Les sentiers sinueux qui sillonnent le sud-ouest de la Colombie-Britannique sont bien plus que de simples chemins à travers une nature spectaculaire—ils sont des textes historiques gravés dans le paysage, racontant des histoires qui remontent à des milliers d’années. Lorsque les randonneurs lacent leurs bottes et partent sur ces routes, peu réalisent qu’ils traversent des musées vivants du patrimoine autochtone, où chaque crête et cours d’eau possède une signification culturelle qui précède le contact colonial.
L’auteur vancouvérois Stephen Hui a consacré des années à découvrir ces récits profonds dans ses guides de randonnée populaires, plus récemment dans “Destination Hikes In and Around Southwestern British Columbia”. Ce qui distingue l’approche de Hui est son attention délibérée à reconnaître les territoires autochtones où se trouvent ces destinations de randonnée populaires—une perspective qui transforme une activité récréative en une opportunité de compréhension culturelle et de réconciliation.
“Ces sentiers ne sont pas seulement destinés aux loisirs de plein air,” a expliqué Hui lors d’une récente entrevue. “Ce sont des voies à travers des territoires que les peuples autochtones ont administrés depuis des temps immémoriaux. Comprendre cette histoire enrichit l’expérience de la randonnée et aide à bâtir le respect pour la terre et ses gardiens originels.”
Le travail de Hui arrive à un moment crucial où les Canadiens reconnaissent de plus en plus l’importance des perspectives autochtones. Ses guides de randonnée ne fournissent pas seulement des informations pratiques sur la difficulté des sentiers et les points de vue panoramiques; ils offrent un contexte essentiel sur les Premières Nations dont les territoires sont traversés par les randonneurs. Des terres Squamish et Tsleil-Waututh des montagnes de la Rive-Nord aux territoires traditionnels des peuples Sts’ailes et Stó:lō dans la vallée du Fraser, Hui cartographie ces connexions avec révérence et précision.
L’impact de cette approche va bien au-delà de la simple reconnaissance. En mettant en évidence les noms de lieux autochtones aux côtés de leurs homologues coloniaux, Hui invite les randonneurs à considérer l’histoire stratifiée sous leurs pieds. Une montagne connue en anglais sous le nom de “Black Mountain” porte le nom squamish “Sḵwílm̓əxw”—un nom avec des significations et des histoires qui se rattachent à une compréhension culturelle plus large du paysage.
“Beaucoup de ces sentiers suivent des routes que les peuples autochtones ont utilisées pendant des milliers d’années pour le commerce, la chasse, la cueillette et les pratiques culturelles,” note Hui. “Quand nous les parcourons aujourd’hui, nous participons à une continuation du mouvement humain à travers ces espaces qui précède largement l’arrivée européenne.”
Ce qui rend le travail de Hui particulièrement précieux est sa façon d’entrelacer informations pratiques de randonnée et contexte culturel. La description d’un sentier peut inclure non seulement le dénivelé et la distance, mais aussi des informations sur l’utilisation autochtone de certaines plantes trouvées le long du parcours, ou des événements historiques survenus dans la région. Cette approche transforme ce qui pourrait être simplement un guide récréatif en un outil de connexion plus profonde avec le lieu.
La réponse des communautés autochtones a été largement positive, de nombreux représentants des Premières Nations appréciant les efforts de Hui pour représenter avec précision leurs territoires et leurs histoires. Cependant, Hui reconnaît rapidement que son travail fait partie d’un parcours continu d’apprentissage et de construction de relations.
“Je ne me positionne pas comme un expert de l’histoire autochtone,” précise-t-il. “J’apprends constamment, je consulte les gardiens du savoir et je mets à jour ma compréhension. C’est une responsabilité que je prends au sérieux.”
Pour les randonneurs du sud-ouest de la Colombie-Britannique, les guides de Hui offrent une invitation à pratiquer ce que beaucoup appellent la “récréation de réconciliation”—des activités de plein air entreprises avec conscience et respect pour les territoires et les histoires autochtones. Cela peut signifier apprendre quelques mots dans la langue autochtone locale, se renseigner sur la nation spécifique dont vous visitez le territoire avant de partir, ou simplement randonner avec une attitude de gratitude et de respect.
Alors que l’intérêt pour les loisirs de plein air continue de croître, particulièrement suite à la pandémie, l’approche de Hui envers les guides de randonnée fournit un modèle opportun sur la façon dont les activités récréatives peuvent devenir des occasions d’appréciation culturelle et de reconnaissance historique.
Les sentiers du sud-ouest de la Colombie-Britannique restent parmi les plus époustouflants au monde—forêts anciennes, prairies alpines, cascades et vues panoramiques montagneuses qui attirent les amoureux de la nature depuis des générations. Mais grâce à des écrivains comme Stephen Hui, ces sentiers sont de plus en plus reconnus comme quelque chose de plus : des artefacts vivants du patrimoine culturel qui relient le passé et le présent de façon puissante.
Pour ceux qui cherchent à explorer à la fois la beauté naturelle et l’histoire culturelle du sud-ouest de la Colombie-Britannique, le travail de Hui nous rappelle que chaque pas sur ces sentiers est un pas à travers des couches d’histoire, de signification et de présence autochtone qui perdure jusqu’à nos jours. À une époque de réconciliation et de reconnaissance renouvelée pour la culture autochtone, il n’y a peut-être pas de meilleure façon de se connecter avec la terre que de la parcourir avec les yeux ouverts, un esprit ouvert et un cœur ouvert.
Comme le dit Hui : “Les meilleures expériences de randonnée se produisent lorsque nous sommes pleinement présents—pas seulement avec le paysage physique, mais avec son histoire et sa signification culturelle. C’est alors qu’une randonnée devient plus qu’un exercice ou un loisir; elle devient un engagement significatif avec le lieu.”