Les ministres des Finances du G7 confrontés à l’escalade des tensions commerciales au sommet de Banff
Avec les montagnes Rocheuses enneigées comme toile de fond spectaculaire, les ministres des finances des économies les plus avancées du monde se sont réunis à Banff cette semaine, au milieu d’inquiétudes croissantes concernant ce que de nombreux experts décrivent comme un système commercial mondial de plus en plus fragmenté. La réunion annuelle des ministres des finances du G7, normalement un forum de coopération économique, a plutôt mis en évidence les divisions croissantes qui menacent le commerce international.
“Nous assistons à des pressions sans précédent sur le système commercial fondé sur des règles qui a soutenu la prospérité mondiale pendant des décennies”, a déclaré la ministre canadienne des Finances, Chrystia Freeland, qui a accueilli ses homologues des États-Unis, du Japon, de l’Allemagne, de la France, de l’Italie et du Royaume-Uni. “Nos discussions se sont concentrées sur la recherche d’un terrain d’entente au milieu de ces tensions.”
Le sommet survient à un moment critique alors que de nouveaux tarifs douaniers et des politiques protectionnistes des grandes économies, particulièrement les États-Unis et la Chine, jettent une ombre sur les perspectives de croissance mondiale. Le mois dernier, les États-Unis ont annoncé une augmentation des tarifs sur 18 milliards de dollars d’importations chinoises, incluant les véhicules électriques, les semi-conducteurs et les minéraux critiques – des secteurs dont les industries canadiennes dépendent fortement pour leurs chaînes d’approvisionnement et leurs marchés d’exportation.
Les analystes économiques présents au sommet ont souligné les effets d’entraînement que ces tensions créent. “Quand des géants comme les États-Unis et la Chine s’engagent dans des différends commerciaux, les puissances moyennes comme le Canada font face à des choix impossibles“, a expliqué Dr. Martin Reynolds, économiste en chef à l’Institut économique de Toronto. “Notre secteur manufacturier dépend de chaînes d’approvisionnement intégrées qui traversent les frontières plusieurs fois.”
Les données présentées au sommet ont révélé des tendances préoccupantes. La croissance du commerce mondial a ralenti à seulement 0,8 % au premier trimestre de 2024, selon les chiffres de l’Organisation mondiale du commerce partagés lors des réunions, comparativement à une croissance de 3,2 % pendant la même période en 2022. Ce déclin est directement corrélé à la mise en œuvre de nouvelles barrières commerciales à travers les nations du G20.
Les discussions des ministres des Finances ont également abordé des questions économiques plus larges exacerbées par les tensions commerciales, notamment les préoccupations liées à l’inflation, la résilience des chaînes d’approvisionnement et la stabilité des devises. Plusieurs délégués européens ont exprimé leur inquiétude face à ce que le ministre français des Finances Bruno Le Maire a appelé “une dangereuse tendance vers le nationalisme économique” qui menace l’ordre économique d’après-guerre.
La position du Canada s’est avérée particulièrement délicate tout au long du sommet. En tant que nation commerçante avec des liens économiques étendus avec les États-Unis et des connexions croissantes avec les marchés asiatiques, les responsables canadiens ont plaidé pour des approches multilatérales pour aborder les préoccupations légitimes concernant les pratiques commerciales déloyales tout en évitant l’escalade du protectionnisme.
“Nous reconnaissons qu’il existe des problèmes réels concernant les subventions industrielles, la protection de la propriété intellectuelle et l’accès aux marchés qui doivent être résolus”, a reconnu Freeland lors d’une conférence de presse à l’hôtel Fairmont Banff Springs. “Mais la réponse ne peut pas être un repli du système international qui a apporté la prospérité.”
Les réunions ont également abordé la ligne de plus en plus floue entre les politiques économiques et de sécurité nationale. Ce qui aurait pu être autrefois des considérations purement commerciales est maintenant fréquemment présenté comme des impératifs de sécurité, particulièrement en ce qui concerne les transferts de technologie, les minéraux critiques et les ressources énergétiques.
Des experts techniques des nations participantes développent un cadre pour ce qu’ils appellent des approches “coordonnées mais autonomes” de la sécurité économique – permettant aux pays de protéger leurs intérêts vitaux tout en empêchant une fragmentation inutile des marchés mondiaux. Ce cadre, qui devrait être finalisé lors du prochain Sommet des dirigeants du G7, vise à établir des directives plus claires pour identifier les véritables préoccupations de sécurité par rapport au protectionnisme déguisé.
Malgré les tensions, le sommet a produit quelques résultats productifs. Les ministres se sont mis d’accord sur un partage d’informations renforcé concernant les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement et ont approuvé de nouveaux principes pour des investissements dans les infrastructures durables qui pourraient aider à réduire la dépendance à des sources uniques pour les biens essentiels.
Alors que les délégués quittaient la pittoresque ville-station de montagne, la question fondamentale demeurait non résolue : la communauté internationale peut-elle naviguer à travers ces tensions économiques croissantes sans abandonner les principes fondamentaux qui ont gouverné le commerce mondial depuis des générations?
Dans un monde de plus en plus divisé, la coopération économique peut-elle prévaloir sur la compétition, ou sommes-nous témoins du début d’une économie mondiale plus fragmentée qui pourrait s’avérer moins efficace mais potentiellement plus résiliente? Les réponses façonneront non seulement la prospérité des nations du G7, mais aussi l’avenir économique des citoyens du monde entier.