La province de la Saskatchewan a franchi une étape importante vers la normalisation des relations commerciales avec les États-Unis, en annonçant l’élimination des contre-mesures imposées en réponse aux tarifs américains sur l’acier et l’aluminium canadiens. Ce virage stratégique intervient alors que la province cherche à reconstruire ses liens économiques dans un contexte de tensions transfrontalières persistantes.
“Cette action décisive reflète notre engagement envers les entreprises et les consommateurs de la Saskatchewan qui ont été pris dans le feu croisé des différends commerciaux,” a déclaré le premier ministre Scott Moe lors de l’annonce d’hier à l’assemblée législative provinciale. “Nous ne pouvons pas poursuivre des politiques qui, en fin de compte, nuisent à nos propres intérêts économiques.”
Les contre-mesures, mises en œuvre en 2018 suite aux tarifs de la Section 232 de l’administration Trump, ont imposé des coûts supplémentaires sur environ 16,6 milliards de dollars de marchandises américaines entrant au Canada. La décision de la Saskatchewan de revenir indépendamment sur ces mesures de représailles marque une rupture avec l’approche fédérale, qui a maintenu certaines contre-mesures malgré les changements de leadership américain.
Les données économiques suggèrent que la province a amplement de motivations pour ce changement de politique. Les exportations de la Saskatchewan vers les États-Unis ont totalisé plus de 29 milliards de dollars l’an dernier, représentant près de 60% du commerce international de la province. L’analyse du Partenariat saskatchewanais pour le commerce et l’exportation indique que les frictions commerciales continues menaçaient les secteurs agricoles et des ressources clés qui forment l’épine dorsale de l’économie provinciale.
Le moment semble calculé, survenant quelques semaines avant les discussions commerciales bilatérales prévues entre les responsables canadiens et américains. Le ministre du Commerce, Jeremy Harrison, a qualifié cette initiative de “geste de bonne foi qui démontre l’engagement de la Saskatchewan envers un dialogue constructif et des relations commerciales mutuellement bénéfiques.”
Les critiques, cependant, se demandent si l’action unilatérale de la Saskatchewan mine la position de négociation collective du Canada. La ministre fédérale du Commerce, Mary Ng, a exprimé son inquiétude quant à la fragmentation provinciale de la politique commerciale, déclarant : “Une approche nationale coordonnée nous donne la position la plus forte dans les négociations avec nos homologues américains.”
Les leaders d’entreprises à travers la province ont largement accueilli favorablement l’annonce. Sarah Fedoruk, PDG de la Chambre de commerce de la Saskatchewan, a noté que “l’élimination de ces barrières réduira immédiatement les coûts pour les entreprises qui dépendent des importations américaines et ouvrira potentiellement des portes pour l’augmentation des exportations vers les marchés américains.”
Les implications pratiques deviendront apparentes dans les mois à venir, alors que la province met en œuvre ce changement de politique. Les responsables ont confirmé l’élimination des tarifs sur plus de 200 produits américains précédemment ciblés, allant des produits en acier aux biens de consommation, avec effet immédiat.
La démarche de la Saskatchewan reflète la réalité complexe des relations provinciales-fédérales dans la politique commerciale canadienne. Bien que les négociations commerciales internationales relèvent de la compétence fédérale, les provinces conservent une autonomie significative dans la façon dont elles mettent en œuvre certains aspects des accords commerciaux.
Alors que les chaînes d’approvisionnement nord-américaines continuent d’évoluer sous les pressions de la relocalisation et de la délocalisation de proximité, la décision de la Saskatchewan soulève d’importantes questions sur l’avenir des relations commerciales Canada-États-Unis. D’autres provinces suivront-elles l’approche indépendante de la Saskatchewan, ou les autorités fédérales réaffirmeront-elles une position canadienne unifiée lors des prochaines négociations?