Le rôle provincial dans la crise du logement au Canada exhorté à se renforcer

Olivia Carter
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Face à l’aggravation de la crise d’abordabilité du logement au Canada, un rapport novateur publié jeudi souligne que les gouvernements provinciaux doivent jouer un rôle de leadership plus affirmé pour résoudre la pénurie nationale de logements. L’analyse, menée par l’Institut Smart Prosperity et la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), révèle que bien que les initiatives fédérales aient dominé les manchettes récentes, ce sont les provinces qui possèdent l’autorité constitutionnelle et les outils politiques nécessaires pour accélérer considérablement la construction de logements.

“Les gouvernements provinciaux détiennent la clé maîtresse pour libérer le potentiel de logement du Canada,” explique Dre Margaret Chen, chercheuse principale à l’Institut Smart Prosperity. “Alors qu’Ottawa peut fournir du financement et des orientations politiques générales, ce sont les législatures provinciales qui contrôlent les pouvoirs municipaux, les codes du bâtiment et les règlements d’aménagement qui influencent directement l’offre de logements.”

Le rapport identifie plusieurs leviers provinciaux cruciaux actuellement sous-utilisés, notamment le pouvoir de passer outre aux restrictions de zonage municipal, de standardiser les codes du bâtiment entre les juridictions, et de simplifier les processus d’évaluation environnementale pour les projets résidentiels. Selon les données de la SCHL, le Canada a besoin d’environ 5,8 millions de nouveaux logements d’ici 2030 pour rétablir l’abordabilité—un objectif qui semble de plus en plus inatteignable sans une action provinciale coordonnée.

Les récentes réformes du logement en Colombie-Britannique offrent un modèle prometteur pour les autres provinces. Le gouvernement du premier ministre David Eby a introduit une législation radicale qui a effectivement éliminé le zonage unifamilial dans les municipalités, simplifié les approbations pour les logements multi-unités, et établi l’autorité provinciale pour outrepasser les gouvernements locaux qui ne respectent pas les objectifs de logement.

“L’approche de la C.-B. démontre comment les provinces peuvent fondamentalement remodeler le paysage du logement,” note l’économiste urbaine Priya Sharma. “Leur volonté de confronter la résistance municipale enracinée à la densification a déjà catalysé une augmentation significative des demandes de permis de construire.”

L’Ontario a également commencé à affirmer son autorité provinciale avec son Plan d’action pour l’offre de logements, bien que les experts suggèrent que sa mise en œuvre ait été inconstante. Le Québec, quant à lui, s’est concentré sur l’investissement public direct dans le logement abordable tout en maintenant des politiques de zonage relativement permissives dans les grands centres urbains.

Le rapport critique spécifiquement la réticence provinciale à remettre en question l’autonomie municipale, pointant ce que les chercheurs appellent “le déficit de responsabilité” dans la politique canadienne du logement. “Les municipalités font souvent face à une pression intense des propriétaires existants pour restreindre les nouveaux développements, mais les provinces—qui ont l’autorité ultime sur les municipalités—interviennent rarement malgré les impacts économiques plus larges des pénuries de logements,” explique l’analyste politique Robert Johnston.

Les impacts financiers de la crise du logement continuent de se répercuter sur l’économie canadienne, les grands employeurs signalant des difficultés à attirer des talents dans les régions à coûts élevés, et les économistes mettant en garde contre une réduction des dépenses de consommation alors que les coûts du logement consomment des portions toujours plus importantes du revenu des ménages.

Les communautés autochtones font face à des défis particulièrement aigus en matière de logement qui nécessitent une attention provinciale spécialisée. Le rapport note que les investissements provinciaux en infrastructure et les cadres réglementaires ont un impact significatif sur la capacité des Premières Nations à développer des logements adéquats, tant dans les réserves qu’à l’extérieur.

Les critiques de l’intervention provinciale soutiennent que les gouvernements locaux comprennent mieux les besoins de leurs communautés et que les mandats de logement imposés par le haut risquent de créer des développements inadaptés. Cependant, le rapport réplique que l’ampleur de la crise actuelle nécessite une action décisive qui transcende les frontières municipales.

Alors que les partis politiques fédéraux continuent d’annoncer des initiatives de logement en vue des élections de l’année prochaine, la recherche suggère que les électeurs devraient accorder une attention égale aux plateformes provinciales en matière de logement. Avec l’augmentation des coûts de construction et le maintien de taux d’intérêt élevés, la fenêtre pour une action efficace continue de se rétrécir.

Ce qui reste incertain, c’est si les gouvernements provinciaux assumeront leur responsabilité constitutionnelle en matière de logement ou continueront de laisser la crise s’aggraver pendant que les dirigeants fédéraux et municipaux s’engagent dans des expériences politiques de plus en plus urgentes mais ultimement limitées. Alors que les Canadiens sont aux prises avec des coûts de logement qui comptent parmi les plus élevés au monde par rapport au revenu, comment le fait de réorienter notre attention vers la responsabilité provinciale pourrait-il changer la trajectoire de ce défi national déterminant?

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