Le dispositif de sécurité minutieux entourant le sommet du G7 à Charlevoix la semaine dernière a été qualifié de “largement réussi” par les responsables canadiens, même si les enquêtes se poursuivent concernant une préoccupante violation de l’espace aérien qui a soulevé des questions sur les vulnérabilités potentielles du bouclier protecteur autour des dirigeants mondiaux.
“Nous avons établi plusieurs couches de sécurité et des plans d’urgence complets qui se sont avérés efficaces tout au long du sommet,” a déclaré le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino lors d’un point presse hier. “La réponse coordonnée à l’intrusion dans l’espace aérien a démontré la capacité de nos forces de sécurité à faire face aux menaces potentielles avec précision et contrôle.”
La violation s’est produite lorsqu’un petit avion civil piloté par Thomas Renaud, un Montréalais de 34 ans, est entré dans l’espace aérien fortement restreint au-dessus du lieu du sommet. Les unités tactiques de la GRC ont rapidement intercepté l’appareil après son atterrissage dans un champ à environ trois kilomètres de l’endroit où se déroulaient les discussions entre les dirigeants mondiaux.
Les experts en sécurité ont salué la rapidité de la réaction tout en reconnaissant que l’incident mérite un examen approfondi. “Le temps de réaction était impressionnant,” a noté Dr. Elise Laurent, ancienne conseillère en sécurité du gouvernement canadien et actuelle analyste à l’Institut d’études stratégiques. “Cependant, des questions demeurent sur la façon dont l’avion a réussi à pénétrer dans la zone d’exclusion aérienne en premier lieu.”
Les autorités ont confirmé que Renaud reste en détention pendant que les enquêteurs de plusieurs agences, dont le SCRS et la GRC, s’efforcent de déterminer ses motivations et s’il a agi seul. Des sources proches de l’enquête indiquent qu’aucune preuve de liens terroristes n’a émergé jusqu’à présent, bien que les responsables préviennent que toutes les possibilités restent à l’étude.
L’opération de sécurité pour le sommet du G7, estimée à environ 395 millions de dollars, a impliqué plus de 8 000 membres du personnel provenant de diverses unités d’application de la loi et militaires à travers le Canada. Le périmètre de sécurité complet s’étendait sur 15 kilomètres autour du lieu du sommet, avec des navires patrouillant les eaux côtières et des avions de chasse en alerte pendant toute la durée de l’événement de trois jours.
Au-delà de l’incident aérien, l’opération de sécurité a fait face à d’autres défis, notamment la coordination de multiples groupes de manifestants rassemblés près de la zone d’exclusion. Les observateurs des libertés civiles ont salué l’approche équilibrée adoptée par les forces de sécurité.
“Contrairement aux sommets internationaux précédents où des tactiques musclées ont fait monter les tensions avec les manifestants, la présence sécuritaire à ce G7 a réussi à maintenir la sécurité publique tout en respectant le droit à la manifestation pacifique,” a déclaré Colleen Thompson de l’Association canadienne des libertés civiles.
La coordonnatrice de la sécurité du sommet, la commissaire de la GRC Brenda Lucki, a indiqué qu’un examen complet des actions est déjà en cours. “Nous examinerons tous les aspects de l’opération de sécurité, avec une attention particulière à la violation de l’espace aérien. Ces conclusions éclaireront notre approche des futurs événements internationaux de haut niveau organisés au Canada.”
Alors que le Canada se prépare à accueillir les dirigeants mondiaux pour la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth l’année prochaine, les leçons tirées de l’opération de sécurité du G7 s’avéreront inestimables. La question demeure : à une époque où les menaces de sécurité évoluent, même les plans de sécurité les plus complets peuvent-ils être véritablement impénétrables?