ces musiciens récupérer leur identité commune, 2025 ne peut pas arriver assez vite. Et pour ceux trop jeunes pour avoir connu The Guess Who à leur apogée, cette réunion offre une rare fenêtre sur un chapitre essentiel de l’histoire du rock — interprété par les artistes mêmes qui l’ont écrit.
Cette réunion rétablira-t-elle la place de The Guess Who dans la conversation musicale contemporaine? Ou est-ce simplement un dernier chapitre approprié pour deux artistes reconnaissant leurs héritages entrelacés? Quoi qu’il en soit, lorsque Bachman et Cummings monteront ensemble sur scène en 2025, ils feront plus qu’interpréter des chansons — ils célébreront un partenariat musical qui a contribué à définir le rock and roll canadien.
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