Revitalisation culturelle du centre-ville de Victoria, clé de la renaissance

Daniel Moreau
6 Min Read
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Les lumières s’éteignent dans une autre devanture de la rue Government. Une affiche “À louer” apparaît dans une énième vitrine le long des corridors commerciaux autrefois animés de Victoria. Pour beaucoup, ces fermetures suscitent une inquiétude immédiate quant à la vitalité de notre centre-ville. Mais ces espaces vides ne signalent peut-être pas un déclin—ils pourraient en réalité représenter une opportunité déguisée.

Alors que Victoria navigue dans les réalités post-pandémiques, nous n’assistons pas à la mort du centre-ville, mais à son évolution. Le modèle commercial traditionnel est sous pression depuis des années, le commerce électronique gagnant régulièrement des parts de marché bien avant que la COVID n’accélère cette tendance. Ce que nous vivons n’est pas une crise propre à Victoria, mais plutôt un changement fondamental dans le fonctionnement des centres urbains au 21e siècle.

Le récit du déclin du centre-ville manque un point crucial : les villes ont toujours été des entités dynamiques qui se transforment en réponse aux forces économiques et sociales. Les devantures vides d’aujourd’hui sont les espaces innovants de demain. Tout au long de l’histoire, la revitalisation culturelle a régulièrement insufflé une nouvelle vie aux zones urbaines en transition. Pensez au SoHo de New York, autrefois zone industrielle transformée par des artistes en l’un des quartiers les plus dynamiques du monde, ou au Mile End de Montréal, où les industries créatives ont revitalisé d’anciens espaces manufacturiers.

Le centre-ville de Victoria montre déjà des signes de cette métamorphose culturelle. Alors que le commerce traditionnel est en difficulté, nous voyons les lieux culturels, les producteurs alimentaires artisanaux, les entreprises expérientielles et les studios créatifs s’épanouir. Ces entreprises ne sont pas seulement des entités commerciales; ce sont des bâtisseurs communautaires qui créent des liens significatifs impossibles à reproduire en ligne.

Le succès d’événements comme Car Free YYJ, qui transforme les rues du centre-ville en espaces publics animés remplis de vendeurs locaux, d’artistes et de milliers de citoyens engagés, démontre l’attrait puissant des expériences authentiques. Les gens ont soif de connexion et de communauté—quelque chose qu’une boîte en carton d’Amazon ne fournira jamais, peu importe la commodité de la livraison.

Plutôt que de déplorer le changement, nous devrions nous demander comment cultiver ce que l’urbaniste Charles Landry appelle la “ville créative”—un lieu où production et consommation culturelles s’entremêlent pour générer à la fois valeur économique et cohésion sociale. Cela signifie repenser les règlements de zonage, explorer les développements à usage mixte et créer des espaces flexibles qui peuvent s’adapter aux besoins émergents.

La Ville de Victoria a déjà commencé à adopter cette approche d’économie culturelle, avec des initiatives soutenant les organismes artistiques, l’animation des espaces publics et les industries créatives. Mais une action plus ambitieuse est nécessaire. Des villes comme Medellín, en Colombie, se sont transformées de dangereuses à désirables en investissant massivement dans les infrastructures culturelles et les espaces publics qui favorisent l’engagement communautaire.

Les propriétaires immobiliers ont également un rôle crucial à jouer. Le modèle traditionnel d’extraction du loyer maximal auprès de locataires commerciaux à long terme n’est peut-être plus viable. Des propriétaires visionnaires explorent des arrangements plus flexibles—locations éphémères, modèles de partage des revenus et espaces d’incubation qui nourrissent les entrepreneurs et artistes émergents.

Les consommateurs, aussi, doivent reconnaître leur pouvoir dans la formation de l’avenir du centre-ville. Chaque achat est effectivement un vote pour le type de communauté que nous voulons. Soutenir les entreprises locales et les lieux culturels n’est pas simplement du localisme nostalgique—c’est un investissement dans le caractère distinctif de Victoria et le bien-être collectif.

Les critiques peuvent soutenir que mettre l’accent sur la culture plutôt que sur le commerce est économiquement insoutenable. Pourtant, les preuves suggèrent le contraire. Selon Statistique Canada, le secteur culturel génère une activité économique substantielle, le tourisme culturel à lui seul contribuant annuellement pour des milliards à l’économie nationale. De plus, les quartiers culturels dynamiques attirent résidents, entreprises et visiteurs, créant diverses sources de revenus qui peuvent en fait s’avérer plus résilientes que le commerce de détail traditionnel.

Le centre-ville de Victoria ne reviendra pas à son passé pré-internet—et nous ne devrions pas le souhaiter. Au lieu de résister au changement inévitable, nous devrions le canaliser vers la création d’un noyau urbain plus dynamique, inclusif et durable. La fermeture des commerces de détail conventionnels ne représente pas un échec mais une opportunité—une chance de réimaginer nos espaces partagés pour une nouvelle ère.

Lorsque je passe devant ces devantures vides, je ne vois pas le déclin; je vois des toiles qui attendent de nouvelles visions et voix. Le centre-ville de Victoria n’est pas mourant—il se prépare à renaître. La seule question est de savoir si nous aurons l’imagination et le courage d’embrasser sa transformation.

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