Santé Mentale et Santé Dentaire au Canada : Un Lien Négligé

Olivia Carter
6 Min Read
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Dans l’ombre du système de santé canadien se cache une réalité troublante : les personnes atteintes de maladies mentales vivent une crise silencieuse de santé bucco-dentaire qui reçoit étonnamment peu d’attention. Bien que le système de santé universel du Canada soit admiré mondialement, il crée un paradoxe où les patients en santé mentale peuvent recevoir des soins psychiatriques mais peinent à accéder aux services dentaires de base—laissant plusieurs avec une santé bucco-dentaire qui se détériore et aggrave davantage leurs défis.

“La bouche est le reflet de la santé globale, pourtant nous avons créé un système où les plus vulnérables n’ont souvent pas accès aux soins dentaires essentiels,” explique Dr. Maya Srinivasan, Directrice des programmes dentaires communautaires à l’Université de Toronto. “Pour les patients en santé mentale, cela crée un cycle dévastateur difficile à briser.”

Des données récentes de l’Association dentaire canadienne révèlent que les personnes atteintes de maladies mentales graves sont trois fois plus susceptibles d’avoir des caries non traitées et deux fois plus susceptibles d’avoir des dents manquantes comparativement à la population générale. Cette disparité découle de multiples facteurs interconnectés qui créent des conditions parfaites pour la détérioration de la santé bucco-dentaire.

De nombreux médicaments psychiatriques—particulièrement les antipsychotiques et les antidépresseurs—causent une sécheresse buccale sévère (xérostomie), réduisant les bienfaits protecteurs naturels de la salive et accélérant la carie dentaire. Ces mêmes médicaments peuvent déclencher d’intenses envies d’aliments et de boissons sucrés, aggravant davantage les problèmes dentaires. Pour ceux qui gèrent des conditions comme la dépression ou la schizophrénie, maintenir une routine d’hygiène bucco-dentaire quotidienne devient souvent extrêmement difficile pendant les périodes symptomatiques.

La réalité économique est tout aussi troublante. Selon Statistique Canada, près de 68% des Canadiens avec un diagnostic de trouble de santé mentale vivent sous le seuil de la pauvreté, faisant des soins dentaires un luxe inabordable. Bien que le récent programme fédéral de prestation dentaire offre un certain soulagement, d’importantes lacunes demeurent pour les adultes en âge de travailler atteints de maladies mentales qui ne sont pas admissibles à l’aide sociale mais qui ne peuvent toujours pas se permettre une assurance privée.

“Nous avons créé une tempête parfaite,” constate Kaitlyn Wong, analyste politique à l’Association canadienne pour la santé mentale. “Les soins dentaires sont exclus de notre système de santé universel, les médicaments psychiatriques augmentent le risque de carie, et la pauvreté limite l’accès aux soins préventifs. C’est un exemple classique d’inégalité en matière de soins de santé.”

Les conséquences vont bien au-delà de la douleur buccale. Une mauvaise santé dentaire a un impact significatif sur l’employabilité, des recherches de l’Université McMaster révélant que 40% des employeurs associent inconsciemment les problèmes dentaires visibles à un manque de fiabilité. Cela crée une autre barrière pour les patients en santé mentale cherchant une stabilité économique par l’emploi.

Plus alarmant encore est l’impact sur la santé physique. Des recherches croissantes de l’Association médicale canadienne établissent un lien entre les infections buccales chroniques et l’augmentation de l’inflammation dans tout le corps, potentiellement aggravant des conditions comme la dépression et l’anxiété tout en augmentant les risques de complications cardiovasculaires.

Certains centres de santé communautaires à travers le Canada ont mis en place des modèles de soins intégrés, combinant services de santé mentale et cliniques dentaires. Les résultats sont prometteurs—le Centre de santé communautaire de Parkdale à Toronto rapporte que les patients en santé mentale recevant des soins dentaires concurrents démontrent une adhésion 32% meilleure aux plans de traitement psychiatrique et signalent des améliorations significatives dans les mesures de qualité de vie.

“Quand nous traitons la personne dans son ensemble, y compris la santé bucco-dentaire, nous constatons des améliorations remarquables du bien-être général,” affirme Dr. Jason Cheng, qui supervise le programme de soins intégrés. “Malheureusement, ces programmes demeurent l’exception plutôt que la règle dans notre paysage de soins de santé.”

Les experts en politique de santé fédérale notent que l’expansion de la couverture dentaire représente à la fois un impératif moral et économique. L’analyse économique du Centre canadien de politiques alternatives suggère que chaque dollar investi dans les soins dentaires préventifs pour les populations vulnérables permet d’économiser environ 4,40 $ en coûts de soins de santé d’urgence et de services sociaux.

Bien que le programme fédéral de prestations dentaires représente un progrès, un plaidoyer important est nécessaire pour s’assurer que les patients en santé mentale ne continuent pas à passer à travers les mailles du filet de notre système de santé. La question demeure : le Canada reconnaîtra-t-il que de véritables soins de santé mentale doivent inclure la santé bucco-dentaire, ou continuerons-nous à traiter l’esprit tout en négligeant la bouche?

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