Les tensions commerciales avec les États-Unis sont devenues la principale préoccupation financière des Canadiens en 2025, selon une enquête nationale complète publiée hier par le Régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario (HOOPP).
Le baromètre annuel du stress financier, qui a interrogé 3 500 Canadiens dans toutes les provinces, a révélé que 68 % des répondants ont classé “les relations commerciales incertaines avec les États-Unis” comme leur principale inquiétude économique—une augmentation marquée par rapport aux 41 % de l’enquête de l’année dernière.
“Nous observons une anxiété sans précédent concernant le commerce transfrontalier,” explique Michael Richards, économiste en chef du HOOPP. “Les Canadiens comprennent que notre économie reste profondément liée aux marchés américains, et les frictions géopolitiques actuelles créent de véritables préoccupations au quotidien.”
L’enquête survient dans un contexte de tensions croissantes suite à l’imposition par Washington de tarifs ciblés sur les exportations canadiennes d’aluminium et d’acier en avril, que les économistes estiment avoir déjà coûté 3,7 milliards de dollars à l’économie canadienne au premier semestre 2025.
Les résidents de la Colombie-Britannique ont exprimé le niveau d’inquiétude le plus élevé (74 %), reflétant probablement l’exposition importante de la province aux marchés d’exportation du bois d’œuvre. L’Ontario suit de près à 71 %, les répondants citant spécifiquement les préoccupations concernant les perturbations de la chaîne d’approvisionnement automobile.
Au-delà des préoccupations commerciales, l’enquête a identifié l’inflation (62 %), l’accessibilité au logement (59 %) et la sécurité de la retraite (52 %) comme d’autres facteurs importants de stress financier pour les Canadiens. Fait intéressant, les impacts économiques liés au climat sont passés à la cinquième place avec 48 %, contre la huitième place en 2024.
“Ce qui est remarquable, c’est la façon dont ces préoccupations varient selon les tranches d’âge,” note l’analyste financière Sophia Ahmed. “Les jeunes Canadiens entre 18 et 34 ans s’inquiètent de façon disproportionnée du coût du logement, tandis que les plus de 55 ans privilégient les relations commerciales et la sécurité de la retraite.”
Le gouvernement fédéral a répondu aux conclusions en promettant un soutien supplémentaire aux industries touchées. Le ministre des Finances Jordan Lee a annoncé hier un programme de stabilisation de 1,2 milliard de dollars visant les secteurs vulnérables, bien que les critiques soutiennent que ce montant est bien en deçà de ce qui serait nécessaire pour faire face à l’ampleur des dommages économiques potentiels.
Les réponses provinciales ont également considérablement varié. Le Québec a lancé une campagne “Achetez québécois” pour réduire les dépendances commerciales, tandis que les responsables albertains ont appelé à une augmentation de la capacité des pipelines pour diversifier les marchés d’exportation au-delà des États-Unis.
Pour les Canadiens ordinaires, ces tensions macroéconomiques se traduisent par des pressions financières tangibles. L’enquête a révélé que 43 % des répondants ont déjà modifié leur budget familial en réponse aux incertitudes commerciales, 28 % retardant des achats importants et 36 % réduisant leurs dépenses discrétionnaires.
Alors que le Canada navigue dans ces vents économiques complexes, la question demeure de savoir si les efforts diplomatiques réussiront à apaiser les tensions transfrontalières avant que des conséquences économiques plus graves ne se matérialisent. Avec les élections fédérales qui approchent en 2026, la façon dont les partis politiques aborderont ces préoccupations commerciales pourrait s’avérer décisive dans les urnes.
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