Dans les rues tranquilles d’une petite ville ontarienne, Marc, un avocat de 36 ans, a construit un écosystème financier sophistiqué dont la plupart des professionnels ne font que lire dans les manuels d’investissement. Avec un revenu annuel de 450 000 $, Marc ne fait pas que pratiquer le droit—il orchestre une symphonie corporative conçue pour maximiser l’efficacité fiscale et bâtir une richesse durable.
“J’ai toujours abordé mes finances comme j’aborde un dossier juridique complexe,” explique Marc depuis son bureau au centre-ville. “Il y a des règles et des règlements, mais à l’intérieur de ceux-ci, il existe une marge de manœuvre stratégique.”
La pierre angulaire de la stratégie d’accumulation de richesse de Marc repose sur trois sociétés distinctes qui fonctionnent en harmonie. Sa société professionnelle principale gère sa pratique juridique, tandis que deux sociétés de portefeuille supplémentaires gèrent son portefeuille d’investissement et ses actifs immobiliers. Ce triangle corporatif lui permet de conserver les bénéfices au sein de ces entités, payant des taux d’imposition des sociétés significativement plus bas comparativement aux taux d’impôt sur le revenu personnel qui réclameraient autrement près de la moitié de ses revenus.
Les taux d’imposition des petites entreprises en Ontario se situent à environ 12,2 % sur les premiers 500 000 $ de revenu d’entreprise actif—un contraste frappant avec le taux marginal d’imposition de 53,5 % auquel Marc ferait face sur les revenus supérieurs à 220 000 $ s’ils étaient pris personnellement. Cet arbitrage fiscal crée un avantage puissant, selon Jason Heath, conseiller financier basé à Toronto.
“Les sociétés professionnelles offrent une flexibilité énorme pour les personnes à revenu élevé,” note Heath. “Mais elles nécessitent une planification minutieuse et une compréhension des règles pour maximiser leurs avantages.”
La société d’investissement de Marc abrite environ 1,2 million de dollars en actions versant des dividendes, FPI et FNB. Cette structure lui permet de bénéficier du traitement fiscal des revenus d’investissement au sein d’une société—particulièrement les dividendes canadiens, qui reçoivent un traitement fiscal préférentiel grâce au mécanisme de crédit d’impôt pour dividendes.
La société de portefeuille immobilier complète sa stratégie, gérant actuellement deux propriétés locatives évaluées à 700 000 $ avec des hypothèques totalisant 400 000 $. Cette séparation des actifs offre une protection contre la responsabilité tout en créant une autre avenue pour bâtir des capitaux propres.
Ce qui rend l’approche de Marc particulièrement remarquable est sa discipline en matière de dépenses. Malgré son revenu substantiel, il maintient un style de vie modeste avec des dépenses de vie annuelles d’environ 90 000 $. Cette retenue délibérée lui permet de diriger le capital vers l’accumulation de richesse à long terme plutôt que vers l’inflation du style de vie.
“Beaucoup de mes collègues tombent dans le piège d’augmenter leurs dépenses pour correspondre à leur revenu,” observe Marc. “J’ai trouvé plus de satisfaction à regarder mon portefeuille d’investissement croître qu’à passer à un véhicule de luxe plus récent tous les quelques années.”
Marc n’est pas seul à utiliser des structures corporatives pour bâtir sa richesse. Selon les données de l’Agence du revenu du Canada, le nombre de sociétés privées sous contrôle canadien a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, particulièrement parmi les professionnels comme les médecins, les avocats et les comptables.
Les experts fiscaux préviennent, cependant, que les stratégies d’investissement corporatives ne sont pas sans complexités. Les changements fiscaux de 2018 sur le revenu passif introduits par le gouvernement fédéral ont ajouté des couches de considération pour les propriétaires d’entreprises. Une fois que le revenu d’investissement passif au sein d’une société dépasse 50 000 $ annuellement, la limite de déduction pour petite entreprise commence à diminuer.
“Les avantages fiscaux demeurent substantiels,” explique Janet Rogers, comptable professionnelle agréée. “Mais les règles nécessitent une surveillance régulière et un ajustement de la stratégie. Ce n’est pas une approche à configurer et à oublier.”
Pour les Canadiens qui envisagent des stratégies similaires, les professionnels recommandent de consulter à la fois des spécialistes fiscaux et des conseillers financiers familiers avec les structures corporatives. Les coûts initiaux pour établir et maintenir plusieurs sociétés—généralement de 5 000 $ à 10 000 $ annuellement pour les services comptables et juridiques—peuvent être substantiels mais sont souvent minimes comparés aux économies d’impôt potentielles pour les professionnels à revenu élevé.
Le parcours de Marc représente un cours magistral en discipline financière et en planification fiscale stratégique. En combinant des structures corporatives avec des investissements prudents et des dépenses contrôlées, il est en voie d’atteindre l’indépendance financière bien avant l’âge traditionnel de la retraite—prouvant que dans le domaine de l’accumulation de richesse, parfois les mouvements les plus puissants se produisent non pas dans les salles d’audience, mais dans les salles de conseil et les bilans financiers.