La stratégie économique indo-pacifique du Canada privilégie les objectifs économiques

Olivia Carter
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La stratégie indo-pacifique du gouvernement fédéral évolue vers une orientation économique plus forte, tout en maintenant l’engagement du Canada envers les valeurs démocratiques, a révélé mardi la ministre de la Défense Anita Anand. Ce recalibrage survient dans un contexte de tensions mondiales croissantes et représente un pivot crucial dans l’approche du Canada envers l’une des régions les plus dynamiques du monde.

“Nous allons nous concentrer sur les priorités économiques dans la stratégie indo-pacifique, tout en maintenant nos valeurs”, a déclaré Anand aux journalistes après une réunion du cabinet à Ottawa. Cela marque un raffinement significatif de l’approche d’engagement régional du Canada, dévoilée pour la première fois en novembre 2022 comme un cadre complet pour naviguer dans des relations complexes avec des pays comme la Chine, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud.

La stratégie initiale, qui engageait 2,3 milliards de dollars sur cinq ans, visait à élargir et approfondir la présence du Canada dans les dimensions diplomatiques, économiques, militaires et sécuritaires. Cependant, le paysage international a considérablement changé depuis son lancement, avec des tensions croissantes entre la Chine et Taiwan, les conflits en cours en Ukraine et à Gaza, et une concurrence régionale accrue forçant une réévaluation stratégique.

La ministre du Commerce Mary Ng, chargée de diriger la composante économique de la stratégie révisée, a souligné que le Canada doit renforcer sa résilience économique en diversifiant ses relations commerciales. “Dans un monde de plus en plus incertain, nous devons assurer que notre économie reste compétitive tout en sécurisant les chaînes d’approvisionnement critiques”, a déclaré Ng dans une déclaration fournie à CO24 Business.

La région indo-pacifique représente plus de 60% du PIB mondial et contient certaines des économies à la croissance la plus rapide au monde. Pour le Canada, dont le commerce traditionnel a été fortement orienté vers les États-Unis et l’Europe, ce pivot représente à la fois une opportunité et une nécessité. Les exportations canadiennes vers la région ont augmenté de 12% en 2023, dépassant la croissance globale des exportations.

Les experts préviennent que l’équilibre entre les ambitions économiques et la diplomatie fondée sur les valeurs demeure un défi. Dr. Stephanie Reynolds, Directrice de la Fondation Asie Pacifique du Canada, m’a confié : “Le Canada tente de marcher sur une corde raide entre la poursuite d’intérêts commerciaux et le maintien des droits humains et des principes démocratiques. Cela devient particulièrement délicat lorsqu’on s’engage avec des pays où ces valeurs peuvent ne pas s’aligner.”

Le raffinement de la stratégie intervient alors que d’autres nations occidentales, notamment les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni, ont solidifié leurs propres cadres indo-pacifiques. Le pacte de sécurité AUKUS et le partenariat élargi du Quad (incluant les États-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde) ont créé de nouveaux alignements régionaux que le Canada doit naviguer avec précaution.

Les critiques de l’opposition ont remis en question la clarté de l’approche gouvernementale. Michael Chong, critique conservateur des affaires étrangères, a noté que “les Canadiens ont besoin de plus que de vagues déclarations sur l’équilibre entre économie et valeurs. Nous avons besoin d’actions concrètes qui protègent les intérêts canadiens tout en s’engageant de manière significative avec des partenaires partageant les mêmes idées dans la région.”

Pour les entreprises canadiennes, l’accent économique de la stratégie pourrait se traduire par une facilitation accrue des échanges, une réduction des barrières et un soutien plus important pour l’entrée sur le marché. Le Conseil canadien des affaires a plaidé pour une intégration économique plus profonde avec les économies indo-pacifiques à croissance rapide, particulièrement alors que les marchés traditionnels font face à l’incertitude.

La vice-première ministre Chrystia Freeland, qui supervise la politique économique du Canada, a souligné l’importance de la stratégie pour la prospérité future. “Le centre de gravité économique se déplace vers l’est. La sécurité économique du Canada dépend de la construction de connexions plus fortes et plus résilientes dans tout l’Indo-Pacifique”, a-t-elle déclaré lors de récentes consultations économiques.

Alors que le Canada affine son approche envers cette région critique, la question demeure : Ottawa peut-il équilibrer avec succès le pragmatisme économique et la diplomatie fondée sur les valeurs dans une région marquée par une concurrence croissante et des systèmes politiques divergents? La capacité du gouvernement à naviguer dans ces courants complexes pourrait bien déterminer l’influence et la prospérité du Canada dans les décennies à venir.

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