Le spectre de l’aliénation de l’Ouest prend une nouvelle tournure alors que la Cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations, RoseAnne Archibald, a appelé à un examen complet de tous les accords sur les ressources naturelles entre les nations autochtones et les gouvernements provinciaux. Cette démarche sans précédent survient alors que les récents commentaires de la première ministre albertaine Danielle Smith sur une éventuelle séparation du Canada continuent de faire des vagues dans les cercles politiques et économiques.
“Nous ne pouvons ignorer les profondes implications que les discussions sur la séparation provinciale ont sur les droits issus des traités et les accords sur les ressources,” a déclaré la Cheffe Archibald lors de sa conférence de presse d’hier à Ottawa. “Ces accords ont été signés avec la compréhension qu’ils existent dans le cadre d’un Canada uni et de ses obligations constitutionnelles envers les Premières Nations.”
L’examen porterait sur des centaines d’ententes de partage des ressources évaluées à plusieurs milliards de dollars, particulièrement dans la région des sables bitumineux de l’Alberta, où d’importants partenariats entre compagnies énergétiques et communautés autochtones se sont développés au cours de la dernière décennie. Selon des évaluations économiques récentes, les entreprises autochtones dans le secteur énergétique albertain ont généré plus de 2,4 milliards de dollars de revenus l’année dernière.
Le bureau de la première ministre Smith a réagi rapidement, qualifiant l’appel de l’APN de “prématuré et potentiellement préjudiciable aux partenariats économiques établis.” Dans une déclaration publiée mardi soir, Smith a souligné que “les discussions sur la séparation demeurent des explorations théoriques des options de l’Alberta au sein de la Confédération, et non des initiatives politiques concrètes.”
Les analystes politiques notent que ce développement marque un virage significatif dans le discours sur la séparation. “Nous assistons à la première réaction institutionnelle majeure des leaders autochtones face à ce que beaucoup avaient jusqu’ici considéré comme de la simple rhétorique politique,” a expliqué Dre Caroline Renaud, politologue à l’Université de Toronto. “L’APN affirme essentiellement que les relations issues des traités transcendent les frontières et ambitions provinciales.”
Le gouvernement fédéral maintient une approche prudente. La ministre des Relations avec les Autochtones, Patty Hajdu, a reconnu les préoccupations de l’APN tout en réitérant l’engagement d’Ottawa envers les efforts de réconciliation. “Nous comprenons la position de la Cheffe Archibald et prenons au sérieux nos obligations de protéger les droits autochtones,” a déclaré Hajdu aux journalistes sur la Colline du Parlement.
Des experts juridiques suggèrent qu’un examen complet pourrait créer de l’incertitude dans les secteurs des ressources du Canada. “Ceci introduit une dimension jusqu’ici non considérée aux discussions sur la séparation,” a indiqué l’avocat constitutionnel Terrence Davidson. “Les droits issus des traités existent entre les Premières Nations et la Couronne. Une province ne peut pas unilatéralement renégocier ces relations par la séparation sans complications juridiques importantes.”
Les représentants de l’industrie ont exprimé leur inquiétude quant à l’instabilité potentielle du marché. L’Association canadienne des producteurs pétroliers a noté dans un communiqué que “la certitude réglementaire est essentielle pour maintenir l’investissement dans les