Lors d’une réunion cruciale hier au bureau du Premier ministre, Mark Carney s’est entretenu avec les membres principaux de son cabinet pour élaborer une réponse à l’arrêt de travail imminent à Postes Canada. Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) a déposé un préavis de grève officiel lundi soir, déclenchant un compte à rebours de 72 heures vers ce qui pourrait devenir le premier défi majeur en matière de relations de travail pour l’administration Carney.
“Nous reconnaissons que les services essentiels doivent être maintenus tout en respectant le droit des travailleurs à la négociation collective,” a déclaré le Premier ministre Carney à l’issue de cette session d’urgence de trois heures. “Mon gouvernement reste déterminé à trouver une solution qui serve tous les Canadiens.”
Le préavis de grève survient après six mois de négociations de plus en plus tendues entre le STTP et la direction de Postes Canada concernant les salaires, les réformes des pensions et les préoccupations liées à la sécurité au travail. La présidente du syndicat, Ellen Crawford, a souligné que les travailleurs des postes ont fait face à des salaires stagnants malgré la gestion de volumes records de colis au cours des trois dernières années.
“Nos membres ont maintenu ce pays connecté à travers plusieurs crises, pourtant la direction refuse de reconnaître leurs contributions par une rémunération équitable,” a déclaré Crawford lors d’une conférence de presse à Ottawa. “Nous ne prenons pas les moyens de pression à la légère, mais nous avons épuisé toutes les autres options.”
La ministre du Travail, Patricia Gonzalez, a été chargée de faciliter la reprise des pourparlers entre les parties. Des sources au sein du circuit médiatique canadien indiquent que le gouvernement est réticent à légiférer pour forcer le retour au travail des postiers, préférant plutôt encourager un règlement négocié.
“Le Premier ministre comprend les implications économiques d’une perturbation postale prolongée,” a noté Daniel Westbrook, directeur de l’Institut canadien du travail. “Mais contrairement aux administrations précédentes, il semble vouloir donner une chance à la négociation collective avant d’envisager une intervention législative.”
Le porte-parole de Postes Canada, Martin Chen, a confirmé que des plans d’urgence sont en place pour traiter les chèques de pension et d’aide sociale indépendamment des moyens de pression. Cependant, la livraison régulière du courrier et les services de colis connaîtraient des retards importants à travers le pays.
La menace de grève a déjà envoyé des ondes de choc dans la communauté d’affaires. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante rapporte que 68% des petites entreprises dépendent encore fortement des services postaux pour la facturation, les paiements ou la livraison de produits.
Les analystes financiers qui suivent la politique notent que cela représente un moment crucial pour Carney, qui a fait campagne sur des promesses de stabilité économique tout en respectant les droits des travailleurs. Son approche face à ce conflit pourrait donner le ton aux relations gouvernement-syndicats tout au long de son mandat.
À l’approche de la date limite de grève, de nombreux Canadiens s’interrogent sur les impacts pratiques. Lors des précédents conflits postaux, les services de livraison alternatifs ont connu des augmentations massives de volume, souvent accompagnées de primes de prix substantielles qui affectaient de manière disproportionnée les communautés rurales.
Le cabinet fédéral se réunira à nouveau demain matin alors que le gouvernement évalue ses options dans un contexte de préoccupations économiques croissantes. Avec la direction de la poste et les dirigeants syndicaux apparemment retranchés dans leurs positions, comment Carney équilibrera-t-il les intérêts concurrents des droits du travail et de la stabilité économique dans son premier défi national majeur?