Santé mentale des employés fédéraux canadiens 2025 : stress croissant et insatisfaction au travail

Olivia Carter
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Dans ce qui marque un changement préoccupant dans le paysage de la fonction publique canadienne, les employés fédéraux signalent des niveaux sans précédent de stress au travail et d’épuisement émotionnel, selon une enquête complète publiée mardi par le Secrétariat du Conseil du Trésor. Les résultats dressent un tableau inquiétant du déclin du bien-être mental dans les ministères gouvernementaux à l’approche de la mi-2025.

“Je n’ai jamais vu le moral aussi bas en 22 ans de service,” confie Marianne Desmarais, analyste principale des politiques à Transports Canada. “La combinaison de charges de travail accrues, de contraintes budgétaires et des effets persistants des transformations du milieu de travail à l’ère de la pandémie a créé le contexte parfait pour l’épuisement professionnel.”

L’enquête annuelle sur le milieu de travail, qui a recueilli les réponses de plus de 82 000 employés fédéraux entre janvier et mars 2025, révèle que 68 % des répondants se disent “émotionnellement épuisés” après le travail—une forte augmentation de 14 points de pourcentage par rapport aux chiffres de 2023. Plus préoccupant encore, 57 % décrivent leur niveau de stress comme “élevé” ou “très élevé”, contre 41 % lors de l’évaluation précédente.

La présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, a reconnu ces résultats troublants lors d’une conférence de presse à Ottawa. “Ces résultats exigent notre attention immédiate. La santé mentale de nos fonctionnaires a un impact direct sur la qualité des services que reçoivent les Canadiens, et nous prenons ces indicateurs très au sérieux,” a-t-elle déclaré.

L’enquête identifie plusieurs facteurs clés contribuant à la détérioration de l’environnement de travail. Les restrictions budgétaires mises en œuvre dans le cadre du programme de restriction fiscale du gouvernement ont entraîné un gel des embauches dans plusieurs ministères, 73 % des répondants indiquant qu’ils gèrent des responsabilités accrues sans soutien correspondant. De plus, l’enquête révèle une insatisfaction croissante à l’égard des modalités de travail hybrides, de nombreux employés signalant des sentiments de déconnexion avec leurs collègues et des aménagements inadéquats pour le bureau à domicile.

Dr. Élise Fortier, psychologue du travail et conseillère auprès de l’Alliance de la Fonction publique du Canada, souligne les problèmes systémiques qui sous-tendent ces statistiques. “Ce que nous observons n’est pas simplement une question de mécanismes d’adaptation individuels qui échouent, mais plutôt de structures organisationnelles qui ploient sous la pression. La fonction publique a subi des transformations radicales ces dernières années sans les soutiens nécessaires pour faciliter ces changements.”

La crise de santé mentale semble plus aiguë dans les ministères chargés des interventions d’urgence, du traitement de l’immigration et des services sociaux—des domaines confrontés à des demandes publiques accrues suite aux récents défis économiques. À Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, où les arriérés de demandes ont fait les manchettes au début de 2025, un alarmant 76 % des employés déclarent se sentir incapables d’accomplir leur travail de manière satisfaisante.

Les implications financières de ce déclin du bien-être sont substantielles. Le Conseil du Trésor estime que les absences liées à la santé mentale ont coûté aux ministères fédéraux environ 1,8 milliard de dollars en perte de productivité au cours de l’exercice 2024, un chiffre qui devrait augmenter davantage sans intervention.

En réponse à ces résultats, le gouvernement a annoncé un investissement de 245 millions de dollars sur trois ans pour renforcer les services de soutien en santé mentale, y compris un accès élargi aux services de counseling, des coordonnateurs du bien-être dans les ministères et des initiatives d’évaluation de la charge de travail. Les critiques se demandent toutefois si ces mesures s’attaquent aux problèmes structurels fondamentaux en jeu.

“Injecter de l’argent dans des programmes de bien-être ne résoudra pas le problème si nous ne nous attaquons pas aux causes sous-jacentes,” soutient Martin Chen, directeur de la recherche sur la fonction publique à l’Université d’Ottawa. “Le sous-effectif chronique, les mandats ministériels peu clairs et l’infrastructure technologique désuète créent des frustrations quotidiennes qui s’accumulent avec le temps.”

L’enquête met en évidence certains résultats positifs—92 % des employés déclarent sentir que leur travail contribue à d’importants résultats publics, et 74 % croient en la mission de leur ministère. Ces éléments de sens pourraient constituer la base des efforts de rétablissement.

Alors que les ministères fédéraux digèrent ces résultats, la question demeure : la fonction publique canadienne peut-elle reconstruire le bien-être au travail tout en répondant aux demandes croissantes de services, ou sommes-nous témoins du début d’une crise fondamentale dans la structuration du travail gouvernemental? La réponse aura un impact profond non seulement sur des milliers de fonctionnaires, mais aussi sur les millions de Canadiens qui dépendent quotidiennement de leurs services.

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