Les startups technologiques canadiennes résistent aux acquisitions américaines encouragées par les dirigeants

Sarah Patel
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Les tours de verre élégantes du corridor technologique de Toronto bourdonnent d’activité alors que les fondateurs de startups canadiennes font face à une décision cruciale qui pourrait remodeler l’avenir numérique de la nation. Dans les salles de conseil d’administration à travers le pays, la tentation des offres d’acquisition américaines lucratives se heurte à un appel croissant à bâtir quelque chose de plus durable sur le sol natal.

“Nous sommes à un point d’inflexion”, déclare Sarah Ahmed, fondatrice de Dataverse, une entreprise d’analytique IA basée à Toronto. “Chaque fondateur que je connais a reçu des appels de capital-risqueurs de la Silicon Valley qui promettent la lune. Mais nous commençons à nous demander—qu’advient-il de l’innovation canadienne quand nous vendons systématiquement nos meilleures idées au sud?”

Ce sentiment a fait écho tout au long des entretiens de CO24 avec plus de deux douzaines de dirigeants technologiques canadiens qui ont souligné que la construction d’un écosystème technologique national durable nécessite de résister à l’attrait des sorties américaines rapides. Les enjeux ne pourraient être plus élevés pour un secteur qui a contribué à hauteur de 94,1 milliards de dollars au PIB du Canada l’an dernier, selon Statistique Canada.

CloudEdge, basée à Vancouver, a refusé trois offres d’acquisition de géants technologiques américains au cours de la seule année écoulée. Le PDG Michael Zhao a expliqué le raisonnement: “Quand les entreprises canadiennes vendent tôt, nous perdons non seulement les sièges sociaux, mais aussi l’innovation secondaire qui découle de la croissance—le développement des talents de direction, les réseaux de fournisseurs, les cycles de réinvestissement.”

L’histoire de la technologie canadienne est jonchée d’exemples de startups prometteuses absorbées dans des structures d’entreprises américaines. Eloqua, vendue à Oracle pour 871 millions de dollars en 2012, représentait une aubaine financière pour les fondateurs mais a démantelé ce qui aurait pu devenir une puissance canadienne du logiciel. Ce schéma s’est répété avec des centaines de ventures prometteuses.

“Il ne s’agit pas de nationalisme—il s’agit de construire une infrastructure économique durable”, soutient Benjamin Carter, partenaire chez Maple Leaf Ventures. “Quand les fondateurs sortent trop tôt, nous perdons les effets composés du succès. Où seront nos Shopify et BlackBerry de demain si tout le monde vend au stade de la Série B?”

Le gouvernement fédéral a reconnu cette tendance, introduisant des incitatifs fiscaux élargis pour les entreprises qui maintiennent leur siège social au Canada après des rondes de financement importantes. Le programme de Recherche Scientifique et Développement Expérimental offre maintenant des crédits améliorés pour les entreprises qui restent sous contrôle canadien pendant au moins cinq ans après un financement de Série C.

De nombreux fondateurs décrivent une pression intense de la part des investisseurs pour considérer les offres d’acquisition. “La conversation passe souvent de ‘comment pouvons-nous construire quelque chose de transformateur?’ à ‘quelle est votre stratégie de sortie?'” note Priya Sharma, dont la startup fintech montréalaise a récemment clôturé une ronde de financement de 28 millions de dollars. “Cette mentalité mine notre capacité à créer des entreprises durables.”

Ce débat se déroule dans le contexte d’un paysage d’investissement difficile. Le déploiement de capital-risque canadien a chuté de 43% en 2023 par rapport à l’année précédente, selon l’Association canadienne du capital de risque. Cette compression du financement rend les offres d’acquisition américaines particulièrement tentantes.

Pourtant, des histoires de réussite fournissent des contre-exemples. Shopify, qui a repoussé les premières offres de rachat, emploie maintenant plus de 7 000 personnes et a une capitalisation boursière dépassant 70 milliards de dollars. “L’effet multiplicateur du maintien de Shopify au Canada ne peut être surestimé”, affirme l’analyste de politique technologique Jennifer Wu. “Ils ont engendré des dizaines de nouvelles startups fondées par d’anciens employés et créé un centre gravitationnel pour les talents.”

Les vétérans de l’industrie indiquent des modèles émergents qui équilibrent croissance et indépendance. Les partenariats stratégiques, les investissements minoritaires et les stratégies de double marché permettent aux entreprises d’accéder au capital américain sans céder le contrôle. Element AI de Montréal a poursuivi cette approche avant de finalement vendre à ServiceNow—une décision qui continue de susciter des débats dans les cercles technologiques canadiens.

La voie à suivre nécessite des changements structurels, selon les leaders de l’industrie. Les fonds de pension canadiens, qui gèrent plus de 2 billions de dollars d’actifs, investissent relativement peu dans le capital-risque national. “Nous avons besoin de capital patient qui comprend les cycles technologiques”, déclare l’ancien dirigeant de BlackBerry David Miller. “Nos investisseurs institutionnels déploient des milliards vers des fonds de la Silicon Valley tout en négligeant les opportunités dans leur propre cour.”

Alors que la concurrence mondiale pour les talents technologiques s’intensifie, les décisions prises par les fondateurs d’aujourd’hui façonneront l’avenir économique du Canada. La prochaine génération d’innovateurs verra-t-elle des voies viables pour construire des entreprises durables au pays, ou l’exode de la propriété intellectuelle se poursuivra-t-il?

“Il ne s’agit pas seulement d’affaires—il s’agit de capacité nationale”, conclut Ahmed. “Dans vingt ans, serons-nous un pays qui produit de la technologie, ou simplement qui la consomme? C’est la question à laquelle chaque fondateur est confronté lorsque cette offre d’acquisition arrive sur son bureau.”

Pour plus d’informations sur l’évolution du paysage technologique canadien, visitez CO24 Affaires pour une analyse approfondie et les derniers développements.

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