Les Montagnes Rocheuses formeront un arrière-plan spectaculaire le mois prochain alors que le Canada accueille le Sommet du G7 en Alberta—avec peut-être une dynamique politique tout aussi dramatique qui se déroulera à l’intérieur des salles de réunion. Le retour du président élu Donald Trump sur la scène mondiale a poussé les responsables canadiens à se démener pour éviter une nouvelle débâcle diplomatique rappelant le sommet de Charlevoix en 2018, où Trump avait brusquement retiré sa signature du communiqué conjoint et lancé une tirade sur Twitter contre le Premier ministre Justin Trudeau.
“L’atmosphère à l’approche de ce sommet est électrique de tension,” affirme Dr. Helena Morgenstern, spécialiste des relations internationales à l’Université de Toronto. “Les diplomates canadiens marchent sur la corde raide entre l’affirmation des intérêts nationaux et la prévention d’un nouvel incident international.”
Selon des sources proches du comité de préparation, les responsables canadiens ont travaillé avec diligence en coulisses pour créer les conditions d’un dialogue productif malgré d’importantes divergences politiques. L’administration Biden avait établi un fort alignement avec le Canada sur les initiatives climatiques, les approches commerciales multilatérales et la coopération en matière de sécurité—des domaines où Trump s’est historiquement écarté nettement des positions canadiennes.
“Le défi pour le Canada n’est pas seulement de gérer le style de négociation imprévisible de Trump,” explique l’ancien ambassadeur canadien Michael McKenzie dans une entrevue exclusive. “C’est de naviguer entre les désaccords fondamentaux sur l’action climatique, le financement de l’OTAN et le commerce tout en trouvant un terrain d’entente sur des questions comme la Chine et la sécurité économique.”
Le choix de l’Alberta comme lieu du sommet représente à la fois une opportunité et un risque. L’industrie pétrolière et gazière de la province s’aligne sur les priorités énergétiques de Trump, offrant potentiellement un pont pour la coopération, mais le régime de tarification du carbone et les engagements environnementaux du Canada demeurent des points de friction potentiels.
Les données économiques suggèrent que les enjeux ne pourraient être plus élevés. Le commerce bilatéral Canada-États-Unis a dépassé 718 milliards de dollars en 2024, soutenant des millions d’emplois des deux côtés de la frontière. Toute perturbation de cette relation par de nouvelles menaces tarifaires ou des différends commerciaux pourrait envoyer des ondes de choc à travers des chaînes d’approvisionnement encore en convalescence après les perturbations de l’ère pandémique.
“La nature intégrée de nos économies signifie que la coopération n’est pas optionnelle—elle est essentielle,” note Stephanie Chen, économiste en chef au Groupe Financier Impérial Canadien. “La question est de savoir si cette réalité économique fondamentale transcendera les différences politiques à la table du sommet.”
Les préparatifs du sommet mettent en évidence l’exercice d’équilibre auquel font face les diplomates canadiens. Des sources au sein d’Affaires mondiales Canada confirment que les négociateurs concentrent les discussions sur des domaines d’accord probable—contrer l’influence économique chinoise, sécuriser les chaînes d’approvisionnement critiques et renforcer l’indépendance énergétique nord-américaine—tout en gérant soigneusement les sujets plus controversés.
Le contraste avec le sommet de Charlevoix en 2018 reste vif dans la mémoire diplomatique. Cette réunion s’était terminée par le retrait de Trump du communiqué et sa description de Trudeau comme “très malhonnête et faible” suite aux déclarations du Premier ministre lors de la conférence de presse de clôture sur les tarifs de représailles. Les analystes politiques notent que l’évitement d’un tel scénario est devenu un objectif primordial pour les responsables canadiens.
“Les retombées de 2018 allaient au-delà des sentiments blessés,” explique Raymond Fortier, expert en affaires économiques. “Elles ont eu de réelles conséquences économiques, contribuant à l’incertitude du marché et compliquant les négociations dans de multiples secteurs. Personne ne veut une répétition de cette performance.”
Les préparatifs de sécurité se sont également intensifiés, la GRC coordonnant avec des partenaires internationaux les évaluations des menaces et les mesures de protection. L’emplacement éloigné offre des avantages de sécurité mais ajoute des complications logistiques pour les milliers de délégués, de personnel et de médias qui devraient y assister.
Alors que les dirigeants mondiaux se préparent à se réunir au milieu des paysages majestueux de l’Alberta, la question demeure: la grandeur naturelle du cadre inspirera-t-elle la coopération, ou les lignes de faille politiques rompront-elles à nouveau le vernis de l’harmonie internationale? Pour le Canada, naviguer avec succès dans ces eaux diplomatiques pourrait s’avérer être sa tâche d’accueil de sommet la plus difficile à ce jour.