Dans une révélation troublante qui exige l’attention nationale, les jeunes Canadiens éprouvent des défis sans précédent à former des connexions significatives avec leurs pairs, selon un nouveau rapport détaillé publié mercredi. L’étude dépeint un tableau préoccupant de la détérioration du bien-être social chez les jeunes Canadiens, près de la moitié d’entre eux signalant des difficultés importantes à maintenir des amitiés—un aspect fondamental du développement sain de l’enfance.
Ces résultats alarmants proviennent de l’étude 2023-2024 sur les comportements de santé des jeunes d’âge scolaire, un projet de recherche international coordonné par l’Agence de la santé publique du Canada en collaboration avec l’Université Queen’s et le Groupe d’évaluation des programmes sociaux. Cette vaste enquête a recueilli les perspectives de plus de 22 000 élèves canadiens de la 6e à la 10e année, offrant un aperçu représentatif du paysage social et émotionnel des jeunes d’aujourd’hui.
“Ce que nous observons est une génération qui peine à établir des liens d’une manière que les générations précédentes ne connaissaient pas,” explique Dre Wendy Craig, professeure de psychologie à l’Université Queen’s et co-chercheure principale du rapport. “Les données révèlent un déclin significatif des indicateurs de bien-être social par rapport aux niveaux pré-pandémiques, suggérant que l’isolement vécu pendant la COVID-19 pourrait avoir créé des impacts durables sur le développement social.”
Les statistiques sont particulièrement préoccupantes lorsqu’elles sont examinées par tranches d’âge. Parmi les plus jeunes répondants, 44% des élèves de 6e année ont signalé des difficultés à se faire des amis, tandis qu’un impressionnant 51% des élèves de 10e année reconnaissent des difficultés similaires. Plus troublante encore est la disparité entre les sexes, les filles signalant systématiquement des difficultés sociales plus importantes que leurs homologues masculins dans toutes les catégories mesurées.
L’intimidation demeure un problème persistant dans les écoles canadiennes, bien que le rapport ait identifié quelques tendances positives. L’intimidation traditionnelle en personne a montré de modestes déclins, passant de 23% en 2018 à 19% dans l’étude actuelle. Cependant, la cyberintimidation est restée obstinément constante, affectant environ 15% des élèves—un chiffre qui s’est maintenu malgré une sensibilisation accrue et des efforts de prévention.
Les professionnels de la santé mentale pointent plusieurs facteurs contributifs derrière ces tendances préoccupantes. La prolifération des médias sociaux et de la communication numérique, tout en offrant des opportunités de connexion, pourrait paradoxalement alimenter l’isolement. Dre Claire Thompson, psychologue pour enfants non affiliée à l’étude, note que “la pression constante de présenter une personnalité numérique parfaite crée une anxiété qui peut entraver les connexions authentiques dans des contextes réels.”
Le rapport a également mis en évidence d’importantes variations régionales, les jeunes des régions rurales signalant des défis différents de leurs homologues urbains. Les élèves de provinces comme la Nouvelle-Écosse et le Manitoba ont signalé des instances plus élevées d’intimidation, tandis que ceux du Québec ont systématiquement montré de meilleurs indicateurs de bien-être social—incitant les chercheurs à examiner les facteurs culturels et éducatifs potentiels qui pourraient influencer ces disparités.
Les éducateurs et les prestataires de soins de santé réclament une action immédiate basée sur les résultats du rapport. “Ce ne sont pas que des statistiques—elles représentent de vrais enfants qui vivent une véritable souffrance,” affirme Michel Chen, directeur d’une école intermédiaire de Toronto. “Nous avons besoin d’approches politiques globales qui abordent à la fois les environnements numériques et physiques où les jeunes interagissent.”
Les implications financières pour répondre à ces problèmes sont substantielles. Une analyse économique distincte suggère que les programmes d’intervention précoce ciblant la santé mentale des jeunes et le développement des compétences sociales pourraient économiser des milliards en coûts futurs de soins de santé et en perte de productivité. “Investir dans le bien-être social des enfants aujourd’hui rapporte des dividendes pendant des décennies,” note l’économiste Sarah Patel, spécialisée en économie de la santé.
Les comparaisons internationales fournissent un contexte supplémentaire, plaçant le Canada dans la moyenne parmi les nations développées pour les indicateurs de bien-être des jeunes. Alors que les jeunes Canadiens signalent de meilleures connexions sociales que leurs homologues aux États-Unis et au Royaume-Uni, ils accusent un retard significatif par rapport aux pays scandinaves, où des systèmes intégrés de soutien social ont produit des résultats constamment meilleurs.
Alors que les familles canadiennes, les éducateurs et les décideurs politiques sont aux prises avec ces résultats, la question devient de plus en plus urgente : Comment pouvons-nous reconstruire le tissu social pour une génération qui semble de plus en plus déconnectée malgré qu’elle soit techniquement plus “connectée” que toutes les précédentes? La réponse pourrait déterminer non seulement le bonheur des jeunes d’aujourd’hui, mais aussi la santé de la société canadienne pour les décennies à venir.