L’échiquier politique se met en place pour l’élection fédérale canadienne de 2025, et l’Ontario—avec ses 121 sièges parlementaires—s’impose comme la province faiseur de roi qui pourrait à elle seule déterminer quel parti formera le prochain gouvernement. Les sondages récents et les tendances de vote historiques suggèrent que le chemin vers le pouvoir à Ottawa passe directement par la province la plus peuplée du Canada, où l’évolution du sentiment des électeurs dans les zones suburbaines clés pourrait bouleverser les calculs politiques actuels.
“L’Ontario a toujours été crucial lors des élections fédérales, mais 2025 pourrait connaître un niveau sans précédent d’attention stratégique de tous les partis,” explique Dre Melissa Chen, professeure de sciences politiques à l’Université de Toronto. “Avec les Libéraux qui détiennent actuellement un gouvernement minoritaire précaire et les Conservateurs qui gagnent du terrain dans les récents sondages, la région du Grand Toronto à elle seule pourrait décider qui devient premier ministre.”
Les chiffres racontent une histoire convaincante. Lors de l’élection fédérale de 2021, les Libéraux ont remporté 78 des sièges ontariens, contre 37 pour les Conservateurs et 5 pour le NPD. Cependant, un récent sondage d’Abacus Data indique que le chef conservateur Pierre Poilievre a fait des percées significatives en Ontario, où son parti mène maintenant avec 37% de soutien contre 31% pour les Libéraux et 22% pour le NPD.
Cette montée potentielle des Conservateurs menace les châteaux forts libéraux dans les communautés suburbaines entourant Toronto—communément appelées la “région 905” en référence à leur indicatif téléphonique. Ces circonscriptions disputées ont constamment servi de girouettes pour des changements politiques nationaux plus larges.
Les préoccupations économiques semblent être le moteur de ce paysage politique changeant. “Les électeurs ontariens se concentrent de plus en plus sur les problèmes d’abordabilité—coûts du logement, prix des épiceries et gestion économique globale,” note Richard Thompson, analyste principal à l’Institut canadien d’études électorales. “Le parti qui abordera de façon convaincante ces préoccupations quotidiennes remportera probablement les circonscriptions cruciales de la province.”
La politique d’immigration est également devenue un point de friction pour les électeurs ontariens. L’approche du gouvernement fédéral concernant les objectifs d’immigration et la gestion des passages frontaliers irréguliers a suscité à la fois soutien et critiques à travers le spectre politique. La position des partis sur cette question pourrait avoir un impact significatif sur leur fortune électorale dans toute la province.
Le NPD, quant à lui, voit le potentiel d’étendre sa présence en Ontario sous la direction de Jagmeet Singh. Avec des messages ciblés sur l’abordabilité du logement et les soins de santé, le parti vise à gagner des sièges dans les centres urbains, notamment Toronto, Hamilton et Windsor. Cependant, les analystes notent que le NPD fait face au défi perpétuel de la division des votes avec les Libéraux dans les districts à tendance progressiste.
Le gouvernement provincial progressiste-conservateur du premier ministre Doug Ford est également un facteur dans l’équation fédérale. La relation de Ford avec la direction conservatrice fédérale a historiquement été complexe, et sa popularité—ou son manque—pourrait influencer la perception des électeurs ontariens envers la marque conservatrice fédérale.
“Le facteur Ford ne peut pas être sous-estimé,” affirme la stratège politique Sam